525 000 dollars. C’est à ce prix (environ 482 000 euros) que s’est récemment vendue une figurine vintage, devenant le jouet le plus cher au monde. Nommée «Boba Fett» et inspirée du chasseur de primes dans Star Wars, cette figurine datant de 1979 n’a jamais été officiellement commercialisée.
C’est un acheteur anonyme qui a permis au jouet rare de détrôner Barbie, a annoncé le 3 juin Heritage Auctions, une maison de vente aux enchères basée à Dallas (États-Unis). La poupée emblématique occupait cette place depuis 2010, année où une version arborant un collier de vrais diamants a été vendue aux enchères chez Christie’s pour 302 500 dollars (environ 282 000 euros).
Les efforts coûteux déployés par les collectionneurs afin de mettre la main sur des tels jouets ne sont pas rares dans ce secteur de niche, qui peut être lucratif, mais où les prix sont opaques et volatils, comme le note CNN. En réalité, la plupart des transactions les plus onéreuses sont conclues en privé, entre amateurs.
Valeur sentimentale
La spéculation et l’instabilité qui caractérisent presque tous les marchés de souvenirs, en particulier ceux liés au divertissement, s’expliquent par le fait qu’ils sont régis en partie par la nostalgie. Ceux qui ont grandi en jouant avec les premières figurines dans les années 1970 et 1980 ont aujourd’hui l’argent nécessaire pour acheter les jouets qu’ils possédaient lorsqu’ils étaient enfants –ou dont ils rêvaient mais qu’ils ne pouvaient acquérir.
«Les gens de mon âge ont le revenu disponible pour dire : “Je veux cette figurine de Rambo à 100 dollars, je veux cette figurine Star Wars à 400 dollars”», développe Justin Caravoulias, directeur de la consignation des figurines et des jouets chez Heritage Auctions, et qui collectionne des figurines G.I. Joe datant des années 1960 à nos jours.
Désormais, les adultes constituent même la cohorte la plus lucrative pour l’industrie du jouet, devançant les enfants d’âge préscolaire, et ce pour la première fois de l’histoire. Au cours du premier trimestre 2024, les personnes âgées de 18 ans et plus ont en effet dépensé plus de 1,5 milliard de dollars (environ 1,4 milliard d’euros) en jouets pour eux-mêmes, selon un rapport publié récemment par la société d’études de marché Circana.
Près de la moitié des adultes qui ont acheté un jouet pour eux-mêmes au cours des douze derniers mois l’ont justifié par «la socialisation, le plaisir et la collection». Des experts estiment que la crise du Covid-19 a constitué le catalyseur de l’intérêt des adultes pour les jouets. «Pendant la pandémie, lorsque les gens avaient beaucoup d’argent et de temps à passer chez eux, en famille ou seuls, ils voulaient renouer avec les jouets qui les rendaient heureux lorsqu’ils étaient enfants», analyse ainsi James Zahn, rédacteur en chef de la revue spécialisée The Toy Book.
Contrairement aux objets d’art ou aux souvenirs sportifs, le marché des figurines de collection est récent –les figurines n’existent que depuis le milieu des années 1960. Dans les années 1990, les adultes, poussés par cette fameuse nostalgie, ont commencé à rechercher les jouets de leur enfance. L’augmentation de la demande, associée à la rareté de trouver ces jouets dans leur emballage d’origine, a fait grimper les prix des figurines en parfait état. Aujourd’hui, cette tendance se poursuit.