L’agression sanglante des forces d’occupation israéliennes contre la bande de Ghaza se poursuit pour le 24e jour consécutif, au mépris du droit humanitaire international et avec la bénédiction des grandes puissances.
Au pilonnage intense des infrastructures de base et des habitations palestiniennes ou de ce qu’il en reste, s’ajoute une vaste invasion terrestre menée depuis hier par l’armée de l’occupation dans le secteur nord de la bande. Un nouvel acte par lequel les forces d’occupation israéliennes défient la communauté internationale et narguent les instances onusiennes qui ont mis en garde contre une telle option qui ne ferait qu’aggraver la situation humanitaire déjà intenable à Ghaza.
Samedi dernier, le haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, avait averti sur les graves conséquences d’une opération terrestre à grande échelle dans la bande qui entraînerait, selon lui, la mort de milliers de civils supplémentaires. «A la lumière de la manière dont les opérations militaires ont été menées jusqu’à présent, et dans le contexte d’une occupation remontant à 56 ans, un avertissement a été lancé concernant les conséquences potentiellement catastrophiques d’une opération terrestre à grande échelle dans la bande de Ghaza et la mort possible de milliers de civils supplémentaires», avait-il prévenu dans un communiqué.
Mais cette mise en garde, comme les nombreux appels à un cessez-le-feu immédiat et à la préservation de la vie des civils, est tombée dans l’oreille sourde d’un occupant en pleine folie meurtrière. «Lundi (hier), les forces d’occupation israéliennes ont pénétré sur des centaines de mètres dans les terres des citoyens de la bande de Ghaza.
Notre correspondant a signalé que les véhicules de l’occupation, renforcés par des chars et couverts par des avions militaires, sont entrés dans la région de Shuhada et sont passés de la route principale reliant le sud et le centre de la bande au cœur de la ville de Ghaza et à son nord», a rapporté l’agence palestinienne Wafa, qui a également relevé le survol intense d’avions de reconnaissance de la zone en question, accompagné de lourds bombardements et de tirs d’hélicoptères sur les habitations et autour de centres de soins, de cliniques et même de centres d’accueil pour réfugiés. Les raids aériens ont particulièrement ciblé le quartier de Tal Al-Hawa à l’ouest de l’enclave palestinienne. Une localité qui a été déjà soumise à d’intenses bombardements qui ont fait des centaines de morts dont le reporter photographe Rochdi Al-Sarraj.
Le porte-parole de la Défense civile de Ghaza, Mahmoud Bassal, a déclaré dans une interview à Al Jazeera, que «les forces d’occupation israéliennes ont largué des centaines de bombes sur le quartier de Tal Al-Hawa, entravant les secours». Il a précisé que même les rues secondaires qui mènent au quartier ont été détruites, qualifiant ce qui s’est passé dans ce quartier d’«holocauste».
D’autres zones de la bande de Ghaza, qui subit un abominable siège total depuis près d’un mois, ont été touchées par de nouvelles frappes de l’aviation israélienne qui continue d’utiliser des munitions au phosphore blanc, interdites par la Convention de Genève de 1980. Des dizaines de Palestiniens ont péri et des centaines d’autres ont été blessés dans ces raids aériens. Selon les dernières statistiques fournies par le ministère palestinien de la Santé, le nombre de morts a atteint 8300 et celui des blessés se rapproche davantage des 24 000.
Selon la même institution ministérielle, «73% des Palestiniens tombés en martyrs dans des bombardements israéliens étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées». Les mêmes sources parlent de milliers de personnes qui se trouvent encore sous les décombres. Selon des responsables du mouvement palestinien Hamas, cités par la chaîne Al Jazeera, des combats au sol ont eu lieu hier dans le secteur nord de Ghaza où la résistance palestinienne tente de repousser l’ennemi.
Exactions en Cisjordanie
La situation est également dramatique en Cisjordanie où les forces de l’occupation mènent leur entreprise punitive contre la population palestinienne qui subit diverses formes de répression et d’exactions. Selon l’agence Wafa, un jeune Palestinien a été tué lors d’un assaut mené contre le camp de réfugiés de Dheisheh, au sud de Bayt Lahm. A Hébron, dans les Territoires occupés, 22 Palestiniens ont été blessés par balles, dont un grièvement, suite à la répression par les forces de l’occupation, d’une marche des étudiants au centre-ville en guise de soutien à leurs frères de Ghaza.
Des dizaines d’autres «ont souffert d’étouffement lors des affrontements qui ont éclaté au poste de contrôle militaire installé à l’entrée de la rue Al Shuhada», a indiqué l’agence Wafa, qui fait état d’un autre Palestinien blessé par «des tirs de la police d’occupation israélienne, près de l’école Al-Motran», dans la ville de Jérusalem. Selon le Croissant-Rouge palestinien, «le jeune homme a été touché par une balle à la cuisse et a été transféré dans un hôpital de la ville pour y être soigné».
Dans la localité de Beita, au sud de Naplouse, un autre Palestinien a été blessé par balle au pied et sa femme par des éclats d’obus et leur fils a été arrêté lors d’un assaut des forces d’occupation israéliennes. Les forces d’occupation israéliennes continuent leur campagne d’arrestations à grande échelle dans les territoires occupés.
Selon le bureau palestinien en charge du suivi des prisonniers, environ 1680 Palestiniens ont été arrêtés depuis le 7 octobre. «Le gouvernorat d’Hébron a pris la part du lion de ces arrestations touchant environ 500 citoyens, suivi du gouvernorat de Jérusalem», a indiqué cette institution palestinienne qui annonce dans ce sillage le décès de deux prisonniers dans les geôles de l’occupant.
«Ces campagnes d’arrestations ont touché tous les segments de la société palestinienne dont les enfants, les vieillards, les femmes et les anciens prisonniers», a précisé la même source, qui évoque des «représailles massives» des forces de l’occupation contre la population en recourant à de vils procédés pour «harceler» les détenus et leurs familles en les battant sévèrement et en menaçant de leur tirer dessus, en plus d’actes de sabotage et de destruction de leurs maisons.
«Ces attaques et crimes systématiques ont entraîné la blessure de nombreux détenus et membres de leurs familles», a ajouté la même source selon laquelle «les détenus blessés sont délibérément laissés sans soins médicaux».
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a interpellé une nouvelle fois le Conseil de sécurité de l’ONU pour «assumer ses responsabilités» en mettant fin à l’agression israélienne contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza et en assurant la protection des civils palestiniens. Il a également mis en garde contre les «dangers» d’«une catastrophe humanitaire aggravée» par cette agression continue et ses retombées sur la situation globale dans la région.
De son côté, le gouvernement allemand a affirmé hier, par le biais de son porte-parole, qu’il condamnait «clairement» les «actes de violence» qui ont conduit à «la mort de civils palestiniens». Il a aussi appelé à «demander des comptes» aux responsables des actes de violence commis en Cisjordanie occupée.