En coopération avec l’association Nejmet Sidi Ben Adda, la maison de la culture a organisé deux journées régionales en faveur de la promotion de la musique andalouse à Témouchent, pays où le raï, le raï moderne s’entend, règne en maître des lieux depuis des lustres.
Ce genre, balayant tous les autres sur son passage, a détrôné le Asri jusqu’à le faire oublier, lui qui était une solide tradition locale et dont l’une des figures les plus emblématiques depuis les années 1950, Chikh Attar Tayeb, est décédé en 2007 à l’âge de 78 ans. Cela justifie-t-il la rétivité de Témouchent à l’Andalou alors que ce genre est présent dans les trois grands centres urbains qui l’entourent dans son voisinage immédiat : Oran, Sidi Bel Abbès et Tlemcen ?
Messaoud Bellemou, le père du raï moderne, ne croit pas à cette fatalité. Il est venu assister à l’évènement, illustrant son adhésion en faveur de la greffe espérée. Sa présence a été saluée par Benghebrit Toufik, auteur compositeur, chanteur se produisant sur les scènes nationales et à l’étranger, président de la centenaire et fameuse société littéraire, artistique et musicale (SLAM) de Tlemcen. Moughlem Mustapha, chef d’orchestre sous la direction duquel l’orchestre de jeunes de SLAM est placé, n’a lui aussi pas manqué d’exprimer son plaisir de rencontrer Bellemou.
Réunissant quatre orchestres de préadolescents et d’adolescents, la manifestation est une nouvelle tentative pour que cette musique puisse enfin prendre en ciblant les nouvelles générations de Témouchentois, les préadolescents et les adolescents. Elle est d’ailleurs dédiée en hommage à Abdallah Ghorbal, compositeur et chef d’orchestre, qui depuis les années 1990, milite, la baguette à la main, pour cet objectif.
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Il y a en effet des chances puisque l’action n’est plus menée sous les seuls auspices de l’administration mais des deux partenaires relevant du secteur de la Culture. C’est l’association culturelle de l’ex- Trois Marabouts qui l’a engagé depuis deux années pour former les tout jeunes du village avec des résultats assez prometteurs.
Puis, c’est la maison de la Culture qui s’est impliquée en organisant cette première rencontre de musique andalouse afin de favoriser les échanges et hisser les apprenants musiciens-chanteurs du vase clos dans lequel ils évoluent.
De la sorte, grâce au contact avec leurs pairs, ils peuvent s’évaluer et jauger des efforts à réaliser. Pour ce qui est du programme des deux journées, l’ouverture comme la clôture de la manifestation a été assurée par l’orchestre Nejmet Sidi Ben Adda. Au premier jour, elle a été suivie par Wassah el andalous de Mostaganem puis par l’association Chikh Larbi Bensari de Sidi Bel Abbès, la formation la plus aguerrie des trois.
Elle a élevé le niveau en exécutant avec brio des inqilabat mawal, insarafat maya, insirafat dil, khlassat maya et terminé avec qsidat al-Fiyachiya qui a soulevé l’enthousiasme quoique son pieu propos met en exergue la précarité de l’humble condition humaine en comparaison de l’omnipotence divine.
En effet, interprétée sur un air festif et un rythme entrainant, elle a fait fuser les you-you et incité le public à la danse. Le lendemain, une des formations a fait faux bon au rendez-vous pris. Slam a ainsi occupé la scène pour un grand moment de plaisir du public.
Contrairement aux autres formations qui jouent et chantent uniquement en chœur, leurs encadreurs estimant, selon une règle établie, qu’il s’agit d’élèves encore en apprentissage, Slam qui a interprété deux morceaux nouba dans le style sika et un Medh de Abdelkrim Dali, a permis à de jeunes solistes de s’illustrer.
Moughlem Mustapha a estimé utile de faire une entorse à la règle du fait de la nature du public présent, constitué de jeunes et de leurs familles, une façon de progressivement d’apprendre à ses protégés à affronter le public en solitaire.
Il s’est même permis le luxe de céder sa place dans l’orchestre au plus expérimenté de ses élèves, n’oubliant pas cependant de rester dans son champs de vision et, de temps à autres, de lui souffler discrètement des indications par des signes convenus. Au final, les premières journées de musique andalouse ont vécu, vivement les prochaines sans cependant attendre obligatoirement le passage du cycle d’une année.