Soixante ans après le cessez le feu : 8 février 1962 : dernière furie policière

08/02/2022 mis à jour: 06:21
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Le 8 février 1962, neuf travailleurs syndiqués à la CGT, dont huit étaient membres du Parti communiste français, ont été sauvagement assassinés par les brigades spéciales de police. Ils participaient à une manifestation pacifique qui avait pour mot d’ordre «Contre les crimes et attentats de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) et pour le droit à l’autodétermination du peuple algérien». 
 

Le Comité Vérité et Justice pour Charonne et les organisations signataires de l’appel invitent au rassemblement commémoratif aujourd’hui 8 février 2022 à 18h au métro Charonne avec la présence de Delphine Renard, blessée grièvement lors de l’attentat visant le ministre de la Culture André Malraux, Jean-François Gavoury, président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anprovemo). Fabien Roussel, Secrétaire national du PCF, député ; Philippe Martinez, Secrétaire général du syndicat CGT et le maire du 11e arrondissement de Paris, François Vauglin.
 

Par ailleurs, la CGT Ratp (Transports en commun parisiens) rendra hommage aux victimes le même jour à 17h30 dans la station de métro. Il est aussi à signaler que le dimanche 13 février à 11h, un dépôt de gerbes aura lieu au cimetière du Père Lachaise sur les tombes des victimes (face au mur des Fédérés). Enfin, du 1er au 28 février, parvis de la mairie du 11e arrondissement, place Voltaire, une exposition de la ville de Paris : «Massacre au métro Charonne, le 8 février 1962». D’autres événements sont prévus. 

A l’initiative de la section PCF de Montfermeil, un hommage devait être rendu à Fanny Dewerpe au cimetière de la commune dimanche 6 février. La commune de Bonneuil-sur-Marne dévoilera une plaque aujourd’hui 8 février au soir. Diverses actions sont programmées dans les communes d’Aubervilliers, Drancy, Montfermeil, Montreuil, Amboise et Grenoble.
 

UN COLLOQUE DE L’ INSTITUT TRIBUNE SOCIALISTE 
 

Aujourd’hui 8 février, de 18h à 20h, au Maltais rouge (40 rue de Malte, 75011 Paris), l’Institut Tribune Socialiste (ITS) organise une rencontre-débat en hommage aux victimes de la manifestation syndicale et politique réprimée violemment par la police le 8 février 1962 au métro Charonne, quelques semaines après la répression anti-algérienne du 17 octobre 1961.
 

L’introduction de la soirée sera faite par Marc Mangenot, sur le thème : «Historique et contexte». A sa suite, interviendra Bernard Ravenel, historien, président de l’Institut Tribune Socialiste, puis Henri Leclerc, avocat, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme.
 

Une projection sera donnée du film Mourir à Charonne, pourquoi ? de Daniel Kupferstein. Divers témoignages seront apportés, dont celui de Dominique Wallon ; Delphine Renard (petite au moment des faits, blessée…) ; Jim House, historien britannique, spécialiste de l’Algérie.
 

Un débat conclura la rencontre. Possibilité de suivre l’événement en visioconférence via zoom. [email protected].
 

HISTOIRE COMMUNE, MÉMOIRES PARTAGÉES ?
 

Du 31 janvier au 28 février, la bibliothèque universitaire de La Rochelle accueille, à l’occasion du 60e anniversaire des Accords d’Évian, une exposition qui retrace l’histoire de l’Algérie du XIXe au XXe siècle : invasion, colonisation et guerre. 23 panneaux illustrent par des images, archives, photographies l’impact colonial et les incidences de la guerre pour l’indépendance de l’Algérie.
 

L’exposition est réalisée par un comité scientifique composé de Raphaëlle Branche, Abderahmen Moumen, et Jean-Jacques Jordi. Elle comprend trois parties : 1830-1954 de l’invasion (appelée conquête en France !) à la colonisation, 1954-1962 ou les années de guerre, et enfin l’après, avec l’histoire des mémoires du conflit.
L’Institut national de l’audiovisuel (INA) va publier le 1er mars sur sa plateforme internet 180 heures d’entretiens réalisés avec 66 témoins de la guerre d’Algérie, civils et combattants des deux camps.
 

Pour la première fois, 66 témoins du conflit, «civils algériens, Français d’Algérie, engagés et militaires de carrière français, militants indépendantistes du FLN et du MNA, membres de l’OAS, intellectuels et étudiants» ont relaté face caméra «leur guerre d’Algérie», souligne l’INA. «Ces témoins des guerres d’Algérie n’avaient jamais été entendus dans ce type de démarche aussi longue, interviewés par des historiens sur des entretiens», précise Agnès Chauveau, directrice générale déléguée de l’INA.
 

Ces témoignages, recueillis par l’historienne Raphaëlle Branche, spécialiste du conflit, et le réalisateur Rafael Lewandowski, constituent aussi le fil rouge d’une série documentaire intitulée En guerre(s) pour l’Algérie. Elle sera diffusée sur Arte les 1er et 2 mars en six parties. Les témoignages seront aussi mis en ligne sur la plateforme éducative publique Lumni dès le 10 mars. 
 

Au programme aussi une série radio de Rafael Lewandowski sur la radio publique France Culture du 28 février au 3 mars dans l’émission «LSD, la série documentaire», un livre En guerre(s) pour l’Algérie, écrit par Raphaëlle Branche, publié le 28 février, ainsi qu’un coffret de trois DVD à partir de mi-mars.

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