Six otages israéliens détenus par le Hamas à Ghaza ont été retrouvés dans un tunnel à Rafah. Ils étaient tous morts. Alors qu’Israël accuse le Hamas de les avoir abattus «de sang-froid», le mouvement de résistance palestinien a rejeté ces accusations en affirmant que ce sont les bombardements aveugles de l’armée israélienne qui les ont tués. Le Hamas a également pointé l’entêtement de Netanyahu à poursuivre sa guerre dévastatrice et son rejet de tout accord de cessez-le-feu durable qui aurait épargné la vie des otages.
Les corps sans vie de six otages israéliens détenus à Ghaza, deux femmes et quatre hommes, ont été retrouvés samedi dans un tunnel à Rafah. C’est ce qu’a annoncé hier l’armée israélienne. Le président américain, Joe Biden, avait annoncé plus tôt la nouvelle, sachant que l’un des captifs retrouvés, Hersh Goldberg-Polin, détient aussi la nationalité américaine. «Plus tôt dans la journée (samedi, ndlr), dans un tunnel sous la ville de Rafah, les forces israéliennes ont récupéré six corps d’otages détenus par le Hamas, dont celui de l’Israélo-Américain Hersh Goldberg-Polin», a indiqué Biden dans un communiqué avant-hier soir, en se disant «dévasté et indigné».
Le président américain a fait part de sa détermination à continuer à «travailler 24 heures sur 24 pour parvenir à un accord qui garantisse la libération des otages restants». «Je pense que nous sommes sur le point de parvenir à un accord», a-t-il encore répété malgré les écueils insurmontables qui ont une nouvelle fois fait échouer le dernier cycle de pourparlers.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a accusé le Hamas d’avoir abattu «de sang-froid» les otages «juste avant qu’on arrive à eux». Hamas a aussitôt rejeté ces accusations.
Un cadre du mouvement de résistance palestinien a révélé hier à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, que «certains» des six captifs «faisaient partie de la liste des otages à libérer que le Hamas avait approuvée». Parmi eux, l’Israélo-américain Hersh Goldberg-Polin, a-t-il laissé entendre. D’après lui, «plusieurs» des otages «étaient vivants et ont été tués par des tirs et des bombardements de l’occupant israélien».
Un autre responsable du mouvement, Ezzat Rishq, cité par l’AFP, fera observer qu’Israël était «le responsable de la mort des otages, parce qu’il s’entête à poursuivre sa guerre génocidaire (...) et à fuir tout accord de cessez-le-feu». Un autre cadre du Hamas, dont les propos ont été repris par Al Jazeera, déclare : «Le responsable de la mort des otages est l’occupation israélienne qui insiste à poursuivre la guerre d’extermination, et l’administration américaine en raison de son soutien à l’agression.»
«Les prisonniers ont été tués par les bombardements sionistes. Et le président Biden, s’il se soucie de leur vie, doit cesser de soutenir l’ennemi.» «Nous sommes plus attachés que Biden à la préservation de la vie des otages, c’est pourquoi nous avons accepté sa proposition et la résolution du Conseil de sécurité, tandis que Netanyahu les a rejetées», a-t-il insisté.
Les familles des otages accablent Netanyahu
Réagissant à cette nouvelle, le Forum des familles des otages a une nouvelle fois accablé Netanyahu et son entêtement à ne pas conclure un accord de trêve avec le Hamas. «Un accord pour le retour des otages était sur la table depuis deux mois. Sans les retards, les sabotages et les prétextes, ceux dont nous avons appris la mort ce matin (hier, ndlr) seraient certainement encore en vie», a dénoncé le Forum, cité par l’AFP.
Cette nouvelle a provoqué un tollé au sein de la société civile israélienne, car elle met clairement à nu la politique suicidaire du va-t-en-guerre Netanyahu. La centrale syndicale israélienne, la Histadrout, a annoncé hier le déclenchement d’une «grève générale» aujourd'hui pour mettre la pression sur le gouvernement Netanyahu et l’obliger à signer un accord de trêve avec le Hamas, sachant que des dizaines d’otages sont encore en vie à Ghaza.
«Nous devons faire cesser cet abandon des otages (...) Demain (lundi) à 6h, toute l’économie israélienne sera en grève générale», a martelé hier le chef de la puissante centrale syndicale, Arnon Bar-David, lors d’une conférence de presse, selon l’AFP. «A 8h, l’aéroport sera fermé, les décollages et les atterrissages cesseront», a prévenu un communiqué de la Histadrout.
«Il faut que nous parvenions à un accord, c’est le plus important», appuie Bar-David. Il s’agace du fait que «la situation ne progresse pas» et «c’est à cause de considérations politiques.
Et cela est inacceptable». Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a appelé de son côté la centrale syndicale, «les municipalités et les employeurs» à la «grève générale», via sa page Facebook. «Ils étaient en vie et Netanyahu et son cabinet de la mort ont décidé de ne pas les sauver. Il reste des otages vivants, on peut encore obtenir un accord», estime Lapid.