Inauguré, en grande pompe, le 5 Juillet dernier, après d’importants travaux de réhabilitation, le passage souterrain de la place du 1er Novembre 1954 (La Brèche) à Constantine semble déjà condamné à l’abandon.
Commerçants et population boudent ce lieu qui, malgré les promesses grandiloquentes des autorités locales, se révèle être un véritable fiasco. L’ambition était pourtant noble. Elle visait à faire de ce lieu un «aéroport souterrain», un espace commercial dynamique et attractif, contribuant à la revitalisation du Centre-ville et au développement du tourisme.
Des sommes colossales ont été investies pour rénover ce lieu, lui offrant un nouveau design moderne et épuré. Mais la réalité est tout autre.
En se rendant sur place, on est infligé par l’insalubrité qui règne en maître. Odeurs nauséabondes, saleté omniprésente et détritus jonchant les entrées du passage.
L’image est désolante et ne correspond en rien aux promesses faites. Quant aux Constantinois, ils ne semblent pas plus enthousiastes. La fréquentation du souterrain est quasi nulle, et ceux qui osent s’y rendre le font par curiosité, vite refroidis par l’état des lieux. Que s’est-il donc passé ? Comment un projet aussi ambitieux a-t-il pu se transformer en un tel échec ? Plusieurs facteurs semblent expliquer cette situation.
D’abord, le choix de l’activité commerciale semble inapproprié. Imposer aux commerçants de se spécialiser dans l’artisanat n’a pas rencontré l’adhésion escomptée.
De plus, l’absence d’un plan marketing efficace et d’une stratégie de communication cohérente ont contribué à l’absence de visibilité du souterrain. Les quelques commerçants qui ont osé s’installer dans ce lieu fantôme se disent déçus et découragés.
D’ailleurs aucun parmi eux n’a respecté l’engagement de faire une activité artisanale ou qui a une relation avec le tourisme. Sur un total de 15 locaux, il n’y existe qu’un vendeur de sacs à dos et de valises, un autre de robes en lin, et un magasin de produits cosmétiques. L’absence de clients et l’environnement insalubre a poussé de nombreux bénéficiaires des locaux, qui ne sont que les anciens locataires depuis les années 1980, d’aller vers d’autres mesures, dont la sous-location, ce qui est illégal.
Opter pour les expositions commerciales
«Ce n’est pas ce que nous souhaitons se concrétise toujours. Le problème réside dans le fait que ces commerçants, d’anciens locataires dans le souterrain, ont été privilégiés par la commune. Ils nous ont mis devant le fait accompli, pour résilier leurs attributions. Cette mesure a été déjà discutée avec le maire de Constantine», a révélé, à El Watan, le directeur du patrimoine du chef-lieu de wilaya Skandar Boussouara.
Et d’affirmer que la commune a déjà annulé deux attributions, en attendant le reste afin de procéder à leur vente aux enchères. Tout cela dissuade les potentiels clients de s’y aventurer. Le souterrain de la Place du 1er Novembre a le potentiel de devenir un atout majeur pour Constantine. C’est pourquoi, il est temps de passer des paroles aux actes et de lui donner la chance de devenir une réalité.
Dans cette perspective et selon le même responsable, une stratégie est en pleine discussion pour inciter les gens à explorer le passage souterrain. Parmi les mesures envisagées, notre interlocuteur a soulevé celui des expositions commerciales à l’intérieur des souterrains de la ville. «Le souterrain de la Place des Martyrs a déjà abrité des vendeurs d’articles vestimentaires pour toutes les catégories d’âge et des produits pour les préparatifs de l’Aïd. La même idée sera appliquée au niveau de deux halls du souterrain de la Place du 1er Novembre (La Brèche).
Il y aura la vente des produits nécessaires pour l’Aïd occasionnellement afin d’inciter les gens à venir», a-t-il souligné. Espérons qu’après une fermeture de 7 ans, suite à l’horrible incendie survenu en 2015, les lieux ne connaîtront pas un triste sort.