Alors que le continent connaît une baisse continue des cas Covid, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de lancer un pavé dans la mare concernant les véritables statistiques de la pandémie en Afrique.
Si l’instance atteste de la diminution des nombres de contaminations et de décès au cours des dernières semaines, elle suggère, à travers une étude publiée au mois d’avril, que plus des deux tiers des Africains ont été contaminés par la Covid-19, soit 97 fois plus que les cas confirmés déclarés officiellement. Le document en question révèle, selon la même source, que la courbe de contamination a enregistré une hausse de 3% en juin 2020 pour s’établir à 65% en septembre 2021.
Ce qui équivaut à 800 millions d’infections, au moment où uniquement 8,2 millions de cas ont été répertoriés sur la même période. L’exposition au virus a fortement augmenté à la suite de l’apparition des variants Bêta et Delta, a-t-on argué. Selon bon nombre d’experts, il réside toujours une marge d’erreur dans les statistiques, notamment en pareille pandémie où pendant des mois, les outils de dépistage du coronavirus ont fait défaut dans beaucoup de pays.
Les études mondiales sur la séroprévalence, selon les estimations de l’OMS, ont montré un sous-dénombrement considérable du nombre de cas survenus dans le monde, avec 45,2% de la population mondiale qui a été infectée par le virus jusqu’en septembre 2021.
Le nombre d’infections serait en moyenne 16 fois plus élevé que celui des cas confirmés. En Algérie, la véracité des bilans quotidiens livrés par le ministère de la Santé a, de tout temps, été contestée, autant par la vox populi que par les professionnels. Dans le sous-continent indien, ce sont les chiffres relatifs aux décès qui, semble-t-il, manquent de fiabilité.
67% des cas sont asymptomatiques
Pour le cas Afrique, «l’analyse montre que le véritable nombre d’infections pourrait être jusqu’à 97 fois plus élevé que le nombre de cas signalés». Mettant toutefois en avant une spécificité du continent, celle du nombre élevé des cas asymptomatiques.
Ainsi, ils sont 67% de contaminés à ne présenter aucun symptôme de la maladie. «Cette analyse montre que les cas confirmés de Covid-19 actuellement notifiés ne représentent qu’une fraction du nombre réel d’infections sur le continent», a indiqué Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Et de souligner que «cette sous-estimation se produit dans le monde entier et il n’est pas surprenant que les chiffres soient particulièrement élevés en Afrique où il y a tant de cas asymptomatiques».
Un constat basé sur les données des études de séroprévalence ayant surtout recensé les cas d’infection confirmés par les tests de dépistage au niveau des structures hospitalières et/ou aéroportuaires. Comme le dépistage systématique demeure une composante essentielle de la lutte anti-Covid, l’OMS incite à son intensification ainsi qu’à l’identification des cas contacts et leur suivi. D’autant que le continent n’est pas à l’abri d’une 5e vague.
Comme c’est le cas en Afrique du Sud. «La 5e vague est arrivée. Prenez soin de vous», a averti sur Twitter le centre de recherche génomique dirigé par Tulio de Oliveira, virologue devenu célèbre pour avoir détecté les variants Beta et Omicron.
Nouveau rebond de la pandémie confirmé par le Conseil pour la recherche scientifique et industrielle (CSIR) : «Avec un ratio de 6,3 nouveaux cas pour 100 000 habitants et un taux de positivité supérieur à 10%, sur la base des vagues précédentes, ce sont des seuils indiquant une hausse continue.»
Les pays africains ont allégé, voire abandonné les confinements stricts comme outils de perturbation de la chaîne de transmission du virus Sars-CoV-2. Le renforcement de l’immunité acquise via la vaccination peut réduire l’impact de nouveaux variants, assurent les professionnels. Or, la couverture vaccinale sur le continent est qualifiée de très faible. Elle est de 16%. Soit bien loin de l’objectif tracé par l’OMS, à savoir 40%.