«La mode est une forme de laideur si intolérable qu’il faut en changer tous les six mois», disait Oscar Wilde. Cette sentence, Sami Medafer Mohamed, fera sienne. En initiant une tendance artistique, textile, en faisant ni dans la demie, petite et grande mesure, mais dans le sur-mesure et en sortant sa griffe algérienne-de renommée internationale- non pas pour maille à partir mais pour tisser des liens avec les gens, la bonne maille.
Un art tailleur qui s’est popularisé et devenu accessible à tout le monde
L’aphorisme, l’angliscisme, «my taillor is rich» (mon tailleur est riche), on l’applique à Sami Medafer Mohamed, «riche» en idées neuves et novatrices, plutôt. Très tendance, en Algérie. Celle du sur-mesure. Sami Medafer Mohamed incarne bel et bien ce «trending» (tendance). Il est sec, élégant et ce qu’il arbore et porté telle une seconde peau, tant a-t-il l’œil design, un compas dans les yeux et une précision au cordeau. Et pour cause. Et ne pas fait dans la demi-mesure.
Mais du sur-mesure. La pleine mesure de son tour de main, sa dextérité textile. Car il scanne, coupe, découpe et configure pour adhérer à la morphologie du client l’ayant sollicité. Un look, un relookage personnalisé. Et satisfaction garantie ! Pour avoir une idée sur Sami Medafer Mohamed ? C’est le créateur du label Mayfer s’inspirant de la consonance Medafer signifiant : noble, glorieux ou bien le tressage.
Et en faisant référence, homonyme, à une capitale de la mode, Londres (Royaume-Uni) et en particulier au quartier huppé de Mayfair. «Pour moi, Mayfair, c’est La Mecque du prêt-à-porter, du sur-mesure…» Donc, une contraction de la noblesse de son nom de famille et du quartier londonien très «fair». Et cela a donné le label Mayfer. Un nom d’artiste, artisan et d’art majeur. Sami Medafer Mohamed, par exemple, est celui qui a habillé la rédaction de Téléfoot sur TF1, notamment le journaliste vedette sportif Frédéric Calenge. Et contrairement à ce qu’on croit, il est rentré en Algérie, pour servir son pays en s’investissant totalement.
Nouvelle ligne…de démarcation
A propos de cette nouvelle tendance du sur-mesure Sami Medafer Mohamed indiquera : «Il y a de moins en moins de tailleurs. Il n’y a plus de matières premières pour faire face à ce genre de demande. Il n’y a plus un large choix de tissus. Ni les doublures qu’il faut. Et le savoir ne s’est pas perpétué. Aujourd’hui, avec l’outil du sur-mesure, nous en avons un, un outil complet. C’est-à-dire, le client arrive, et nous dit : «J’ai vu une star, un artiste, portant un costume ou une tenue. Il suffit de nous ramener juste la photo. Le sur-mesure s’adapte à tout le monde. Il y a des gens qui veulent être unique dans leur façon de s’habiller, ils ne voudraient pas qu’un ami ou un collaborateur porte la même chose que lui. Il voudrait avoir une identité propre à lui…Aujourd’hui, le sur-mesure s’est popularisé.
Aujourd’hui, comme des grandes marques comme Boss, Armani, Givenchy, ont habillé tout le monde, en terme commercial. Actuellement, je n’ai rien inventé de tout cela. C’est la demande qui le veut. Les avant-gardistes ont été les Anglais, un peu les Belges…Et c’est rentré en force, aujourd’hui, en France. Aujourd’hui, les gens veulent se différencier, veulent entrer dans des niches rares, veulent se démarquer en arborant autre chose.
Donc, les clients se sont tournés vers cette dimension-là, le sur-mesure. Parce que le prix d’un costume sur-mesure», sachant qu’on fabrique une pièce unique, un patronage unique personnel, qui figurera dans un fichier informatique selon sa taille, ses mesures ; ce n’est pas de l’industriel, c’est encore une fois une pièce unique. On vend un produit qui est au même prix parfois moins cher que le prêt- à-porter, haut de gamme. Sachant qu’on ramène quelque chose qui est beaucoup plus cher à la base. Mais qui s’est popularisé et devenu accessible à tout le monde. Peut importe la morphologie du client. Mayfer s’adapte en prenant ses mesures à corps, au niveau de la veste, le pantalon ou de la chemise, en choisissant son tissu, d’abord. Dans le haut de gamme ou moyen de gamme. ».
«On aimerait bien contribuer à l’image de notre pays...»
«Par exemple, Loro Piana, c’est un tissu de marque de luxe sur le marché mondial. On a automatiquement la griffe qui va avec le tissu tout en choisissant la doublure, les boutons, la feutrine qui est derrière le col, le genre de poches, italiennes, cavalières, de fentes, de pantalon…Tout cela informatiquement. Nous, nous nous adaptons au client. Et au final, quand le client reçoit son costume, à part la griffe Loro Piana, qu’il aura sur son vêtement. C’est-à-dire qu’il aura un costume sur mesure de la maison Loro Piana, une pièce unique faite à l’étranger, selon les normes européennes. Sans que le client se déplace, dépense des euros, il paie en dinars. Et la livraison se fera en quatre semaines…
En Europe, le sur-mesure s’est popularisé. Beaucoup de gens veulent avoir des chemises sur mesure pour avoir leurs initiales, des costumes personnalisés avec leurs noms ou une date de mariage…
En Algérie, les gens sont agréablement surpris par l’outil que nous avons ici. Ils s’intéressent aujourd’hui au sur-mesure. Si on compare le prix du sur-mesure avec les marques Boss, Canali ou Zenia, on est moins cher. Mayfer se distingue à travers une particularité. Le département dit «sur-mesure.» Un outil complet. «Nous avons ramené, aujourd’hui, un outil très accessible, concurrent au prêt-à-porter haut de gamme et à un prix très abordable…On aimerait bien contribuer à l’image de notre pays... J’essaie de transmettre tout ce savoir que j’ai acquis de l’autre côté de la Méditerranée à mes collaborateurs, aux jeunes que je forme, ici, à Alger…»
Total look
Sami Medafer Mohamed, cette star qui brille au 48, rue Ali Khodja, à El Biar, a un assistant, Krimou, qui personnalise avec lui le look des clients. Krimou parle aussi avec pédagogie en nous présentant, avec un œil averti, tout un échantillon, un éventail de tissus nouveaux ceux de l’année 2022 : «Voici l’Oro Piana, c’est la ‘ ‘Royce Royce’ des tissus. Voilà du tissu 100% Cashemire, imperméable, contre la poussière, les taches et les saletés, avec une membrane ‘bio’, coupe-vent. Un tissu waterproof, gardant la chaleur, vous n’avez pas besoin de porter un manteau et très élégant et hyper léger…»
Et le label Myfer est aussi sur du «non iron», sans repassage…Le tout fabriqué au bout de quatre semaines. L’avantage du sur-mesure, s’ajustant comme un gant à la morphologie, c’est que le client peut personnaliser son vêtement. Qu’il s’agisse de la chemise, du costume, la doublure, les boutons et les autres détails de style. Par exemple, avec ses initiales qui sont déjà incluses dans le «complet» ou bien les apposer au col de la chemise ou celui de la veste. Un art tailleur consommé de l’exclusivité du vêtement.
Configuré et personnalisé. Sami Medafer Mohamed ne surfe pas sur la tendance mais il prend la vague, la domestique en algérianisant le sur-mesure, une pleine mesure. Se «dé-marquer» !