Les anciens l’appelaient le CEG (Collège d’enseignement général). Pour les nouvelles générations, il est le CEM Mohamed Khemisti. Construit en 1936, l’établissement ayant formé plusieurs générations tombe en ruine.
Sans que cela n’offusque les responsables de la wilaya de Sétif où la préservation du patrimoine matériel et immatériel est une question subsidiaire. Ainsi, la descente aux enfers de l’Hôtel de France, de l’ancienne Banque centrale, du CEM Allem Mansour, de l’école Amardjia Abbas (ex-école laïque), et du CEM Mohamed Khemisti (ex-école Guy Thomas) l’autre bastion du savoir, de la connaissance et du nationalisme n’intéresse personne. Majestueux, le CEM donnant une autre dimension à la cité Abderrahmane Tlydjène (ex- Bonmarché) fait pitié.
Sur recommandation du contrôle technique de la construction (CTC), le grand collège où ont été formés des bataillons de milliers de cerveaux exerçant de hautes fonctions en Algérie et à l’étranger, ferme ses portes en 2012.
Au grand dam des parents, des élèves anciens et nouveaux. Pour parer au plus pressé et ne pas perturber la scolarité des collégiens, les têtes pensantes optent pour une solution de rechange.
Hélas, le provisoire va boucler 10 ans. Ainsi les «transférés» sont contraints de poursuivre leur scolarité au niveau de l’ancien Institut Technologique de l’éducation (ITE) El Khansa, situé à des bornes d’un CEG méconnaissable.
La démission des responsables concernés, singulièrement la direction de l’éducation propriétaire de l’espace, a transformé l’établissement institution en dépotoir et décharge.
Outrés par cette situation, des parents et habitants de la cité ont sollicité à maintes reprises l’intervention des autorités à différents niveaux, en vain. Pour la réhabilitation du CEM et d’autres établissements, l’Assemblée populaire de wilaya (APW) a dégagé en 2015 une première enveloppe de 4 millions de dinars.
Faute de suivi, l’enveloppe allouée n’a apparemment servi à rien. Ne connaissant certainement pas l’histoire de l’établissement transformé par l’armée française en août 1957 en camp d’internement où ont été parqués des milliers de Sétifiens ayant souffert le martyre lors du premier bouclage de la ville qui aura duré 15 jours et 15 nuits effroyables, les responsables n’ont pas vu la vidéo enflammant la toile, ne restant pas marbre face à une telle catastrophe.
L’abandon du CEM a transformé sa belle cour en champ de patates, ses classes et laboratoires en ruines des temps anciens. Construit en 1873, le lycée Mohamed Kerouani a été rénové par des compétences nationales.
Le mastodonte de 139 retrouve une seconde jeunesse. Au grand bonheur des anciens lycéens-principaux initiateurs de l’extraordinaire lifting. On a fait autant avec le château Giroud, un bel ouvrage. Sollicité, l’État n’a pas lésiné sur les moyens.
La municipalité a réhabilité l’école des frères Berchi et le stade Mohamed Guessab. La rénovation du CEM Mohamed Khemisti, ce haut lieu du savoir et de lutte est à la fois possible et réalisable.
Peut-on passer sous silence une telle situation ne provoquant aucune réaction des autorités et des élus (députés et sénateurs) alors que le 60e anniversaire de l’indépendance frappe à nos portes ?