Construite en 1920, cette belle œuvre architecturale ornait la principale artère de l’antique Sitifis.
Il était la destination de prédilection de grandes personnalités, de femmes et hommes de lettres, de sportifs, d’artistes et de simples citoyens en visite à Sétif. Trônant dans un coin stratégique de la rue de Constantine, le Grand hôtel de France est témoin des massacres du 8 mai 1945. Sans dire un mot, il a assisté à la tuerie du mardi noir. Construit en 1920, cette belle œuvre architecturale ornait la principale artère de l’antique Sitifis où l’entretien, la préservation et la valorisation du patrimoine ne sont plus son fort.
Délaissé, placé sous la tutelle de «vendeurs de chimères», le majestueux hôtel tombe en ruine. Constitué de 30 chambres réparties sur trois étages, disposant d’un grand restaurant, d’une buvette et d’autres structures, il est l’exemple parfait du gâchis. «Le Grand hôtel de France est une mine d’or, aussi bien pour la direction des Domaines (propriétaire des lieux), de la collectivité, que pour le centre-ville tué par le tracé du tramway. Fermé, le café situé au rez-de-chaussée était avec la potinière, l’autre lieu de rencontre de tout Sétif. Les gens échangeaient, partageaient.
C’était l’épicentre de la cité. On n’a pas le droit de délaisser une telle infrastructure. Sous d’autres cieux où le tourisme sous différentes formes est une industrie et source de devises fortes, un tel état est un délit économique», nous racontent les anciens avec des yeux embués de larmes et la voix empreinte d’émotion. Ne restant pas de marbre, des professionnels de l’hôtellerie s’expliquent mal une telle situation. «La positon géographique fait de l’hôtel de France implanté au cœur de la ville une affaire des plus rentables.
Sa réouverture impactera sur les recettes de la commune, redonnera vie au centre-ville. On n’a pas idée de l’incommensurable manque à gagner généré par des années de fermeture. L’intérêt général, économique en premier nous oblige à mettre un terme à cette situation ubuesque. La remise en l’état et l’ouverture de la structure créeront de la richesse et des emplois. De nombreux opérateurs de la ville et de la région sont disposés à investir rien que pour redorer le blason de l’établissement faisant partie de l’histoire de Sétif», soutiennent-ils.
Notons que l’établissement a été cédé à l’Entente de Sétif devant l’exploiter pour diversifier ses sources de financement et en finir avec les subsides publics. Il mérite un bien meilleur sort, puisque les faux locataires n’ont pas honoré leurs engagements. Annoncée en 2015, sa réhabilitation par la société turque Yapi-Merksi, réalisatrice du tramway, dans le cadre des mesures d’accompagnent, n’a pas dépassé le cadre des bonnes intentions. En attendant une réaction des responsables concernés, le grand hôtel de France, moisi, meurt à petit feu.