Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité en Algérie avec un taux de 34% par an, selon les chiffres de l’Institut national de la santé publique (INSP).
En effet, les Algériens, notamment de sexe masculin, meurent plus de l’infarctus (arrêt cardiaque) que du cancer, des accidents de la route ou de toute autre maladie. Malheureusement, moins de 10% survivent à l’arrêt cardiaque, dont les dernières victimes en date, la semaine dernière, sont l’ancien directeur de la santé (DSP) de Souk Ahras et l’actuel directeur de l’EPSP El Hadjar (Annaba).
A titre d’exemple, depuis le 27 juillet 2022 jusqu’à hier, plus de 1000 patients ont été pris en charge par le service de cardiologie du CHU de Annaba. Cette affluence s’explique par la récente mise en place d’une salle de cathétérisme qui, depuis 2022, assure la prise en charge des urgences cardiaques au service de cardiologie de l’hôpital Ibn Sina, relevant du CHU de Annaba. Ce qui a encouragé le transfert des malades depuis les wilayas de Souk Ahras, Tébessa, Skikda, Guelma et El Tarf, parfois même de Batna, Khenchela et Oum El Bouaghi, vers ce service.
Or, selon les normes médicales, il faut une salle de cathétérisme pour 10 000 habitants. Mais ce service de cardiologie souffre, selon nos informations, d’un important manque de consommables, dont les prévisions n’auraient jamais été respectées par l’administration.
Pis encore, la réduction du budget du consommable va crescendo et semble s’inscrire dans le temps. «Pour preuve, elle est passée de moins de 50% en 2022 à 75% cette fois, soit moins de cinq mois de prise en charge.
C’est une décision arbitraire et sans concertation. Ailleurs, la majorité des CHU du pays prévoit un budget pour le consommable des services de cardiologie d’au moins 200 millions de dinars, certains vont jusqu’à 300 millions. Au CHU de Annaba, le service de cardiologie est le seul à avoir 100 millions de dinars. Entre-temps les malades, notamment les plus démunis, souffrent faute d’une prise en charge effective (manque de consommables) et surtout de moyens leur permettant d’être traités dans des cliniques privées spécialisées», estiment nos sources.
Mais alors pourquoi investir à coups de milliards dans une salle de cathétérisme neuve si l’on ne prévoit pas, régulièrement, son consommable ? Cette nouvelle salle, dont le marché d’acquisition remonte à 2014, était très attendue par les habitants de la région de Annaba. Un budget de 140 millions de dinars (1 048 169,44 dollars) lui avait été alloué pour la réalisation d’une seconde salle jouxtant le service des urgences.
En 2017, une société issue d’un conglomérat américain avait remporté le marché avant qu’il ne soit annulé en 2018. Depuis, la bureaucratie s’est installée jusqu’au 15 avril 2021, où une résiliation effective du marché d’une nouvelle salle de cathétérisme à l’hôpital Ibn Sina eut lieu.
Il faut savoir aussi que faute de consommable pour cette salle, le service de cardiologie du CHU de Annaba enregistre régulièrement une augmentation de la mortalité. Celle-ci serait liée à la coronarographie et à la durée d’hospitalisation des patients souffrant de cette maladie mortelle.