Souheil Guessoum, président du syndicat du numérique : «L’heure est aujourd’hui à l’action car le monde évolue vite»

25/07/2024 mis à jour: 04:16
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La récente panne informatique qui a touché de nombreuses entreprises et institutions à travers le monde a mis en lumière la fragilité des systèmes informatiques sur lesquels repose notre société moderne. Cet incident majeur, qui a paralysé des services essentiels et perturbé des opérations commerciales importantes, a révélé à quel point nos infrastructures numériques sont vulnérables aux défaillances techniques et aux cyberattaques.

C’est ce qui ressort de l’analyse de Souheil Guessoum, président du Syndicat du numérique et président directeur général d’Alpha Computer, lors de son passage hier dans l’émission «L’Invité de la rédaction» de la Chaîne 3. «Aujourd’hui, nous sommes en train de passer d’une guerre purement classique à une guerre hautement technologique.

Il est indispensable de préserver nos infrastructures tout en les construisant. Utiliser les outils sécuritaires développés par des multinationales, développer également quelques solutions propres à nous, cela est aussi important. Mais avant cela, je pense que nous devons commencer par la base. Beaucoup d’entreprises aussi bien privées que publiques, des institutions étatiques n’ont pas l’infrastructure de base qui permet de travailler en toute sécurité», a-t-il insisté.

Souheil Guessoum évoque le cas de nombreuses entreprises qui n’ont pas une infrastructure messagerie, ni d’infrastructure réseau et hardware bien structurée, ce qui ouvre incontestablement des failles très importantes dans les systèmes et permet les cyberattaques. Que faut-il faire pour corriger le tir ? L’expert ne fait pas dans la nuance.

Il soutient qu’«il faut commencer par mettre en place l’infrastructure de base devant être protégée par des outils de cybersécurité». «Aujourd’hui, nous parlons de l’intelligence artificielle, qui est estimée autour de 240 milliards de dollars à fin 2023. Elle va passer à 500 milliards de dollars en 2027, avec une croissance moyenne de 17% par an.

L’IA générative, comme le chatGPT, est en train d’être multipliée par 10. On passe de 8 milliards de dollars en 2023 à plus de 100 milliards de dollars en 2028. Il va y avoir 50 en 2025 et 100 milliards d’objets connectés en 2030.

Donc, vous voyez tout le challenge technologique qui est là et tout cela doit être protégé». «Le passage d’une simple mutation à une véritable révolution technologique marque pour notre pays un tournant majeur qui exige, selon lui, une réflexion approfondie, une adaptation agile, et une vision audacieuse», préconise-t-il.

Arsenal juridique à mettre à niveau

Le président du Syndicat du numérique n'y va pas par quatre chemins. Pour lui, «nous devons aller très vite parce que nous avons un retard important». «Nous n’avançons pas suffisamment vite tel que le préconisent la situation géopolitique et la situation mondiale», dit-il, reconnaissant néanmoins que la décision d’installer des data centers permettra d’accomplir «un énorme pas en avant».

«Il faut bien les utiliser. Bien évidemment tout cela doit être bien protégé de telle sorte qu’ils permettent une évolution rapide de notre économie numérique», met-il en évidence. Pour lui, c’est une priorité. «Nous devons absolument construire notre économie numérique d’une manière beaucoup plus rapide. La Chine a un numérique qui est à 30% du PIB.

La moyenne mondiale est à 15,5%. Alors lorsque nous nous disons que nous sommes à 3%, nous devons aller très vite. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a 3 ou 4 ans nous étions à 1,5%. Maintenant, il faut aller à 5%, 10%, 15% rapidement et ensuite dépasser les 15%.

C’est une priorité nationale parce que c’est la digitalisation qui va nous apporter l’efficience, la transparence et la possibilité d’aller plus vite dans les autres secteurs économiques», indique Souheil Guessoum, qui rappelle qu’«actuellement, tout est dépendant du numérique, et dans notre pays, il y a tout un arsenal juridique à mettre à niveau».

«Nous avons la loi sur la signature et la certification électroniques qui est un excellent pas en avant, mais cette loi n’est toujours pas appliquée, par exemple, au niveau des banques, parce qu’il semblerait qu’il y ait encore quelques réglages à mettre en place pour que les banques puissent les utiliser.

Nous avons encore cette propension à demander beaucoup d’autorisations et d’agréments qui bloquent certains développements. Il est bien de protéger mais il est bien d’avoir des autorisations de pouvoir contrôler. Tout cela doit se faire d’une manière digitale.

Ça veut dire très rapidement. Quand j’ai besoin d’un agrément, il faudrait que je puisse l’avoir en quelques jours. Quand j’ai besoin d’une autorisation, il faudrait que je puisse l’obtenir en ligne», met-il en exergue. Pour le président du Syndicat du numérique, l’heure est aujourd’hui à l’action. 
 

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