Avec le déversement abondant des eaux usées des villes et des agglomérations, l’unique station d’épuration installée dans la wilaya reste en deçà des objectifs de protection fixés par les services de l’hydraulique.
L’oued Seybouse, dont le bassin versant d’une superficie de 6 471 km2 est le plus important d’Algérie, subit quotidiennement, en aval, un déversement abondant des eaux usées provenant des grandes villes, villages et agglomérations secondaires dans la wilaya de Guelma, sans pour autant être protégé dans sa globalité par des stations d’épuration des eaux usées (Step) comme le voudrait la réglementation.
En effet, bien que la Seybouse prenne naissance à Guelma et se déverse 240 kilomètres plus loin au nord, dans la Méditerranée, à travers l’embouchure tristement célèbre de Sidi Salem (wilaya d’Annaba), l’unique Step de la wilaya, à ne pas confondre avec des équipements similaires destinés aux établissements classés (usines), est opérationnelle depuis 2008. Elle a été implantée à quelques encablures au nord du chef-lieu sur la route d’Annaba.
Mais cet équipement (la Step de Guelma) reste en deçà des objectifs de protection fixés par les services de l’hydraulique de la wilaya. L’installation d’une batterie de Step et mini Step à proximité des agglomérations permettrait la dépollution des eaux usées domestiques et celles des autres établissements urbains, en restituant une eau bactériologiquement acceptable, surtout exempte de métaux lourds et autres résidus nocifs à concentration élevée dépassant les niveaux tolérables aux affluents et à la Seybouse elle-même.
En somme, une eau destinée pour l’irrigation de milliers d’hectares de terres fertiles de la plaine de Guelma et de Bouchegouf, mais aussi des oueds dont la qualité des eaux permettrait un repeuplement significatif de la faune aquatique et de la flore, aujourd’hui terriblement éprouvée, voir anéanties.
«Ce que je peux vous dire dans ce volet c’est qu’il était question de réaliser plusieurs Step dans la wilaya de Guelma. Bien évidemment l’unique station réalisée, pour l’épuration des eaux usées de Guelma, ne prend en charge qu’une partie de la ville», a déclaré à El Watan le directeur de l’hydraulique de la wilaya.
Et de poursuivre : «Une étude a été engagée pour la réalisation d’une step pour la ville de Oued Zenati. L’étude a été réalisée et approuvée. Mais malheureusement le projet n’a pas été concrétisé. Cette Step devait, depuis longtemps, épurer les eaux de l’oued Zenati qui alimentent le barrage de hammam Debagh, lequel de par les lâchers alimente la Seybouse. Il existe aussi des propositions de protection pour la commune de Bouchegouf».
Et de conclure : «Quant aux nouveaux pôles urbains en construction, notamment ceux de Hadjr El Mengoub (commune d’Héliopolis) et à Djebel El Ansel (Oued Zenati), des mini Step devraient être implantées pour protéger les cours d’eau existants».
Une eau noirâtre dans une localité verdoyante
Notons enfin et fait très important que ce sont quelques 18 à 20 millions de mètres cubes d’eau de surface et 15 autres millions de mètres cubes d’eau souterraine, qui alimentent annuellement les 34 communes de la wilaya de Guelma. L’eau destinée aux populations pour l’AEP se retrouve de facto, ou du moins en grande partie, dans les conduites des égouts après usage et finit forcement avec une odeur nauséabonde chargée de polluants, nitrate-phosphate et ammonium pour ne citer que ceux-là.
Et l’issue fatale nous l’a connaissons, à l’image entre autres, de l’eau noirâtre de la Seybouse qui traverse la localité verdoyante de Nador suite à la pollution de cet oued millénaire par les eaux usées des communes situées en amont, en l’occurrence Guelma, Belkheir, Boumahra Ahmed, Djeballah Khemissi et Beni Mazline pour arriver en aval à Bouchegouf dans les mêmes conditions.
Un autre point noir et pas des moindres, nous le retrouvons à la limite administrative entre Guelma et Belkheir où passe l’Oued Maiz, affluant de la Seybouse sous un pont où se déversent, depuis des décennies, les eaux usées de la partie nord-est de la ville de Guelma. En somme, un cloaque à ciel ouvert. Mais pourquoi la wilaya de Guelma n’a pas été dotée de STEP ?
À cette question les avis convergent. «Le coût de réalisation est très important ; il avoine de nos jours les 500 millions de dinars, alors que la Step de Guelma réalisée en 2008 avait coûté 181 millions de dinars, après réévaluation», évoquent plusieurs sources concordantes.
Quoi qu’il en soit, voilà un dilemme qui en dit long sur les dépenses publiques qu’auraient dû défendre «becs et ongles» les différents directeurs de l’hydraulique qui se sont succédé à Guelma et ce à l’occasion des commissions d’arbitrage pour l’octroi des enveloppes en haut lieu. Sans commentaire !