Le ministère taïwanais de la Défense a condamné hier Pékin pour l›envoi de ballons au-dessus de la ligne médiane qui sépare l’île autonome de la Chine continentale, qu’il a décrit comme une «menace sérieuse» pour les liaisons aériennes et une forme de harcèlement, rapporte l’AFP citant un communiqué.
Le ministère a également publié samedi une illustration montrant deux ballons chinois qui, selon lui, avaient franchi la ligne médiane la veille, dont un directement au-dessus de l’île. «(Le) principal objectif de la récente détection de ballons est un harcèlement» de type «zone gris dans le but d’utiliser la guerre cognitive pour affecter le moral de notre peuple», ajoute le communiqué. Les tactiques de la «zone grise» font référence aux actions agressives déployées par un Etat qui s’abstient d’une guerre ouverte.
De nombreux experts estiment que c’est ce que fait Chine à Taïwan avec sa démonstration de force militaire quasi quotidienne autour de l’île. «Nous appelons à la fin immédiate de cette pratique pour garantir la sécurité des vols dans la région», a déclaré le ministère.
Cette déclaration intervient une semaine avant l’élection présidentielle à Taïwan, déterminante pour l’avenir des relations de l’île avec Pékin en fonction du choix des électeurs. La Chine considère Taïwan comme une province qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile en 1949.
«Tous les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan devraient être liés par un but commun et partager la gloire du renouveau de la nation chinoise», a déclaré le président chinois Xi Jinping, lors de ce discours retransmis sur la chaîne officielle CCTV. Lors de sa rencontre mi-novembre avec le président des Etats-Unis, Xi Jinping a déjà jugé «inévitable» la «réunification» de Taïwan.
Depuis l’élection de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en 2016, la Chine a rompu toute communication de haut niveau avec son gouvernement, car elle ne reconnaît pas la souveraineté de Pékin sur l’île. Elle a intensifié ces dernières années sa pression militaire et politique en envoyant un nombre sans précédent d’avions de combat et de navires de guerre autour de l’île. Les observations de ballons chinois à Taïwan ont débuté le mois dernier et interviennent à moins de deux semaines d’une élection présidentielle cruciale dans l’île le 13 janvier. Le ministère a signalé avoir observé des ballons à six reprises en décembre. C’est le deuxième jour consécutif que ces objets volants sont détectés au-dessus de Taïwan.
Mercredi, le ministère taïwanais de la Défense a indiqué avoir détecté quatre ballons chinois au-dessus de la ligne médiane du détroit de Taïwan qui sépare l’île de la Chine continentale, dont trois survolant l’île directement. Un graphique publié par le ministère montre trois ballons se dirigeant vers le nord-est mardi, au-dessus de l’île, après être apparus «au sud-ouest de Ching-Chuan-Kang», qui abrite une base aérienne militaire dans la ville de Taichung, située dans l’ouest de Taïwan. L’altitude la plus basse mesurée pour l’un d’eux était de 3,6 kilomètres.
Entre dimanche et lundi, le ministère de la Défense de Taïwan «a détecté un total de 103 avions chinois, un record sur la période récente ». Les avions se dirigeaient vers le Pacifique occidental pour rejoindre le porte-avions chinois Shandong dans le cadre d’un entraînement.