Sommet de la Cédéao : Appel aux régimes militaires à des «transitions à court terme»

11/12/2023 mis à jour: 20:26
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Sur 15 pays membres de la Cédéao, 4 sont dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont les chefs d’Etat sont réunis hier en sommet à Abuja, au Nigeria, a réclamé aux régimes militaires de la région des «transitions à court terme» vers des régimes civils, rapporte l’AFP.

Le président nigérian Bola Tinubu, qui préside la Cédéao, a appelé à «renouer le dialogue avec les pays sous régime militaire avec des transitions planifiées réalistes et à court terme».

Sur les 15 pays membres de la Cédéao, quatre sont dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat depuis 2021: le Mali (2021), la Guinée (2021), le Burkina Faso (2022) et le Niger (2023). Non seulement ils ne sont pas représentés au sommet, mais le Premier ministre nigérien en exil, Ouhoumoudou Mahamadou, y est lui invité, ce qui témoigne du maintien d’une position ferme du bloc régional vis-à-vis du régime à Niamey. 

En août, ses membres se sont réunis de manière exceptionnelle après le coup d’Etat ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum, le 26 juillet. L’organisation a imposé de lourdes sanctions économiques et financières au Niger et menacé d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel, ce qu’elle n’a finalement pas fait. «Les autorités militaires (à Niamey) ont malheureusement montré peu de remords en s’accrochant à leurs positions intenables, prenant en otage non seulement le président Bazoum, sa famille et les membres de son gouvernement, mais aussi le peuple nigérien», a dénoncé hier Omar Touray, président de la commission de la Cédéao, à l’ouverture du sommet d’Abuja. Il a ajouté que la Cédéao reconnaissait la situation «humanitaire désastreuse» au Niger, mais il a accusé les dirigeants nigériens de bloquer le flux d’aides autorisé dans le pays. Vendredi, le chef militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani, s’est rendu au Togo avec certains de ses ministres. Quelques jours avant, Niamey a demandé au président togolais, Faure Gnassingbé, de jouer un rôle de médiateur. «Tiani est prêt à discuter de la durée de la transition et de la situation de Bazoum», a déclaré une source togolaise à propos de ces discussions.

«Alliance fantôme»

Hier, la secrétaire d’Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Molly Phee, a été conviée à participer aux discussions du sommet d’Abuja, visant à trouver des moyens pour soutenir le retour d’un régime démocratique au Niger et la sécurité au Sahel. Historiquement un partenaire clé de l’Occident dans la lutte contre les groupes djihadistes, le Niger a exigé le départ des troupes françaises qui a déjà débuté, tandis que les Etats-Unis y ont encore du personnel militaire.  Avec les régimes militaires du Mali et du Burkina Faso, celui du Niger a créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES) afin de renforcer leurs coopérations. «Cette alliance fantôme semble destinée à détourner l’attention de notre quête mutuelle de démocratie et de bonne gouvernance», a critiqué hier à Abuja le président nigérian Tinubu. 

La multiplication des régimes militaires issus de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest inquiète la Cédéao pour leurs mises en cause de la démocratie, mais aussi pour les risques de déstabilisation régionale.  Le retrait de l’armée française du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) a renforcé les craintes de voir l’instabilité régionale s’étendre aux Etats du golfe de Guinée : Ghana, Togo, Bénin et Côte d’Ivoire. 

Et ce alors qu’en Sierra Leone et en Guinée-Bissau ont eu lieu récemment des événements présentés par les autorités comme des tentatives de coup d’Etat.

Les violences ont fait 21 morts fin novembre en Sierra Leone, dont 18 membres des services de sécurité et trois assaillants, selon des sources officielles. Le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, a lui dénoncé une «tentative de coup d’Etat» dans son pays, après des affrontements entre l’armée et des membres des forces de sécurité dans la nuit du 30 novembre au 
1er décembre.
 

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