Malgré l’annonce d’une amélioration de l’approvisionnement en eau potable – passage d’un jour sur trois à un jour sur deux –, les particuliers sont de plus en plus nombreux à solliciter les «vendeurs» d’eau qui sillonnent, sans discontinuer, la ville à bord de leurs camions-citernes, parfois de simples remorques équipées de citernes en plastique.
En ce début du mois sacré, les robinets ne déversent plus le précieux liquide que quelques heures tous les deux jours dans la plupart des quartiers de la ville de Sidi Bel Abbès.
Malgré l’annonce d’une amélioration de l’approvisionnement en eau potable- passage d’un jour sur trois à un jour sur deux-, les particuliers sont de plus en plus nombreux à solliciter les «vendeurs» d’eau qui sillonnent, sans discontinuer, la ville à bord de leurs camions-citernes, parfois de simples remorques équipés de citernes en plastique.
Du côté des cités périphériques de Sidi Djillali et de Benhamouda, la crise de l’eau, qui dure depuis des années, a induit de nouveaux comportements.
Les heures de passage des «vendeurs» d’eau sont connues de tous. La commercialisation du précieux liquide fait désormais partie des gestes de tous les jours, alors que cette pratique échappe à tout contrôle et s’effectue sans autorisation préalable des instances officielles.
«Eau de Chorfa (en référence au barrage de Chorfa, ndlr), eau de source»… c’est avec ces quelques mots aguicheurs, transcrits sur les portières des camions, que les «porteurs d’eau» attirent leur clientèle.
«C’est de l’eau douce. En tout cas de meilleure qualité que celle vendue en bouteille dans les superettes», se contente de nous répondre un vendeur d’eau à qui nous avions demandé si cette eau provenait réellement de Chorfa et était traitée et contrôlée pour une consommation domestique.
Il affirme qu’aucun de ses clients n’a eu à se plaindre de la qualité de l’eau, mais ne concède aucune réponse claire sur son origine. Pratiquant des tarifs qu’il considère comme abordables, entre 1500 et 2000 dinars pour une citerne en moyenne de 3000 litres, notre interlocuteur dit avoir une préférence pour les quartiers populeux où la demande est des plus élevées notamment à l’approche de la saison des chaleurs. Il évite ainsi les grandes artères du centre-ville où il risque de subir les contrôles de police et les embouteillages.
Ce n’est pas le cas pour d’autres vendeurs qui, depuis quelques semaines, n’hésitent plus à stationner leurs camions au bas des immeubles donnant sur les principaux boulevards. «Jamais je n’aurai cru devoir faire appel à un camion-citerne pour réapprovisionner la bâche à eau de l’immeuble.
Cela fait un demi-siècle que j’habite ici et c’est la première fois que cela se produit», avoue un habitant logé au 4e étage d’un immeuble. Il explique être obligé de recourir à ce mode d’approvisionnement face aux restrictions drastiques imposées par l’ADE et la difficulté d’alimenter les niveaux supérieurs des immeubles faute de «pression suffisante», dit-il.
Pour y remédier, les propriétaires de camions-citernes se pointent avec des kits complets (pompes à eau, tuyauterie, générateur d’électricité) pour alimenter les points les plus élevés.
Mais cette pratique consistant à vendre de l’eau pour l’approvisionnement des bâches et cuves à eau, étendue désormais au centre-ville, est fortement dénoncé par les patriciens de la santé publique et les défenseurs des consommateurs. «Les risques liés au développement de certains microbes dans des citernes ne répondant pas généralement aux normes d’hygiène sont grands», fait remarquer un médecin du secteur public.
Et d’ajouter : «Avec la hausse de température, en saison estivale, la crainte des maladies à transmission hydrique (MTH) s’accroît. Des particuliers recourent aux citernes sans connaître l’origine de la source où l’eau a été puisée. Et c’est une véritable hantise pour le corps médical et les instances chargées de lutter contre les MTH.»
Pour éviter tout contrôle ou parce qu’ils n’en ont pas l’autorisation, des individus peu soucieux de la santé des gens puisent l’eau dans des puits qui «n’ont pas forcément été traités à la chaux et même ailleurs», poursuit notre interlocuteur.
Selon lui, l’activité de vente d’eau devrait être strictement contrôlée et dévolue, en partie, à l’Algérienne des eaux en attendant la mise en place de systèmes hydriques en mesure de répondre aux besoins sans cesse croissant de la population locale.
Début avril, la ville de Sidi Bel Abbès a bénéficié de la mise en service d’un système de dérivation d’eau à partir de cinq forages réalisés à Sidi Ali Benyoub. Ces forages permettent le transfert d’une quantité estimée à 8000 m3 par jour, selon les services de l’hydraulique.