La wilaya de Tipasa compte deux caravansérails sur son territoire, à Cherchell et à Koléa. Il s’agit de deux infrastructures construites au XVIe siècle par les Ottomans.
Dans son ouvrage édité à la bibliothèque arabe Sindbad, en 1985 à Paris (France), ayant pour titre, Grandes villes arabes à l’époque ottomane, l’auteur André Raymond (1925-2011), historien français spécialiste des villes arabes et de l’Empire ottoman, évoque et décrit les cinq caravansérails implantés à Annaba, Koléa, Boufarik, Cherchell et Oran, en plus des foundouks ; une appellation attribuée aux entrepôts et hôtels érigés à Tlemcen, Sétif et Constantine.
C’était un lieu d’échange pour les commerçants et les voyageurs, un lieu de vente et d’achat des marchandises, de troc, de rencontres et d’échange d’informations sur l’actualité et les événements entre les commerçants issus des différentes régions du monde. Un espace de convivialité.
Une destination pour se reposer. Le caravansérail, pourvu des abreuvoirs et des commodités, signifie marquer une halte incontournable pour les voyageurs et les commerçants, y compris pour les chevaux. Les commerçants se reposent, réparent leurs moyens de transport, s’approvisionnent, bénéficient des soins, autant d’actions à entreprendre avant de reprendre la route et poursuivre le voyage. Hélas, des caravansérails découverts par les jeunes universitaires du mouvement associatif local, considérés comme étant l’un des monuments culturels et historiques importants de l’ère ottomane, sont à présent totalement méprisés et agressés violemment.
C’est dans ce cadre que l’association culturelle Le Fort de Cherchell mène ses démarches depuis des années pour que le caravansérail situé au bord de la RN 11, à l’entrée Est de l’ex-Césarée, à quelques dizaines de mètres du siège de la daïra, soit classé et protégé, conformément aux textes de loi relative à la protection des sites et monuments culturels. Les plans architecturaux de ce monument culturel existent.
La direction de la culture de la wilaya de Tipasa avait été saisie par écrit le 23 janvier 2020, en dépit des multiples relances des membres de cette association culturelle, l’administration n’a pas daigné donner suite à leurs courriers. Les élus et autorités locales de Cherchell font la sourde oreille. Ils ne se sentent pas concernés, par ignorance, par le classement de ce monument.
Un autre atout pour le tourisme si…. Plus grave encore, ces gestionnaires locaux des affaires publiques ont projeté de construire le futur siège de l’APC sur le site. A l’aube de la célébration du mois du mois du patrimoine (18 avril-18 mai), le ministère de la Culture et des Arts ferait mieux de se pencher sur le cas de ces caravansérails qui sont les témoins du passé de la wilaya de Tipasa.
Des monuments qui ne font qu’enrichir l’Histoire et la connaissance du passé de notre pays en général et de nos villes en particulier.