Le problème du foncier demeure un véritable fardeau dans la wilaya, en raison des injonctions, des interventions, des complicités et des rapports fallacieux.
Lors de la première session de l’APW de Souk Ahras, des élus ont fermement condamné la dilapidation du foncier dans les communes de la wilaya où des prédateurs usent et abusent de moyens peu orthodoxes pour continuer leur avancée sur les rares zones extensibles restantes.
Mohamed Hafsi et Daira Chawki et au moins cinq autres édiles ont parlé d’un cumul d’agissements et de procédés qui ont hypothéqué le devenir de la wilaya et réduit les chances des investisseurs authentiques. Tous ont, toutefois, tenu à exprimer leur adhésion aux grandes opérations de récupération des terrains savamment menées par la commission compétente.
D’où un assainissement de plusieurs dizaines d’hectares et un recensement fiable des investisseurs solvables. Le wali lui-même a déclaré sans ambages que la guerre déclarée aux rapaces du foncier ne connaîtra pas de répit. «Ceux qui sèment l’amalgame entre deux principes diamétralement opposés, à savoir l’investissement productif et l’octroi des terrains à des fins malsaines sont aujourd’hui à découvert. Ceux encore qui veulent s’enrichir au détriment des intérêts de la population locale et des biens de l’État et qui tentent de manière sournoise à discréditer le dossier investissement dans cette wilaya n’auront plus la chance de sévir plus longtemps», a-t-il assené.
Il a évoqué des complicités certaines dans le circuit recycleur du foncier industriel pour déclarer carrément l’existence d’entités fictives et des terrains dont les attributaires ne sont pas identifiés.
Malheureusement cette fermeté ainsi que l’engagement des autres élus intervenants n’ont pas été partagés par quelques membres de cette même assemblée venus prêcher de manière sommaire des extensions des assiettes foncières au profit de quelques structures privées dont certaines ne sont pas au firmament des performances en matière de production, de qualité des services ou en recrutement.
Ce sont encore les mêmes ambitions, les mêmes démarches et les mêmes parades qui sont redéployées dans ce dossier. Aussi, deux mois auparavant au POS 6 un revendeur de quelque produit sans aucun impact sur l’économie locale attributaire de surcroît d’une assiette importante a demandé une extension sur laquelle il devait implanter une manufacture.
Des responsables gestionnaires, dont au moins un membre de l’exécutif, défendaient le bien-fondé de sa demande avec un enthousiasme inquiétant. Ses mêmes «avocats» auraient pu inverser la donne bien avant le placement de la charrette au lieu des bœufs pour s’inscrire dans la même optique du premier responsable de l’exécutif et, par ricochet, celle de l’État. Nenni.
Le fardeau du foncier est aussi lourd et aussi imbriqué que les quatre hectares du POS 9 hypothéqués depuis des années et non encore concernés par les multiples opérations d’assainissement de ce même foncier industriel. Les injonctions, les interventions, les complicités et les rapports fallacieux en sont les causes principales.
Des chiffres et quelques propositions
La commission concernée par ce dossier a fourni des efforts pour cerner les atouts de la wilaya en matière d’investissement et relever les contraintes. Avec une ancienne zone industrielle de 48,2 ha au chef-lieu, une autre à M’daourouch (220 ha), 10 zones d’activités, et 3 nouvelles mini-zones d’activités à Sédrata, Taoura et Ouled Driss, Souk Ahras est mieux lotie en assiettes foncières que plusieurs autres wilayas, selon le rapport de ladite commission.
Ce dernier fait état de 320 dossiers d’investissements agréés, période antérieure à l’année 2015 incluse, sur un total de 992 dossiers déposés, dont 148 autres sont en phase d’étude. Là encore est posé avec acuité le problème des pseudo-investisseurs et autres entreprises fantômes initiées dans le but de justifier la dilapidation du foncier.
Une commission chargée du suivi et de l’assainissement, présidée par le wali a réussi, selon le même rapport, à résilier 46 actes de concession pour des projets sans perspectives. Il a été proposé à l’issue de cette session la création d’une banque de données où figureraient les investisseurs et les terrains non exploités, l’intensification du travail de communication pour attirer le plus grand nombre des prétendants et mettre en relief les potentialités de la wilaya dans les différents créneaux et l’accompagnement des petites et moyennes entreprises.
Un foncier rassurant, des avantages fiscaux et parafiscaux encourageants, une célérité dans le traitement des dossiers, une implication positive des pouvoirs publics, une flexibilité dans le suivi du volet recrutement, des travailleurs bon marché et des instances de contrôle des conditions de travail, plutôt somnolentes à Souk Ahras. Le tout n’a pas réussi à provoquer le déclic tant attendu.