Il y a trois jours, l’armée d’occupation israélienne a bombardé une école abritant des déplacés à Nuseirat, au centre de la bande de Ghaza. Cette attaque a fait 18 morts dont six travailleurs humanitaires employés de l’UNRWA. «Ce qui se passe à Ghaza est totalement inacceptable. Ces violations dramatiques du droit humanitaire international doivent cesser immédiatement » a dénoncé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Les massacres commis par l’armée israélienne se suivent à une cadence infernale, suscitant toujours les mêmes mots d’indignation, la même émotion, sans que cela arrête la machine de guerre infernale de Benjamin Netanyahu. L’un des derniers carnages de l’occupant sioniste est le bombardement d’une école, mercredi dernier, dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de la bande de Ghaza. Il s’agit de l’école Al Jouni qui abrite des déplacés.
Cette attaque a fait 18 morts selon la Défense civile palestinienne. Parmi les victimes figurent six employés de l’ONU, précisément des membres du personnel de l’UNRWA. « Il s’agit du plus grand nombre de morts parmi nos collaborateurs en une seule fois » déplore l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. Son commissaire général, Philippe Lazzarini, a parlé d’une « tuerie interminable et insensée, jour après jour » à Ghaza, rapporte Onu-Info.
Il a affirmé sur le réseau X qu’au moins 220 employés de l’agence avaient perdu la vie en 11 mois de bombardements acharnés. «Le personnel, les locaux et les opérations humanitaires ont été ignorés de manière flagrante et constante depuis le début de la guerre », a-t-il dénoncé avant d’appeler à un cessez-le-feu et à la reddition des comptes.
« Plus l’impunité prévaudra, plus le droit international humanitaire et les conventions de Genève deviendront sans objet » a-t-il fustigé.
Ce nouveau crime de guerre a été vigoureusement condamné par le secrétaire général des Nations unies et plusieurs capitales occidentales. « Une école transformée en refuge pour 12 000 personnes a à nouveau été visée par des frappes aériennes israéliennes aujourd’hui (mercredi, ndlr).
Six de nos collègues de l’UNRWA figurent parmi les morts », a réagi Antonio Guterres mercredi soir, peu après le drame, sur le réseau social X. « Ce qui se passe à Ghaza est totalement inacceptable. Ces violations dramatiques du droit humanitaire international doivent cesser immédiatement » a-t-il insisté.
Condamnations unanimes
Dans une autre déclaration publiée jeudi par son porte-parole, le Secrétaire général de l’ONU a estimé que « cet incident doit faire l’objet d’une enquête indépendante et approfondie afin de garantir que les responsables rendent des comptes », a-t-il dit. Il a en outre appelé toutes les parties à s’abstenir d’utiliser les écoles, les abris ou les zones qui les entourent à des fins militaires.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a appelé de son côté à protéger les personnels humanitaires à Ghaza. « Nous devons assurer la protection des sites humanitaires, et c’est une question que nous continuons à aborder avec Israël » a-t-il clamé depuis la Pologne où il se trouvait ce jeudi.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a jugé pour sa part « totalement inacceptable » la disparition brutale de six employés de l’ONU dans la frappe aveugle israélienne. « Les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être victimes de roquettes », a déclaré le ministère allemand jeudi sur le réseau X.
« L’armée israélienne a la responsabilité de protéger les collaborateurs de l’ONU et les travailleurs humanitaires » a souligné le département dirigé par Annalena Baerbock. Autre réaction émue : celle du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell qui s’est dit « scandalisé » par ce carnage. « Le mépris des principes fondamentaux du droit international humanitaire, en particulier de la protection des civils, ne peut et ne doit pas être accepté par la communauté internationale » a-t-il martelé.
190 installations de l’UNRWA ciblées
Pour justifier son crime, l’armée israélienne a une nouvelle fois affirmé dans un communiqué « avoir mené une frappe de précision » contre des combattants du Hamas « qui opéraient » à partir de cette école. Elle dit avoir demandé à l’UNRWA de lui fournir « des informations détaillées et les noms des travailleurs », afin d’enquêter, indique l’AFP.
Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA, a assuré à l’agence de presse française « ne pas avoir connaissance d’une telle demande », ajoutant que l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens « partage chaque année les listes de tous ses employés avec les gouvernements hôtes, et dans le contexte de la Cisjordanie et de Ghaza, avec l’Etat d’Israël en tant que force occupante ».
Depuis le début de la guerre contre Ghaza, les forces d’occupation sionistes n’ont eu de cesse de bombarder des écoles de l’UNRWA hébergeant des déplacés. L‘école qui a été visée mercredi a été frappée pour la cinquième fois depuis octobre 2023. D’après un communiqué de l’agence onusienne cité par l’APS, « 190 installations ou centres appartenant à l’UNRWA ont été partiellement ou totalement détruits par les attaques israéliennes ».
Le directeur adjoint du bureau des médias de l’UNRWA à Ghaza, Inas Hamdan, a déclaré qu’ « au moins 563 personnes sont mortes et 1 790 personnes ont été blessées lors des attaques contre les écoles de l’UNRWA » depuis le déclenchement de la campagne militaire israélienne contre le peuple palestinien.
Près de 18 000 enfants palestiniens livrés à eux-mêmes
Les attaques répétées contre les travailleurs humanitaires à Ghaza ne font qu’aggraver la détresse d’une population civile livrée à elle-même, notamment les catégories les plus vulnérables.
C’est le cas des orphelins de la guerre. Le coordinateur spécial adjoint de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Mohannad Hadi, a indiqué à ce propos lors d’un point de presse dans les bureaux du Centre régional d’information des Nations unies pour l’Europe occidentale (UNRIC), à Bruxelles : « Entre 17 000 et 18 000 enfants non accompagnés, garçons et filles, errent dans les rues de Ghaza sans aucune protection et sans aucun membre de leur famille ».
« De l’eau propre, un simple café ou un petit-déjeuner : ces choses ordinaires sont devenues des rêves pour la population palestinienne de Ghaza après 11 mois de guerre », a-t-il déploré selon des propos rapportés par l’APS.
Le responsable onusien a également insisté sur « le sentiment de désespoir et d’attente sans but auquel la population est confrontée à Ghaza, sans savoir si l’on sera encore en vie à la fin de la journée ». Mohannad Hadi s’est rendu à Bruxelles, dit-il, pour « expliquer l’agonie de la population (de Ghaza, ndlr) et s’assurer que nous continuons à recevoir le soutien politique et financier » des Etats membres de l’UE, ainsi que « le soutien nécessaire pour que nous puissions faire notre travail ». « Nous sommes l’espoir des habitants de Ghaza » a-t-il conclu. M. B.