«The Captain» du réalisateur Houssem Sansa : Un documentaire pour exsuder les musiques de la Tunisie

15/10/2024 mis à jour: 00:05
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Le réalisateur tunisien Houssem Sansa primé lors du dernier Festival international du film arabe d’Oran

Mention spéciale du jury lors de la dernière édition du Festival international du film arabe d’Oran, le film-documentaire The Captain, du cinéaste tunisien Houssem Sansa, a fait mouche auprès des spectateurs de la cinémathèque d’Oran tant il les a plongés dans le fin fond du Sahara tunisien, plus précisément à Gabès. 

 

Dans cette petite ville du Sud habite Nadia, une musicienne de 55 ans, qui se démène avec l’administration locale en vue d’obtenir quelques subventions, grâce auxquelles elle pourra s’offrir du «matos» de qualité, et de surcroît de première main, et s’épanouir alors, pleinement, dans ses activités artistiques. 

Avec sa troupe, Nadia est souvent sollicitée à l’occasion de fêtes matrimoniales ou de soirées institutionnelles pour qu’elle aille chauffer l’ambiance en «poussant la chansonnette». Sauf que le matériel de musique dont elle se sert, du fait de ne pas lui appartenir (elle le loue à des particuliers très à cheval sur les procédures), Nadia veut s’en affranchir en acquérant ses propres instruments de sonorisation. Houssem Sansa, le réalisateur, lui aussi natif du Sud tunisien, la suit ainsi dans son quotidien, la faisant parler à discrétion ou la filmant chez elle, en compagnie de son fils, recevant ses amies pour des après-midis tout en musique, ou échanger, par vidéo, avec sa fille aînée, installée à l’étranger. 

L’un des temps forts du documentaire est certainement lorsque la caméra se braque sur la mère de Nadia, et que s’ensuivent des scènes touchantes, celles de l’amour d’une fille pour sa mère, elle aussi, en son temps, artiste. Pour le reste, lorsque Nadia va faire la tournée des directions et des ministères, ceux de la solidarité, de la culture et de la femme, – et d’en revenir à chaque fois bredouille –, le réalisateur installe, subrepticement, le décor de Gabès, cette ville du Sud tunisien que le commun des touristes, algériens ou d’ailleurs, familiers de la destination Tunisie, ne connaissent que très peu. 

Le fait qu’elle soit «douchée» par la langue de bois de l’administration locale, à sans cesse lui faire des promesses évasives ne décourage en rien Nadia, cette femme aux nerfs d’acier, qui en a vu d’autres et qui parvient sans peine à remonter le moral des musiciennes de son groupe, agissant sur elles comme une cheftaine qui ne flanche jamais, d’où d’ailleurs le titre du documentaire. On voit aussi, à travers les images de The captain que Nadia est une femme emplie d’humanité, qui a la musique dans le sang et qui sait prendre les péripéties de la vie avec philosophie, en relativisant à chaque fois.

 D’ailleurs, ce qui prédomine, bien que les galères et coups bas soient omniprésents, c’est bien la joie de vivre chez cette femme, son sens de la fête et son incroyable générosité. Sous un certain angle, elle peut même nous faire penser à notre Hasna El Becharia (bien que les deux parcours soient très différents l’un de l’autre). Rappelons que Houssem Sansa, qui a à son actif deux courts-métrages et un film-documentaire, a étudié le cinéma à Tunis.  
 

Oran
De notre bureau  Akram El Kébir

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