Dans un communiqué, le Mouvement de la Paix a marqué le 60e anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars 1962 : «En 2022, nous commémorerons la fin d’une guerre qui a duré plus de sept ans (…) et qu’il faut inscrire dans 132 ans de colonialisme. Un système social que ce conflit avait pour objectif de perpétuer.
Cette phase de notre histoire a causé bien des souffrances. Aux Algériens d’abord, mais aussi aux Français, particulièrement à ceux qui ont eu le malheur d’avoir 20 ans en ce temps-là et qui se sont trouvés enrôlés dans une armée coloniale et confrontés à une situation à la fois anachronique, injuste et sans autre perspective que l’indépendance de l’Algérie».
PAS DE SOLUTION MILITAIRE A UN PROBLÈME POLITIQUE
Le Mouvement de la Paix rapproche cet événement et la terrible actualité de mars 2022 avec la guerre en Ukraine : «La guerre ne résout rien, il n’y a pas de solution militaire à un problème politique. Nous pouvons témoigner que les atrocités que génère le recours à la force armée ne font qu’aggraver les difficultés».
Revenant aux souffrances de la guerre menée contre le peuple algérien, le Mouvement de la Paix rappelle que ce conflit a marqué la vie des appelés du contingent qui arrivent aujourd’hui à la fin de leur existence : «Si tous n’ont pas subi le pire, tous se sont vu voler de longs mois de leur jeunesse dont à coup sûr ils auraient fait un meilleur usage.»
Le Mouvement de la Paix souligne la nécessité de continuer «d’éclairer les consciences par un travail de mémoire», surtout que les militants du mouvements d’alors se sont battus de différentes manières contre la guerre d’Algérie, alors «qu’un silence lourd a pesé sur ces événements».
Malgré les quelques avancées en 2021 et 2022, «il subsiste des confusions, des ambiguïtés, des insuffisances, notamment à l’égard de l’OAS, cette organisation terroriste qui refusait obstinément la paix et l’amitié entre les peuples. Il est significatif que soient escamotées les raisons qui ont conduit des dizaines d’Européens d’Algérie à trouver la mort rue d’Isly le 26 mars 1962.
LA NOCIVITÉ DU COLONIALISME
Dans le même esprit, il faut rendre compte de l’impasse dans laquelle on avait mis les harkis en les engageant pour combattre, les armes à la main, leurs compatriotes plus convaincus de la nocivité du colonialisme. Nous ne voudrions pas que sous couvert de réparations légitimes, on remette en question un jugement qualifié sur un système social particulièrement ségrégatif.
Jugeant tout à fait adéquate la date du 19 mars pour se recueillir et agir, le Mouvement de la Paix, qui a participé à la lutte contre la guerre d’Algérie, estime qu’il est possible d’avancer et de «réitérer notre proposition d’un traité de paix et d’amitié entre la France et l’Algérie permettant l’approfondissement des liens d’amitié et de coopération déjà largement développés entre les deux sociétés et si importants pour construire un espace méditerranéen de paix».