Une agression terrifiante a eu lieu à Bab Ezzouar, dans la banlieue d’Alger : une équipe de pharmaciens a été violemment agressée par quatre individus armés d’épées et de gourdins.
Les images de la caméra de surveillance, largement diffusées sur Facebook, montrent la brutalité de l’attaque, causant de graves blessures aux employés de la pharmacie qui ont été hospitalisés. Le Dr Kamel Tabti, propriétaire de la pharmacie, témoigne aux médias : «Nous avons été victimes d’une tentative de meurtre.» Selon lui, les assaillants, appartenant à une même famille, se sont présentés vers 14h sous prétexte de se faire servir une ordonnance. «Nous leur avons expliqué que certains médicaments manquaient, ce qui a déclenché leur colère», relate-t-il.
Après une première altercation, les individus ont été expulsés de la pharmacie. Trois heures plus tard, les mêmes agresseurs sont revenus armés d’épées, décidés à en découdre. «Ils ont attaqué mon équipe avec une violence inouïe. Cinq de mes employés ont été blessés et certains sont encore à l’hôpital», déplore le Dr Tabti, qui décrit l’attaque comme un acte de «barbarie».
Le bureau d’Alger du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) a exprimé son indignation face à la violente agression subie par la pharmacie de M. Tabti. Le syndicat a précisé que ces individus, probablement sous l’emprise de produits psychotropes, se sont attaqués à l’équipe officinale, causant une blessure très grave à l’un des employés. En exprimant sa solidarité avec le propriétaire de l’officine, le Snapo a souligné que l’attaque a été menée sous les yeux de la fille de M. Tabti.
«Cette lâche attaque à l’arme blanche (épée) s’est déroulée devant la fille de notre confrère. Nous exprimons, en tant que syndicat, notre solidarité totale à M. Tabti et restons à ses côtés pour le soutenir moralement et confraternellement», a ajouté le syndicat. Le bureau d’Alger du Snapo se réserve le droit d’entreprendre toute démarche nécessaire en soutien au Dr Tabti.
Les pharmaciens d'officine sont, selon le syndicat, depuis quelques années la cible de délinquants consommateurs et trafiquants de drogue et de produits psychotropes. Malheureusement, le nombre d’agressions ayant conduit à des décès et des traumatismes indélébiles ne cesse d’augmenter, indique leur communiqué de presse.
Pour le Snapo, malgré l’arsenal juridique et réglementaire visant à protéger le pharmacien d’officine dans son exercice quotidien, la sécurité du pharmacien, de son équipe et de l’espace de santé reste une question cruciale. «Si les hautes autorités du pays ont légiféré pour protéger les professionnels de santé, le maillon faible reste le pharmacien», déplore le syndicat.
Le Dr Mehdi Bouchene, représentant du Snapo, exprime, dans une vidéo, son soutien à Kamel Tabti et son équipe : «Nous demandons au ministère de tutelle de prendre des mesures rigoureuses contre les agresseurs. Heureusement, il n’y a pas eu de mort, mais il est crucial que les autorités protègent les pharmacies.» Le Dr Bouchene rappelle que ce n’est pas la première agression de ce type et souligne la nécessité de protéger les pharmacies pendant les heures de travail et pendant les gardes de nuit.
En Algérie, plus de 12 000 pharmacies opèrent dans des conditions de sécurité précaires. Les agressions, souvent motivées par la recherche de psychotropes, se multiplient. «Cet incident grave porte atteinte à toute la profession. Les pharmaciens subissent des agressions quotidiennes, allant des insultes verbales aux attaques physiques armées», dénonce le Snapo. Le syndicat appelle à des mesures concrètes et urgentes pour garantir la sécurité des pharmaciens.
Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) a également réagi, condamnant une «attaque sauvage perpétrée en plein jour par des individus armés d’épées».
Le CNOP a souligné qu'«une action commune CNOP-Snapo s’avère indispensable pour dénoncer le vécu quotidien des pharmaciens qui assurent un service de santé publique, l’attaque des officines a atteint son paroxysme, nous ne tolérons plus être des proies privilégiées de ces sauvageons, si le terme le permet, et il est du droit des pharmaciens de bénéficier d’un arsenal juridique et réglementaire qui les protège dans leur exercice». Le CNOP a appelé à prononcer «des sanctions sévères à l’égard de ces individus irrespectueux envers les citoyens». La sûreté de wilaya d’Alger a annoncé, hier, l'arrestation des présumés agresseurs.
Il s’agit de quatre membres d’une même famille, dont deux récidivistes. Selon cette même source, les agresseurs ont utilisé des armes blanches pour s’emparer de psychotropes.