Un tragique féminicide a frappé la commune de Bou Ismail (Tipasa), où un homme aurait assassiné, jeudi 8 mars 2024, à coup de machette une femme à son domicile, sis dans la cité Boumaza, a rapporté, hier, le collectif Féminicides Algérie.
L’auteur présumé des faits se serait introduit dans le domicile de la victime dans l’intention de commettre un vol, avant de lui asséner des coups mortels, a ajouté la même source.
L’auteur présumé du crime aurait été arrêté par les services de la police. La victime, Dj. N., 47 ans, occupait le poste de directrice d’une ferme expérimentale de pisciculture marine rattachée au Centre national de recherche et du développement de la pêche et de l’aquaculture, l’unique institution de recherche en Algérie spécialisée dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture.
L’information liée au décès tragique de la directrice de la ferme expérimentale de pisciculture marine de Bou Ismail a été confirmée par le Centre national de recherche et du développement de la pêche et de l’aquaculture, sans parler des circonstances du drame.
A son tour, le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Ahmed Badani, a présenté, via les réseaux sociaux, ses condoléances à la famille de la défunte. Il s’agit du 8e féminicide recensé par le collectif Féminicides Algérie depuis le début de janvier 2024.
Au moins 261 femmes ont été victimes de féminicide en Algérie depuis 2019, dont la moitié était des mères de famille et 16 étaient enceintes au moment de leur assassinat, selon un rapport présenté récemment par le collectif Féminicides Algérie.
Depuis «le 1er janvier 2023, 33 femmes ont été tuées, et entre 2019 et 2022, 228 femmes ont été assassinées», avait indiqué, en novembre dernier, WiameAwras, membre du collectif Féminicides Algérie, en présentant ce rapport non exhaustif, basé principalement sur des cas évoqués par la presse locale. De 2019 à 2022, un groupe de femmes a analysé les féminicides en Algérie, recensés dans ce rapport qui conclut qu'«au moins une femme est assassinée» chaque semaine.
La plupart des victimes ont été poignardées, égorgées ou tuées par arme à feu, selon l’étude qui mentionne des cas de femmes brûlées vives. «Leur point commun est d’être ciblées parce que femmes», dans un pays où règne le patriarcat et où la société reste très conservatrice, avait estimé WiameAwras, dont le collectif a eu des contacts directs avec certaines familles.
Les raisons invoquées par les meurtriers étaient notamment la jalousie, de «supposés crimes d’honneur» et des troubles mentaux. «Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime», avait exliqué WiameAwras, en précisant que dans 61% des cas, il s’agit du conjoint, dont certains sont des «policiers ou militaires qui ont assassiné leurs épouses à l'aide de leur arme de service». Le rapport a également dénombré de nombreux jeunes ayant tué leurs mères.
Le collectif a dénoncé aussi des lacunes dans le système judiciaire algérien, estimant qu’il ne protège pas suffisamment les femmes contre ce type de violence et sanctionne trop légèrement certains auteurs de féminicides.
En quatre ans, 13 condamnations à mort ont été prononcées en Algérie, toutes commuées en réclusion à perpétuité, en vertu d’un moratoire sur la peine de mort dans le pays en vigueur depuis 1993.