L’avion devait relier Dubaï au Nicaragua avec plus de 300 Indiens à bord : il a été immobilisé par les autorités françaises sur le tarmac d’un aéroport et deux passagers ont été placés en garde à vue, sur fond de soupçons «de traite d’êtres humains».
Cet Airbus A340 avait atterri jeudi après-midi sur la piste du petit aéroport de Vatry (nord-est) pour une escale technique. Il est immobilisé depuis, après un «signalement anonyme», selon lequel ces passagers indiens sont «susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains» en bande organisée, a expliqué dans l’après-midi le parquet de Paris à l’AFP. Deux des passagers de ce vol ont été placés en garde à vue, a-t-il ajouté en début de soirée. L’enquête cherche à «vérifier si des éléments viendraient corroborer» les soupçons de traite d’êtres humains, a ajouté le parquet.
«Des vérifications d’identité ont été effectuées sur les 303 passagers et sur les personnels navigants» par la police et la gendarmerie qui procèdent aussi aux «vérifications des conditions et objectifs de transport des passagers», a-t-il précisé. Selon une source proche du dossier, ces passagers indiens, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir voulu se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d’entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada. Un dispositif de la brigade de gendarmerie empêche vendredi soir l’accès à l’aéroport, confiné, a constaté une journaliste de l’AFP. Devant l’aérogare, une rangée de bâches blanches cache la baie vitrée du hall d’arrivée.
«Rien à se reprocher»
Les auditions devraient se poursuivre jusqu’à hier au moins, a indiqué une source proche du dossier. Selon la préfecture de la Marne, cet avion de la compagnie roumaine, Legend Airlines, «est resté immobilisé sur le tarmac» après «son atterrissage (jeudi) dans l’après-midi» et une intervention à bord de la brigade de gendarmerie des transports aériens. «La compagnie estime qu’elle n’a rien à se reprocher, n’a commis aucune infraction et se tient à disposition des autorités françaises», a assuré à l’AFP Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de Legend Airlines. La compagnie aérienne compte «se porter partie civile si des poursuites sont initiées par le ministère public, ou porter plainte» dans le cas contraire, a-t-elle ajouté. Le préfet de la Marne a étendu par arrêté la zone d’attente des étrangers au hall d’accueil de l’aéroport. Les passagers y disposent, selon la préfecture, de «lits individuels». La préfecture a, en outre, ouvert une cellule de crise.
«Accès consulaire»
«L’équipe de l’ambassade a obtenu l’accès consulaire. Nous étudions la situation et veillons au bien-être des passagers», a indiqué l’ambassade d’Inde en France sur X ex-Twitter. La loi prévoit que s’il arrive en France par avion et que l’embarquement vers son pays de destination lui est refusé, un étranger peut être maintenu en zone d’attente pendant quatre jours maximum par la police aux frontières.
Ce maintien peut ensuite être prolongé de huit jours par un juge des détentions et de la liberté, puis de huit jours supplémentaires à titre exceptionnel. Au maximum, en fonction des recours, le maintien en zone d’accueil peut atteindre 26 jours.
La traite des êtres humains est un «crime faisant encourir 20 ans de réclusion criminelle et trois millions d’euros d’amende», souligne-t-il par ailleurs. D’après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions, dont deux A340-313. L’aéroport de Vatry, petit aérodrome situé à 150 km à l’est de Paris, a accueilli 62 000 passagers en 2022, essentiellement via des compagnies low-cost, selon l’Union des aéroports français.