Loin de tout subjectivisme et s’appuyant sur des faits scientifiques et historiques irréfutables, la région de Constantine a été consacrée 8e Merveille du monde par le Club de spéléologie et d’activités de montagne de constantine (CSAMC).
Cette qualification, loin d’être une simple proclamation, est le fruit d’une rencontre scientifique d’envergure organisée par le club, samedi 25 mai au sein de la bibliothèque principale de lecture publique Mustapha Nettour à Bab El Kantara, à Constantine.
Cette rencontre a réuni un panel d’experts, dont des chercheurs universitaires, des représentants d’institutions publiques telles que l’Office de gestion et d’exploitations des biens culturels protégés (OGEBC) et des spéléologues chevronnés venus de diverses wilayas du pays, notamment Bordj Bou Arréridj, Oum El Bouaghi et Béjaïa. L’objectif était de lever le voile sur les richesses insoupçonnées de Constantine et de ses environs, souvent méconnues du grand public, y compris des Constantinois eux-mêmes.
Le Dr Amine Chanti, président du club organisateur, a convié l’auditoire à un voyage fascinant à travers l’histoire de la ville, débutant par l’art rupestre, sous ses formes de peintures et de gravures, découvert dans la région.
Des exemples concrets de ces trésors historiques, témoignant de l’ancienneté de la ville, ont été cités, tels que les bas reliefs de Kef Tessenga et Kef Terfena. Il a aussi mis en lumière la technique du piquetage et martelage à l’aide d’outils en pierre, observable à Kef Tessenga.
Un aspect moins connu de l’art rupestre de la région, qui est la peinture rupestre, a également été présenté par l’intervenant. Des sites tels que Kef Sidi Bouhdjar et Kef Ras Lahnech à Aïn Nahas, dans la commune d’El Khroub recèlent des trésors artistiques remarquables. Poursuivant sa présentation, le président du club a dévoilé une carte des grottes préhistoriques de Constantine, soulignant notamment la Grotte des pigeons située sous le deuxième tunnel du boulevard de l’Abîme, la Grotte des ours (Ghar Zaher) d’une longueur de 60 mètres et d’une largeur de 6 mètres, et la Grotte du mouflon située à 200 mètres à l’est de la Grotte des ours. Cette dernière, selon ses dires, recèle des richesses archéologiques exceptionnelles, conservées dans une salle du musée Cirta mais jamais exposées au public.
Terrains sédimentaires d’âge crétacé à quaternaire
Reda Bensabaini, spéléologue au CSAMC, a quant à lui révélé deux découvertes majeures. La première concerne un gouffre d’ossements découvert en 2023 dans une grotte à trois salles située dans la commune de Ben Badis (connue sous le nom d’El Haria). Des spécialistes et des éléments de la police scientifique de la sûreté et de la gendarmerie se sont rendus sur place pour déterminer l’époque à laquelle ces ossements appartiennent.
«Pour l’instant, nous attendons toujours la réponse sur les ossements que nous avons découverts», a-t-il souligné. Pour ce qui est de leur deuxième découverte qui est la Grotte de la mine, ajoute-t-il, cette dernière qui nécessite une exploration plus approfondie.
M. Chanti a par ailleurs attiré l’attention, en marge de la rencontre, sur la richesse des archives françaises à Paris, qui recèlent des détails et des cartes précieuses sur Constantine. Il a également déploré le manque de protection de ces sites remarquables, soulignant la nécessité de leur mise en valeur et de leur préservation.
Constantine, source d’inspiration pour de nombreux écrivains illustres tels que Tahar Ouettar, Abdelhamid Benhedouga, Kateb Yacine et Malek Haddad, et immortalisée par des voyageurs de renom comme Ibn Battuta et Al Idrissi, s’affirme comme un véritable coffre aux trésors. Nacer Beloucif, professeur à l’université de Biskra, a d’ailleurs souligné, en analysant la carte géologique de Constantine, que «la ville et sa périphérie offrent, sur un espace relativement réduit, une grande variété de terrains sédimentaires d’âge crétacé à quaternaire. Leur structure géométrique est difficile à maîtriser par suite d’une tectonique alpine et néogène complexe, et de fréquentes variations latérales de faciès dans les formations miocènes».
En marge de cette journée enrichissante, une exposition de spéléologie, de paléontologie et d’apiculture a été organisée, suivie d’une sortie sur le terrain animée par le club.