Un manifestant a été tué à Khartoum hier lors de nouvelles manifestations contre le putsch et le pouvoir militaire, rapporte l’AFP. Les manifestants réclament un pouvoir civil dans un pays quasiment toujours sous la férule de l’armée depuis son indépendance il y a 66 ans et dénoncent également la répression qui, depuis le coup d’Etat militaire mené le 25 octobre par le chef de l’armée, a tué 74 manifestants.
De l’autre côté, un haut gradé a été poignardé à mort le 13 janvier par des manifestants à Khartoum, selon la police. Les manifestants ont tenté de nouveau de converger vers le palais présidentiel où siège le dirigeant de facto du pays, le chef de l’armée Abdel Fattah Al Burhane, sous les tirs de grenades lacrymogènes des forces de sécurité.
Le Comité central des médecins, proche de la contestation, a souligné un «usage excessif de la violence» de la part des forces de sécurité contre les manifestants à Khartoum et dans sa banlieue d’Omdourman.
Là, les manifestants scandent «Le peuple a choisi les civils» et «Le pouvoir au peuple !», de même qu’à Wad Madani, à 200 kilomètres plus au sud, à Gedaref et Port-Soudan dans l’est côtier du pays. Avec son coup de force, le général Al Burhane a mis un coup d’arrêt à la transition vers un pouvoir entièrement civil promise il y a plus de deux ans après la chute du dictateur Omar El Béchir, démis par l’armée sous la pression de la rue.
Il faut «effacer toutes les traces du coup d’Etat», revenir à un gouvernement civil et «écarter le chef des putschistes et son pouvoir immédiatement», a une nouvelle fois redit le parti Oumma, le plus ancien du pays, dont plusieurs responsables ont été arrêtés lors du putsch, dans un communiqué.
Comme à chaque fois à la veille des manifestations, les forces de sécurité ont procédé à des rafles nocturnes, arrêtant des membres des Comités de résistance dans différents quartiers de Khartoum, ont indiqué ces organisations locales, véritable colonne vertébrale de la mobilisation.
L’émissaire de l’Organisation des Nations unies (ONU) au Soudan, Volker Perthes, a condamné cet enlèvement, estimant que «la violence contre les militantes des droits des femmes menace de réduire leur participation à la vie politique» dans un pays, où déjà, selon l’ONU, 13 manifestantes ont été violées par des forces de sécurité décidées à en finir avec l’opposition.
Alors que la liste des exactions ne cesse de s’allonger, Khartoum a récemment reporté la visite de l’envoyé spécial de l’ONU pour les droits humains. La communauté internationale, elle, continue à réclamer un dialogue pour sortir de la crise.