L’un des derniers membres de la célèbre troupe musicale Safir Ettarab, Hadj Mustapha Abdeslam, vient de tirer sa révérence à l’âge de 84 ans.
Il est décédé mercredi dernier à Tiaret où il vivait avec sa famille, cité Mohamed Djehlène, du nom d’un des trois martyrs assassinés et pendus au pied du bicentenaire platane à la place des martyrs (ex-Place Carnot).
Il traînait une infirmité sans se départir de son sourire légendaire et ses boutades. Mustapha, jeune Tiarétien, âgé alors à peine de 14 ans, aimait la musique et intégra tout bonnement la troupe Safir Ettarab de feu Ali Maachi en étant celui qui excellait dans la derbouka puis la batterie dans cet orchestre nationaliste qui prit sous la direction du chantre de la musique algérienne, Ali Maachi, une dimension nationale avec ses «Anghams El Djazair» entre autres et devenir celui qui tenait le rythme après le retrait de Hamani Djazri, saxophoniste et Turki Abdelkader (ces deux derniers sont encore vivants et les survivants d’une belle épopée). «Discipliné, Mustapha avait continué en enregistrant deux microsillons et composait un texte en hommage au sacrifice de Ali Maachi assassiné par la horde colonialiste un certain 8 Juin 1958», dira un autre membre de cette troupe, notre ami le docteur Amar Belkhodja. Texte repris en chanson par la non moins célèbre troupe ou Trio «El Hidhab» de Sougueur.
En parallèle à cette activité culturelle très intense à l’aube de la révolution, Mustapha tenait un salon de coiffure, devenu par la force du temps un endroit rêvé pour l’échange de nouvelles et un lieu de rendez-vous à des hommes épris par cette montée du nationalisme.
Le regretté Mustapha affûta ses armes musicales auprès de Mekki Benaouda qui, lui-même puisait ses inspirations des troupes Erachidia, de celle des SMA et de la Lyre en compagnie des Hadj Mohamed Meghraoui, Saadoune, Djaafri, Hechaichi, Benblidia, Amar Belkhodja et aussi et surtout de Mohamed Taibi.
Policier pour quelques mois, Mustapha Abdeslam revenait à sa première passion, la coiffure sans quitter la scène musicale. Je me souviens comme si cela datait d’hier de cette entrée sur scène, l’espace d’un mariage à la rue Clauzel pour le voir entonner une très belle mélodie devant un public composite charmé. Il devait être inhumé hier mercredi au cimetière de la ville.
En cette douloureuse circonstance, El Watan s’associe à la douleur des siens pour présenter ses sincères condoléances à sa famille dont ses deux fils, docteur Abdelkader Abdeslam et Samir. Paix à sa belle âme.