L’artiste peintre de la nature, Eugène Deshayes est né à l’hôpital Mustapha Bacha (Alger) le 12 juillet 1862. Décédé, le dimanche 26 novembre 1939, a été enterré comme il l’avait souhaité, au cimetière chrétien de Tipasa.
La tombe creusée et érigée entre deux palmiers nains. Les véritables débuts d’Eugène Deshayes en qualité d’artiste peintre, commencent en 1890 à Alger, dès son retour de Paris.
Durant son séjour en France, il visite les musées et fréquente les espaces culturels. Selon les témoignages de ses proches, il était habile, méticuleux et irréprochable dans son travail. Le chevalet est toujours placé devant sa fenêtre. Il aime peindre jusqu’au dernier rayon de soleil. Ses expositions sont très suivies.
Ses vernissages sont des évènements attendus. Il vivait pleinement son présent, à sa manière. Il participait à la protection de la culture, la nature. C’était un écologiste à son époque. La production de ses merveilleuses toiles sous différentes dimensions demeure la meilleure illustration. Sa curiosité ne s’est jamais arrêtée. Il ne se lasse pas de ses déplacements, de ses aventures pour aller à la découverte des paysages naturels, susciter et offrir les plaisirs. Avec « ses compagnons », son chevalet, ses crayons, ses pinceaux et autres outils, Eugène Deshayes avait choisi un mode de vie, de bonne qualité, en faisant connaître ce florilège qui caractérise les richesses du paysage naturel, non seulement de son pays, l’Algérie, mais de tout le térritoire nord du continent africain. Le peintre Eugène Deshayes aimait exposer ses œuvres volontiers chez les marchands à Alger et à Paris.
L’ex. élève de l’école nationale des beaux-arts d’Alger flânait. Son regard se fixait dans les petits détails. Eugène Deshayes utilisait aussi une barque de pêcheur. Il aimait flotter sur la mer et les fleuves dans il partait à Paris. Ces « fugues » l’inspiraient et rendaient fertiles ses créations. Chaque année, il partait à Paris pour exposer ses œuvres. Il aimait discuter et échanger avec les gens. Le peintre Eugène Deshayes travaillait sans relâche.
D’ailleurs, quand il quitte son pays l’Algérie, il part séjourner en Normandie, berceau de ses ancêtres, en Île de France, dans les Alpes, en Savoie. Il saisit l’opportunité de ses passages pour peindre les pâturages, les beaux arbres, les montagnes, les fermes, les maisons fleuries, les chaumières, les chemins sous bois.
L’artiste signe de véritables petits chefs- d’œuvres. Son projet de se rendre en Egypte ne se réalise pas. De 1902 à 1925, Eugène Deshayes rythme ses quotidiens par de multiples voyages qui lui permettent de faire des recherches et des découvertes. Il sillonne tout le sud algérien, les hauts plateaux, les montagnes, l’oranie, le constantinois, l’Aurès, la kabylie, avant de s’en aller en Tunisie et au Maroc.
La récolte de ses longs périples aura été abondante, unique et précieuse selon les observateurs. Toute la presse, revues et journaux, critiques et poètes parlent du talent et des œuvres de l’artiste Eugène Deshayes. Il participe régulièrement, en dépit des difficultés rencontrées, aux expositions d’Alger, de Paris, de Tunis, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Espagne et de l’Amérique. Eugène Deshayes, peintre de la nature, un peintre algérien et méditerranéen par excellence demeure fièdèle à sa terre, l’Algérie.
Il s’enivre de la beauté de la nature. Il ne cache pas son côté poète amoureux de la lumière et de la couleur. Très à l’aise avec la souplesse de son pinceau, il a le génie des couleurs. Eugène Deshayes n’était pas avare de ses œuvres. Il offrait de remarquables œuvres pour le seul plaisir de donner et susciter le bonheur de ses admirateurs. En 1912, l’exposition de Tunis lui attribue la médaille d’or.
Sa participation à l’exposition internationale de Paris en 1937 lui a permis de glaner une autre médaille d’or. Eugène Deshayes profitait de sa notoriété internationale pour exprimer ce qu’il pense, rudement quelque fois, sans artifice, il ne sait pas déguiser son opinion et ses sentiments. L’artiste aimait l’harmonie, car l’incohérence, le déséquilibre le déroutent et l’exaspèrent. Eugène Deshayes concentré dans son labeur, aimait travailler en écoutant la musique. Il appréciait le bon plat et très curieux pour connaître les secrets de la recette et de la préparation des plats. Il aimait aussi la mer depuis l’aube jusqu’au crépuscule. La préférée Tipasa à laquelle, durant des années, il demeure fidèle.
La jetée, les îlots roses, les petites baies, le bloc en équilibre à l’entrée du port, la masse familière du Mont Chenoua. Le Parc archéologique des Trémeaux et sa végétation faisaient partie des décors préférés de l’artiste peintre. Eugènes Deshayes peint d’autres toiles si sensibles et si délicates, quand son regard se fixe sur place aux bellombras géants (arbres, ndlr), le port de Cherchell, son phare, sa jetée, sa plage jaunâtre, ses embarcations, ses îlots, ses mouettes.
La fontaine romaine aux masques impassibles aura été admirée. L’artiste peintre Eugène Deshayes face à son chevalet immortalise tous ces paysages, cette nature. En 1932, lors d’une séjour estival à Cherchell, Eugène Deshayes ressent les premières douleurs de son mal. Malgré son transfert vers le service de chirurgie, Deshayes sous le poids de la vieillesse ne se plaignait pas, malgré la présence de ce drain de 20 centimètres enfoncé dans son corps à hauteur de ses reins. Il était entouré par son épouse. Eugène Deshayes passe ses dernières vacances dans sa villa à Bouzaréah (Alger), un nid discret au milieu des fleurs. La nouvelle de la dégradation de sa santé se répand. Ses proches, ses amis, ses admirateurs convergent de plus en plus nombreux pour échanger l’ultime regard avec l’artiste. Il s’éteint en ce vendredi 24 novembre 1939. Le vœu du poète, de l’artiste peintre, sera exaucé. Il est accompagné jusqu’à sa dernière demeure, le cimetière de Tipasa.
A présent, les opérateurs de l’activité touristique peuvent proposer à leurs clients un recueillement devant la tombe de cet artiste peintre au riche passé, Eugène Deshayes, enterré à Tipasa, à l’instar de l’académicienne et moudjahida Assia Djebar, également enterrée le 13 février 2015 à Cherchell.
Une rétrospective sur leur passé artistique et littéraire mérite d’être expliquée aux générations futures, aux touristes. Les pays voisins n’auraient pas raté l’occasion pour vulgariser et perpétuer cette richesse culturelle.