Vous aimez raconter que votre travail vous contraint à vivre à cent à l’heure, que vous êtes débordé en permanence et que le dernier dossier sur lequel on vous a demandé de plancher vous a flanqué un stress pas possible? Si vous voulez vous faire bien voir par vos collègues et vos supérieurs, il est conseillé de mettre le holà sur ce genre de discours –personne n’a dit que c’était sain.
Une étude récemment publiée dans la revue Personnel Psychology et relayée par le Huff Post donne en effet tort aux personnes qui pensent se faire bien voir en évoquant régulièrement l’anxiété que leur apporte leur activité professionnelle.
Chez une partie des individus, évoquer son stress au travail relève d’une forme de vantardise: c’est une façon d’indiquer qu’on s’implique dans son job sans aucune limite et qu’on est prêt à souffrir encore et encore si c’est nécessaire. Selon Jessica Rodell, chercheuse de l’université de Géorgie qui a dirigé l’étude en question, les personnes qui mettent fréquemment en avant le stress apporté par leur travail sont moins appréciées que la moyenne par leurs congénères. Mais ce n’est pas tout: elles sont aussi perçues comme moins compétentes.
Dans cette «société qui glorifie le fait d’être débordé», comme la décrit la psychothérapeute Shannon Garcia, mieux vaut apparemment ne pas évoquer son stress ni sa surcharge de travail de façon trop frontale ou répétée.
Une expression différente
L’équipe de Jessica Rodell n’invite pas les travailleurs et travailleuses à se murer dans le silence, mais plutôt à réfléchir à leur façon d’exprimer leur état. Parler sans cesse de son stress sera perçu comme une forme de vantardise: les autres interprèteront ces prises de parole comme le fruit d’une volonté de se faire voir comme un bon petit soldat.
Pourtant, cela peut aussi constituer une forme d’appel à l’aide. Pour la psychologue et coach Lauren Appio, les personnes qui ne font que parler de leur stress, de leurs délais intenables et des dossiers qui s’amoncellent sont peut-être tout simplement en train d’appeler à l’aide, «en espérant que quelqu’un s’intéresse à leur situation sans qu’elles aient à en parler de façon plus transparente».
En tout cas, si votre objectif est d’obtenir une promotion ou une augmentation, cette méthode est fortement déconseillée: vous serez considéré soit comme un lèche-bottes, soit comme quelqu’un qui pourrait finir par faire un burn-out. En outre, les observateurs notent que les personnes qui se plaignent le plus au travail, qu’elles aient véritablement des raisons de le faire ou non, ont tendance à oublier de demander aux autres comment ils se sentent dans cet environnement. D’où une réputation de personnes égocentriques qui leur pend au nez.
Le stress est aussi très communicatif; dans cette optique, vos collègues n’ont a priori pas envie que vous leur communiquiez le vôtre, car il risquerait de venir s’ajouter au leur. Bref, si votre activité professionnelle vous empêche de dormir la nuit ou vous procure des crampes d’estomac, mieux vaut en parler de façon construite à des interlocuteurs bien choisis: collègue de confiance doté d’une oreille attentive, responsable des ressources humaines ou supérieur bienveillant. Et si aucun de ces profils n’existe dans votre secteur d’activité, c’est peut-être qu’il est temps de penser à prendre la fuite si vous le pouvez.