Enfant de Tiaret, ville dans laquelle il a grandi, étudié et vécu épisodiquement, Farid Benramdane, professeur des universités, directeur de recherche associé au Crasc et non moins président de la Société algérienne savante d’onomastique, a été l’hôte de l’association Es Salam El Akhdar pour un café-débat qui n’a laissé personne indifférent.
Et pour cause, le thème, on ne peut d’actualité, traite de Tiaret, ville qui charrie, à l’instar de toutes nos régions, un tas de questionnements sur son passé, plus que millénaire.
D’où d’ailleurs cette problématique soulevée et décortiquée par le docteur Farid Benramdane, l’espace d’une rencontre dans la salle de la Maison de l’environnement, mardi passé.
Partant du «constat, amer, fait ces derniers temps, sur les insultes et des injures à base régionaliste, ethnique, religieuse et linguistique, racisme et de l’incitation au séparatisme géographique n’ayant épargné aucune région du pays ni aucun usager de langues qu’ils soient amazighophones, arabophones ou francophones», il dira ainsi : «Que n’a-t-on pas évoqué comme attributs passant de l’islamiste au chrétien, juif, athée, communiste non sans les lier aux courants en vogue comme novembriste, badissiste, hizb frança, autonomiste, fourchita, zéro kabyle, zouave, sioniste» pour vilipender et indexer l’autre.
Le conférencier, après une étude appuyée par un sondage en revient avec force détails sur certains concepts liés à l’unité territoriale, son intégrité, et la cohésion sociale qui renvoient à la notion de territoire.
Le processus croissant d’acculturation, voire de négation de l’autre, a amené notre sérénissime docteur à s’engouffrer dans les noms de lieux (toponymie), tribu (ethnonymes ou ethniques).
Une recherche multidimensionnelle qui le fera décortiquer certains lieux (topos) et noms (nymie), de l’onomastique pour dire la richesse et la diversité de cette nation qui remonte bien loin dans le temps, loin des clichés réducteurs que certains cercles voudraient asseoir.
Développant donc cette problématique de «Tiaret, histoire et peuplement à travers ses noms de lieux et tribus, de l’Antiquité au Moyen-Âge», le docteur Benramdane, qui avait dirigé des travaux sur la toponymie, a expliqué l’évolution de ces données pour dire, en le cas d’espèce, ce que Tiaret, qui se décline aussi sous d’autres noms, a été et le pourquoi de tous ces noms «Tingartia, Tahert, Tihert, Tiare».
«La norme des noms géographiques est un enjeu de sécurité nationale», a ajouté encore le docteur Farid Benramdane dans une déclaration à El Watan.
Il est vrai que depuis une trentaine d’années, de plus en plus de travaux de recherches ont été axés sur cette problématique du moment que cette sécurité identitaire est sous-tendue par l’attachement des Algériens à la terre par rapport à d’autres qui la fondent par la filiation au sang.
«Rapport de l’Algérien au sol, le territoire qui fait d’ailleurs partie des trois paradigmes qui font un pays. Les deux autres restent le temps et le peuplement».