Loin des feux de la rampe, l’artiste-peintre Boubakeur Smaane formé à l’École supérieure des beaux-arts d’Alger, apporte les dernières retouches, prépare son exposition. Méticuleux, l’élève de Hassen Chayani et Denis Martinez est comme un enfant.
Il est heureux et ravi de présenter au grand public 40 toiles aussi belles les unes que les autres. Nombreux à Sétif, les passionnés d’art découvriront 30 autres belles planches en sous-verre. «Je me ressource au contact de la nature à l’état pur. Au milieu des arbres et à l’air libre, je m’inspire.
Après les randonnées solitaires dans les montagnes de Megres et Tafet, je replonge dans mon univers, retrouve mes sensations et les premiers contours de ma nouvelle planche agrémentée par du bleu, ma couleur refuge», souligne l’adepte de Mondrian et Kandinsky, le père de l’abstrait.
Connu et reconnu, l’artiste, qui avait participé à la décoration des stands de la Foire internationale d’Alger (une galerie à ciel ouvert) et des bus de la capitale dans les années 1980, n’a pas choisi l’abstrait par pur hasard. En faisant ce choix, il opte pour le moderne et le contemporain. «L’abstrait, c’est plus qu’une tendance, c’est la philosophie des couleurs, des formes, des trames et des mouvements», précise l’artiste habité par ce génie de M’hamed Issiakhem.
Comme l’abstrait n’est pas figuratif, le style de Boubakeur Smaane est particulier. Car il a la singularité de décortiquer les détails d’un regard, de mettre en lumière l’expression de la nature. Dans la peinture abstraite de l’artiste, il y a des formes géométriques traversées de lignes et de silhouettes s’apparentant à un océan déchainé. Ne tombant pas du ciel, le peintre a de tout temps vécu et grandi avec un crayon et un pinceau à la main. «J’ai commencé à dessiner à l’âge de 12 ans, à l’observatoire (actuelle école Benyahia Bachir de Sétif).
En m’offrant des crayons et du papier Canson, madame Jardin, mon ancienne institutrice de la 3e année primaire m’a permis de réaliser mon rêve» dit-il. Perfectionniste, l’artiste passant entre 40 à 60 heures pour dégager la première esquisse d’une planche, cultive avec délicatesse le bleu et le rouge.
Même si le contraste est parfois fort, il y a dans ces œuvres le calme, la tranquillité, la quiétude et le repos. Altruiste pour avoir transmis le témoin et la flamme d’une passion dévorante à plusieurs générations de professeurs de dessin et peintres de Bordj Bou Arréridj, M’sila et Sétif, l’artiste pour lequel la peinture est une poésie, expose pour un objectif, un idéal. «Cette exposition est un hommage à mes maitres tels Hassani Chayani, Deniz Martinez, M’hamed Issakhiem et tous les anciens de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger. Je voudrais en outre montrer que l’Algérien est à la fois un artiste né et un grand passionné de la beauté.
L’événement sera une occasion pour discuter, aider, encourager les jeunes artistes-peintres. Premier mais pas le dernier à Sétif où nous devrions travailler pour pérenniser de tels événements culturels. Mon public d’Annaba, Constantine et d’Alger et Sétif sera comblé et ravi, j’en suis convaincu», révèle à El Watan, l’artiste ne commençant le travail qu’à la tombée de la nuit. Bref, les passionnés d’art des cités précitées vont découvrir l’expression d’un artiste faisant parler le silence.
À travers une multitude de formes et de couleurs joyeuses et tristes à la fois, il nous incite à regarder autrement le monde qui nous entoure.