Diplômée en traduction à l’université d’Alger, la romancière a évoqué sa trilogie Sakarat Nedjma, composée de Fi el badê kanat al-kalima et Thabet edholma. Elle indique que sa trilogie traite des questions qui sont en relation directe avec la vie des Algériens et de la culture populaire, faisant partie du legs anthropologique. Elle est convaincue que chaque auteur qui ne s’appuie pas sur la culture populaire s’éloigne de ses lecteurs. «La littérature n’est pas une expression exclusive pour les élites, elle doit savoir exprimer les obsessions et les préoccupations communes.
Pour moi, la littérature, ce n’est pas uniquement une expression d’élites mais beaucoup plus. Il faut qu’on sache exprimer surtout les obsessions et aussi les préoccupations des algériens communs», dit t elle. Amel Bouchareb maîtrise la langue italienne, mais elle a préféré confié la traduction de sa trilogie à la traductrice italienne Jolanda Guardi.
Concernant le changement du choix du titre de son ouvrage en langue italienne (Le blanc et le noir), la romancière précise qu’il n’est pas toujours aisé de traduire les nuances que nous avons dans la langue arabe. «Le titre de mon livre Sakarat Nedjma renvoie au livre de Kateb Yacine en Algérie. En revanche, en Italie, même si on parle du livre référence du grand Kateb Yacine, Nedjma n’évoque rien malheureusement dans l’imaginaire italien, C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de changer le titre pour «Le blanc et le noir». Le noir fait référence à la blancheur de la ville d’Alger et le noir à la magie noire et à la sorcellerie».
Bien qu’installée en Italie depuis 2014, la romancière a toujours publié dans un premier temps ses livres en Algérie. «Tous mes livres ont été édités d’abord en Algérie, car il est très important pour moi de rester en contact direct avec les lecteurs de mon pays. Les protagonistes de mes œuvres sont Algériens et ils doivent avoir l’exclusivité de la lecture de mes œuvres. C’est important d’être la plus proche du lecteur algérien», avoue-t-elle.
C’est parce que l’intrigue est importante chez elle, qu’elle a choisi le thriller. Un genre littéraire dont elle se plait à donner autant d’émotion et de suspens que tout lecteur s’approprie par empathie. Selon elle, l’écriture d’un roman n’est pas une tâche facile. Chaque auteur se doit de faire des efforts dans le processus d’écriture afin que le lecteur le ressente. «Mes trois thrillers sont le fil qui me relie avec mes lecteurs. Je pense que c’est important aussi de parler avec tout ce qui est humain. On aime créer entre autres la curiosité. Je pense qu’il ne faut pas créer toujours des narrations linéaires.»
De son côté, la traductrice italienne Jolanda Guardi explique comment elle est arrivée à traduire Amel Bouchareb avec une série de coïncidence. «J’ai une amie à Turin qui a une maison d’édition ‘‘Les assassins’’, qui publie uniquement les romans policiers écrits par des femmes qui ne sont pas italiennes. Un jour, elle m’a demandé si j’avais des romans policiers. Je lui ai fait deux propositions. Au final, elle a choisi l’œuvre d’Amel Bouchareb.
Son roman policier est bien construit. Vous ne connaîtrez l’identité de l’assassin qu’à la dernière page. Je pense que c’est beaucoup plus qu’un roman policier», informe-t-elle. La romancière et traductrice Amel Bouchareb estime qu’à travers ses œuvres, elle tend à créer des passerelles entre les lecteurs algériens et les lecteurs d’autres continents.
De son avis, la plume poétique arrive à créer une certaine sympathie entre le lecteur et l’auteur, tandis que le thriller crée un lien plus fort. « J’aime le thriller car il crée un lien unique avec le lecteur.
On n’écrit pas un roman pour nous-mêmes ou pour exprimer nos réflexions, l’idée littéraire doit s’adresser à l’ensemble des mortels et le processus narratif doit être basé sur de profondes recherches afin que chaque citoyen du monde puisse s’identifier dans l’histoire. Les humains ont les mêmes intérêts, sentiments, rêves et espoirs», argumente-t-elle. Prenant la parole, Jolanda Guardi considère que la traduction de cette trilogie a été un travail des plus passionnants et des plus difficiles à la fois. «Amel Bouchareb est une romancière brillante. Elle a un très haut niveau en langue arabe.
Son vocabulaire est déjà riche en vocabulaire avec plus de deux millions de mots. Elle choisit le mot avec beaucoup de précision pour exprimer son idée, et la difficulté réside dans la structure de la phrase. Amel écrit en arabe, certes, mais en lisant son œuvre, il y a au fond le reflet des autres langues qu’elle maîtrise, dont l’italien, le français et l’anglais.» Yolanda Guardi s’est toujours passionnée pour la littérature arabe en général et algérienne en particulier.
Son souci de faire connaître cette littérature algérienne au lectorat italien. Elle a déjà traduit des romans algériens, signés par entre autres par Ahlam Mostaghanmi, Rachid Boudjedra, Abdelhamid Benhadouga, Mohamed Magani, Said Boutadjine, Djilali Khellas et de Bachir Mefti.