Les regrettables incidents survenus la semaine dernière au stade Ali Amar «Ali La Pointe» à Douéra, à l’occasion du match MC Alger - US Monastir en Ligue des champions (LDC), a suscité moult commentaires concernant la gestion entourant l’organisation de compétitions et d’événements sportifs au niveau des nouveaux stades, réceptionnés récemment.
Leur inauguration et programmation de matchs a laissé les Algériens sur leur faim. Ils croyaient qu’ils allaient trouver toutes les commodités dont ils rêvaient depuis toujours. Malheureusement, le réveil et la réalité ont été très durs. Difficile à admettre. Les désagréments ont dépassé tout entendement.
A commencer par l’achat de tickets, l’organisation fiable, de qualité et de sécurisation en matière d’accès au stade et ensuite en tribunes. Une bonne partie des portes d’entrée et de sortie du stade sont restées sans explication hermétiquement fermées, créant un goulot d’étranglement devant les portes d’entrée. Les portes d’accès ressemblaient au parcours du combattant. Des spectateurs- candidats, pour ne pas dire des «cochons de payants» se demandaient ce qu’ils faisaient dans cette galère. Un vrai cauchemar. Ne parlons pas des sanitaires fermés à double tour.
Une litanie de manquements. Tout cela aurait pu être évité si ceux qui avaient en charge tous les segments de l’organisation étaient bien formés pour les missions qui leur sont dévolues. Pour en être convaincu, il suffit de comparer les conditions qui ont présidé à l’inauguration officielle des stades Ali Amar de Douéra et Hocine Ait Ahmed de Tizi Ouzou. D’un côté (Douéra) il y avait le chaos lors du match MC Alger - US Monastir et, de l’autre, la joie, le plaisir et la satisfaction d’assister à une rencontre de football sans le moindre accroc ni désagrément.
A priori, les gestionnaires du stade Ait Ahmed n’ont rien laissé au hasard. Avant la rencontre, la première à domicile avant la venue du MCA (2e journée ), ils ont organisé une visite du propriétaire avec toutes les personnes qui travailleront les jours de matchs, avec explication du rôle de chacun, son emplacement, son rôle. Le jour J (1er octobre 2024) tout était prêt. L’organisation était parfaite. A la hauteur de l’événement et des attentes. Tout le contraire de ce qui s’est produit à Douéra, que l’enquête en cours déterminera les responsabilités après ce qui s’est produit. Une simple explication des responsables des deux stades établira pourquoi tout s’est bien passé à Tizi Ouzou et le contraire à Douéra.
Après, il faudra dépasser les grilles de lectures proposées depuis Mathusalem, parce qu’elles sont dépassées, éculées. Le sport s’est beaucoup développé et a entraîné dans son sillage de nombreux métiers, dits du sport, de cadres et de responsables formés pour gérer toutes les branches d’activité liées à cette activité. Au sommet de la pyramide il y a le stadium manager. Le chef d’orchestre qui dirige toutes les opérations liées à l’événementiel (le spectacle). Ce poste n’existe pas en Algérie.
Les nouveaux stades construits ne sont pas gérés selon les normes requises. Automatiquement, il en découle des ratés, des couacs. Le stadium manager, c’est lui qui met en place une organisation fiable, les jours de matchs, et c’est lui qui fixe la politique et la stratégie pour faire rentrer de l’argent du spectacle vivant sur lequel il veille personnellement comme à la prunelle de ses yeux. Il est nommé pour ses compétences et pas pour ses liens et/où proximité avec celui qui choisit les hommes aux fonctions et postes avec qui, souvent, ils n’ont aucun lien.
Le stadium manager ou le directeur du stade, c’est lui qui gère les événements que l’enceinte qu’il dirige abrite. La communication à travers divers canaux lui permet de faire la promotion de l’événement qu’il accueille. Il a aussi en charge les relations publiques, la vente des billets à travers tous les systèmes qui facilitent l’opération. La gestion financière est l’un des segments les plus importants de son rôle avec la sûreté et la sécurité qu’il doit impérativement garantir. Sécuriser le stade à travers une collaboration efficiente avec tous les corps concernés par la sécurité des citoyens dans le stade. L’accueil des supporters doit être nickel. Comme à Tizi Ouzou.
Canaliser l’arrivée et le départ des supporters et des officiels de matchs et autres doit être garanti. Comme ce fût le cas au stade Hocine Ait Ahmed. Toutes les portes du stade doivent être ouvertes et le rester jusqu’au départ du dernier supporter. La surveillance des installations à travers un système de caméras dissuadera les éventuels casseurs qui seront vite identifiés...
Le stadium manager doit être prévoyant, créatif, une personne qui anticipe sur les événements. Il doit avoir les coudées franches et entouré d’une équipe homogène, soudée. Ses connaissances en gestion de tous les domaines placés sous sa responsabilité ne doivent souffrir aucune faiblesse.
Ne peut être stadium manager qui veut. Vu l’importance de ses fonctions et le caractère de ses missions, il faut qu’il ait une formation complète et sanctionnée d’un diplôme. A l’étranger il doit avoir, au minimum, un bac +5 en management du sport. Au niveau des écoles et instituts qui forment des cadres dans le management du sport, ils proposent de nombreuses spécialisations. Les nouveaux stades en Algérie doivent tous se doter d’un stadium manager ou directeur de stade, formé pour cette fonction.