Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est rendu hier à Tunis, où il a pris part à la première réunion consultative regroupant les dirigeants de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye. «A l’invitation de son frère le président de la République tunisienne, pays frère, Kaïs Saïed, le président de la République,
Abdelmadjid Tebboune se rend aujourd’hui (hier, ndlr) en Tunisie, pour participer à la première réunion consultative regroupant les dirigeants de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye», a indiqué la présidence de la République dans un communiqué. «Nos cœurs sont toujours avec le peuple tunisien et avec mon frère Saïed. La Tunisie ne tombera jamais et restera toujours debout», a déclaré le président Tebboune à son arrivée à Tunis, où il a été accueilli par son homologue Kaïs Saïed à l’aéroport international de Carthage. Le chef de l’Etat a réaffirmé le soutien constant de l’Algérie à la Tunisie.
Le président Kaïs Saïed a salué, pour sa part, l’aide et le soutien de l’Algérie à son pays. «Puisse Allah protéger la Tunisie et l’Algérie», a-t-il souhaité. Le président Tebboune a été invité par son homologue tunisien à la première réunion tripartite entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye.
Cette réunion a été annoncée lors d’un mini-sommet entre les trois chefs d’Etat, tenu début mars à Alger, en marge du 7e Forum des pays exportateurs de gaz (GECF). Les trois dirigeants maghrébins ont décidé, lors de cette rencontre d’Alger, d’intensifier leur coopération à tout point de vue en mettant en place un nouveau cadre de concertation trilatéral. Ils ont convenu d’organiser un sommet tous les trois mois en retenant la Tunisie pour l’accueil de la première réunion.
Ce nouveau cadre de concertation entre les trois pays a été initié par le président Abdelmadjid Tebboune dans le but de relancer le bloc maghrébin, qui souffre du gel de l’Union du Maghreb arabe, à cause de l’entêtement du Maroc à faire du dossier de la décolonisation du Sahara occidental, qui est entre les mains de l’ONU, une affaire maghrébine.
En effet, cette tripartite maghrébine vise à créer une nouvelle dynamique régionale. C’est ce qu’a d’ailleurs affirmé le président Tebboune, lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias nationaux le 30 mars. «Notre démarche est motivée par le vide existant actuellement au niveau régional. Même les autres pays africains nous le reprochent. Il y a l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, etc. Mais il n’y a pas de bloc nord-africain. Alors, nous avons décidé de nous rencontrer pour coordonner et parler d’une seule voix», avait-il expliqué, tout en précisant que cette initiative avait pour objectif de former un ensemble régional qui permettrait de coordonner les efforts en vue d’«unifier la voix» des pays membres sur de nombreuses questions internationales.
Le président Tebboune avait rassuré que cette démarche n’était dirigée «contre aucun autre Etat» et que «la porte est ouverte aux pays de la région qui voudraient y adhérer». «Nos voisins de l’Ouest ont fait d’autres choix sans nous consulter», avait-il relevé, allusion faite au Maroc qui œuvre depuis un moment à intégrer la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le président Tebboune avait rappelé dans ce sillage les excellentes relations qu’entretient l’Algérie avec la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, qui pourrait également rejoindre bientôt ce cadre de concertation.
Il faut relever dans ce sillage que le président de la République avait informé son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, de la teneur de la réunion qu’il a eue avec ses homologues tunisien et libyen en marge du 7e sommet du GECF d’Alger. Historiques et très solides, les relations algéro-mauritaniennes ont été beaucoup renforcées au cours de ces dernières années, grâce à la nouvelle dynamique que leur ont insufflée les présidents Tebboune et El Ghazouani.
L’Algérie, qui ne ménage aucun effort pour renforcer l’intégration économique africaine, s’emploie ainsi à créer de nouveaux espaces qui permettront une réelle intégration économique maghrébine à même de pallier la mort clinique de l’UMA. Créée le 17 février 1989, l’UMA n’a toujours pas parachevé la mise en place de ses structures ni l’adoption des 36 conventions maghrébines traitant de divers secteurs.
Le dernier sommet des chefs des cinq Etats membres s’est tenu en avril 1994 à Tunis. Trente-cinq ans après la création de l’UMA, Rabat n’a ratifié que 9 traités, contre 29 signés par Alger. Aujourd’hui, sous l’impulsion de l’Algérie, un nouvel ensemble maghrébin est en construction pour relever les défis à la fois sécuritaires et économiques auxquels est confrontée cette partie du continent africain.