Cela fait des mois qu’on en parle, désormais, c’est officiel : le sixième Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-2022) sera lancé dans quelques jours. L’opération débutera très exactement le 25 septembre prochain et s’étalera jusqu’au 9 octobre.
C’est ce qu’a annoncé hier le directeur général de l’ONS, Youcef Bazizi, à l’occasion d’une nouvelle édition du Forum d’El Moudjahid consacrée au prochain recensement. Rappelons que le premier recensement post-indépendance a eu lieu en 1966. Les recensements suivants ont eu lieu respectivement en 1977, 1987, 1998, et le dernier RGPH remonte à 2008. Le directeur général de l’ONS partageait la tribune du Forum, ce dimanche, avec Khaoula Mezaache, représentante du ministère de l’Intérieur ; Amar Ouali, directeur de la population au ministère de la Santé et de la Population, et Hocine Bourenane, directeur général des statistiques au ministère de la Numérisation et des Statistiques. Il y avait également à la tribune notre consœur d’El Moujadhid, Kafia Aït Allouache, modératrice du Forum.
Et comme pour planter le décor, on pouvait remarquer sur un flanc de la salle de conférence, près du pupitre, une affiche conçue spécialement pour ce 6e RGPH. L’affiche met en scène une famille algérienne et une carte de l’Algérie, et elle est assortie de ce slogan : «Nous recensons notre présent pour construire notre avenir».
En bas de l’affiche, ce site web : «ihsaa2022.dz», une plateforme numérique spéciale RGPH.
Plus de 53 000 agents recenseurs engagés
L’opération de recensement, qui s’étalera donc sur quinze jours, va mobiliser quelque 53 493 agents recenseurs, selon le DG de l’ONS, auxquels s’ajoutent plus de 8000 agents contrôleurs et 2255 «agents de réserve». Le RGPH consistera à collecter des données à la fois à caractère démographique et des informations permettant de faire une évaluation du parc logement national et des conditions d’habitation.
D’après un document de l’Office national des statistiques cité par l’APS (dépêche du 4 septembre), le RGPH concerne «quatre catégories de population dont le ménage ordinaire ou collectif, le ménage nomade, la population comptée à part et la population sans domicile fixe». «Il s’agit de recueillir des informations socio-démographiques et économiques pour chaque membre du ménage (identification des membres du ménage, nuptialité, fécondité des femmes non célibataires, mobilité et migration, éducation et scolarité, utilisation des technologies de l’information et de la communication, difficultés motrices sensorielles et cognitives et activité économique)», détaille la même source.
Et de préciser encore : «Le recensement concerne aussi les décès survenus dans le ménage au cours des 12 derniers mois, ainsi que le départ à l’étranger (émigration) au cours des 5 dernières années». Nous le disions : cette opération porte dans une large mesure sur la qualité de l’habitat. «Le RGPH concerne, en outre, toutes les constructions à usage d’habitation et les caractéristiques du parc logement (tous les logements occupés, inoccupés, secondaires, non encore livrés, abandonnés etc.) et tous les logements à usage professionnel», souligne l’ONS. «Lors de l’opération, l’agent recenseur recueille des informations sur la construction, le logement ainsi que les commodités et l’équipement du ménage», apprend-on encore.
Des tablettes à la place des questionnaires classiques
A noter que c’est la première fois que l’opération de collecte des données dans le cadre d’un RGPH sera menée en ayant recours aux nouvelles technologies. Ainsi, les agents recenseurs utiliseront des tablettes numériques équipées d’une puce SIM 4 G au lieu des questionnaires classiques sur formulaire papier.
Le directeur de l’ONS a fait savoir que 53 000 tablettes ont été acquises pour conduire cette opération. Les données «sont instantanément transférées au serveur où elles sont sécurisées», a-t-il assuré. Il a indiqué que les agents recenseurs engagés «sont très bien formés».
Ceux-ci ont reçu une formation spéciale d’une semaine. Suivant les districts dont ils auront hérités, «ils ont une soixantaine de ménages à questionner en zone rurale, et entre 100 et 150 ménages en zone urbaine».
Ils recevront une rémunération forfaitaire de 29 000 DA. Youcef Bazizi n’a pas de doute sur le fait que la collecte de données sera bouclée dans les temps. «C’est cadré de sorte que l’agent de recensement puisse travailler à l’aise, et qu’il puisse terminer les ménages de son district en l’espace de 15 jours. Nous avons testé les documents, nous avons testé l’application et nous avons aussi testé le rendement. Le découpage en districts a été conçu de façon à ce qu’on puisse terminer en 15 jours», a-t-il déclaré. «Il y a une cartographie du recensement sur laquelle nous travaillons depuis plus de deux ans».
Le directeur général de l’ONS a affirmé par ailleurs que le «budget global de l’opération est de l’ordre de 5 milliards de DA». «Il n’y a pas que la rémunération des agents recenseurs. Tout y est intégré, y compris le carburant, les déplacements, l’acquisition du matériel informatique et tout particulièrement l’acquisition des tablettes», a-t-il expliqué.
D’après lui, les premiers résultats de cette grande enquête démographique seront connus environ trois mois après la phase de collecte des données. «Nous pensons qu’au bout de trois mois, on peut donner les premiers résultats globaux, sans aller dans les détails», a-t-il avancé, ajoutant qu’il faudra attendre environ une année pour des résultats plus affinés. Il précise dans la foulée : «Le recensement, c’est une mine d’or. Son exploitation ne se termine qu’avec le prochaine recensement».
«Un outil d’aide à la décision»
A propos de la fiabilité des informations recueillies, M. Bazizi rassure : «Les agents ont un code à suivre pour chaque information. Ils peuvent se tromper au moment de reporter une information sur la tablette, par exemple taper 16 au lieu de 61 pour l’âge. Mais ces erreurs sont corrigées a posteriori.
Il existe des techniques de correction des erreurs universellement admises». «L’information statistique n’est pas utilisable au niveau des individus mais au niveau global. La statistique, c’est la loi des grands nombres. Quand on a des ratés, dans les résultats globaux, ça n’apparaît pas», soutient-il.
Pour lui, cela sert avant tout à donner «un ordre de grandeur». «Les statistiques, c’est différent de la compatibilité. Dans tous les pays ça se passe ainsi», insiste-t-il. Tous les intervenants à ce forum ont été unanimes pour souligner l’importance «stratégique» du RGPH. «C’est un outil d’aide à la décision pour les pouvoirs publics», résume Youcef Bazizi. Maintenant que ses équipes sont fin prêtes, le directeur de l’ONS exhorte les citoyens à jouer le jeu. «Il est important de sensibiliser la population sur cette opération qui ne peut apporter que du bien à tout le monde.
Ce recensement permettra aux pouvoirs publics d’agir de façon ciblée et d’ajuster les politiques de développement au niveau local. On saura ainsi qu’est-ce qui manque, où ça manque. Ça permettra aussi d’opérer des rééquilibrages au niveau régional et de mettre la lumière sur les zones d’ombre», plaide-t-il.
Et d’appeler les Algériens à «aider nos agents recenseurs à collecter une information qui soit la plus fiable possible pour l’intérêt de la population et pour l’intérêt du pays».