Sommet des BRICS+ en octobre à Kazan : La Russie veut imposer de nouvelles règles du jeu

16/09/2024 mis à jour: 16:06
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L’initiative clé des Brics est leur projet de dédollarisation, visant à réduire leur dépendance au dollar américain en favorisant l’utilisation de leurs propres monnaies - Photo : D. R.

Le 25 juin dernier, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a fait savoir que les Brics, après l’admission de cinq nouveaux membres en 2024, feraient une «pause» concernant l’élargissement de la structure.

Le prochain sommet des Brics (ou des Brics+) devrait se tenir dans la région russe de Kazan en octobre prochain. Le 16e sommet verra la participation de quatre pays nouvellement intronisés : les Emirats arabes unis, l’Egypte, l’Iran et l’Ethiopie.

L’alliance de neuf membres décidera de l’orientation du groupe lors du prochain sommet et s’engagera en faveur d’un partenariat plus solide. Une poignée de pays en développement d’Asie, d’Afrique, d’Europe de l’Est et d’Amérique latine ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe Brics en 2024. Anton Kobyakov, conseiller présidentiel russe, a confirmé lors d’une dernière conférence de presse que 59 pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre les Brics en 2024. 

Il s’agit, entre autres, de la Turquie, du Venezuela, de la Thaïlande et de la Malaisie. «La Turquie veut adhérer aux Brics». C’est ce qu’a déclaré son ministre des Affaires étrangères turc Hakan Fidan lors d’une récente visite en Chine, le premier déplacement à Pékin d’un responsable politique turc de premier plan depuis douze ans.

Ce geste a un impact considérable étant donné que la Turquie est un membre de l’Otan et un aspirant de l’Union européenne depuis des années. Dans un communiqué commun publié à l’issue d’une rencontre tenue à Pékin, entre le président chinois Xi Jinping et le président vénézuélien Nicolas Maduro, ce dernier a réitéré  l’intérêt de son pays à rejoindre les Brics.

Cette candidature, plus celle de Colombie et de Bolivie, jette une pierre dans l’arrière-cour des États-Unis. La Malaisie et la Thaïlande ont également annoncé qu’elles demanderaient à devenir membres des Brics. C’est une victoire pour la multipolarité. Le Premier ministre malaisien a annoncé le 18 juin que la Malaisie s’apprêtait à rejoindre les Brics. Cette déclaration est survenue quelques heures avant la venue en Malaisie du Premier ministre chinois.

Il est peu probable cependant que tous ces pays fassent leur entrée dans les Brics lors du sommet de Kazan de l’Organisation. La raison ? Le 25 juin dernier, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a fait savoir que les Brics, après l’admission de cinq nouveaux membres en 2024, feraient une «pause» concernant l’élargissement de la structure.

Une annonce qu’il a formulée lors de sa rencontre avec la présidente de la chambre haute du Parlement de Biélorussie, pays candidat à l’adhésion. «A la majorité absolue des voix, les ‘‘Dix’’ ont décidé de faire une pause concernant l’acceptation de membres supplémentaires, et ce afin de ‘‘digérer’’ l’arrivée récente de cinq nouveaux pays», a déclaré Sergueï Lavrov, ainsi que le rapporte le site économique russe RBK. Il a précisé qu’un système d’«étape» était à l’étude, avec notamment le statut de «pays partenaire», qui précéderait celui de «membre».

Les experts expliquent cette suspension par la nécessité pour les participants actuels «d’affiner le plus précisément possible les questions relatives au fonctionnement du groupe», telles que celle concernant le droit d’intégrer les instances communes, mais aussi de «dessiner les grandes lignes de l’avenir des Etats membres», relate le site Vzgliad. Il faut dire, développe le titre, que le nombre de pays souhaitant rejoindre les Brics ne cesse d’augmenter.

Selon le conseiller présidentiel Iouri Ouchakov, une «trentaine» aurait déposé des demandes. Récemment, le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Riabkov, a présenté l’une des conditions nécessaires pour rejoindre l’alliance : «Ne pas participer à la politique illégale des sanctions et mesures restrictives internationales appliquées contre d’autres pays membres des Brics, notamment contre la Russie».

Mais en attendant son nouvel élargissement, les Brics+ ont pris de l’épaisseur et surtout plus de poids sur l’échiquier économique mondial avec l’entrée des Emirats arabes unis, de l’Egypte, de l’Iran et de l’Ethiopie. Le commerce entre les nations Brics devrait atteindre 500 milliards de dollars en 2024, marquant une progression notable.

En 2023, les échanges commerciaux au sein du groupe ont fortement augmenté grâce à de nouveaux accords et au renouvellement de partenariats, renforçant leur position internationale. Selon la Banque mondiale, bien que ce chiffre reste en dessous de la moyenne mondiale, la croissance des Brics est constante et prometteuse, ouvrant la voie à de futurs accords commerciaux.

L’initiative clé des Brics est leur projet de dédollarisation, visant à réduire leur dépendance au dollar américain en favorisant l’utilisation de leurs propres monnaies. La Chine et la Russie mènent ces efforts, avec des actions concrètes pour réaliser ce projet.

Lors du 15e sommet des Brics à Johannesburg, cinq nouveaux pays exportateurs de pétrole ont été intégrés. Si les Brics réussissent à convaincre d’autres pays de régler leurs paiements pétroliers en monnaies locales, l’impact sur le dollar américain pourrait être significatif, l’élimination du statut de monnaie globale du dollar étant  un objectif à long terme des Brics.

Dans tous les cas, la désoccidentalisation est en marche. Un autre monde est en train de tenter de se structurer pour espérer prendre la relève d’un Occident qui apparait aujourd’hui affaibli. Le prochain sommet des Brics+ qui se tiendra en octobre à Kazan devrait ainsi donner de nouvelles tendances pour enraciner ce bloc très divers dans la nouvelle géopolitique mondiale.  

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