La valorisation du patrimoine amazigh revêt, cette année, un caractère national lié à la célébration de Yennayer à travers plusieurs wilayas du pays.
Cet engouement pour marquer le jour de l’an amazigh découle d’un attachement à une multitude de symboliques qui puisent leur essence d’une tradition ancestrale millénaire. L’officialisation de Yennayer renforce les pratiques sociales et met en avant une fête d’une dimension nationale autour de la solidarité citoyenne et à travers une panoplie de festivités organisées aussi bien par les autorités que par le mouvement associatif.
Les rites du premier jour de l’an amazigh, qui étaient jadis marqués dans un cadre restreint, comme à Beni Senous, dans la wilaya de Tlemcen, à Nememcha, dans les Aurès, au Djurdjura, en Kabylie, ou encore dans l’Ahaggar, chez les Touareg, sont aujourd’hui perpétués dans l’ensemble du pays pour se réconcilier avec une période de l’histoire antique.
Ce rituel à l’ancrage profond jalousement et savamment préservé est devenu une fête nationale d’entraide et de partage. Elle se déroule dans les villages et villes du pays.
Le HCA, Haut-Commissariat à l’amazighité, qui a mené, depuis sa création, un travail de promotion (journées d’études, colloques, publications…) dans pratiquement toutes les wilayas d’Algérie, a placé, cette année, la célébration du 1er jour de l’an amazigh sous le signe «Yennayer, trésor culturel authentique et un élément rassembleur pour le développement durable», histoire de rappeler une démarche consensuelle qui met en relief l’aspect culturel multidimensionnel et pluriel de tamazight.
La promotion de celle-ci pourrait, à coup sûr, se manifester de manière intemporelle par une adhésion totale et globale à une dynamique visant à rassembler tous les Algériens dans une perspective favorable à l’épanouissement de cette langue.
La constitutionnalisation de tamazight et l’officialisation de Yennayer devraient aussi être accompagnées d’autres mesures de l’Etat afin de permettre aux spécialistes et aux chercheurs d’entreprendre des travaux de terrain pour préserver le patrimoine matériel et immatériel dans ses différentes expressions.
L’objectif est de sauvegarder surtout la culture orale qui subsiste encore à ce jour grâce à certaines initiatives qui méritent d’être encouragées. Le professeur Mohammed Dahmani, auteur de plusieurs livres sur le patrimoine et propriétaire d’un musée composé de plus 4000 pièces néolithiques, reconnaît aimablement l’apport des témoignages pour préserver les pratiques sociales. «Le travail que j’ai réalisé dans mes livres est fait grâce aux témoignages recueillis auprès des femmes dans les villages.
Elles sont de véritables micro-anthropologues et des micro-historiennes», a-t-il avoué. Cela étant, aujourd’hui, revisiter les fonctions symboliques multiples de Yennayer interpelle aussi sur la nécessité d’œuvrer en permanence à la promotion de la langue et culture amazighes.