Le président ukrainien,Volodymyr Zelensky, a assuré, dans un entretien accordé mardi à plusieurs médias français, publié hier par l’AFP, que le «monde entier», dont l’Ukraine, voulaient que la Russie participe à un prochain sommet de la paix. «La majorité du monde dit aujourd’hui que la Russie doit être représentée au second sommet, autrement nous n’arriverons pas à des résultats importants.
Comme le monde entier les veut à la table, nous ne pouvons être contre», a-t-il dit. L’Ukraine a organisé en Suisse en juin un sommet pour la paix en Ukraine avec quelque 90 pays, essentiellement des alliés. La Russie en a été exclue, et du coup la Chine, poids lourd diplomatique et proche de Moscou, a refusé d’y participer.
Désormais, l’Ukraine va élaborer un plan d’ici novembre qui doit servir de base à un futur second sommet, alors que le président Vladimir Poutine a lui fixé comme condition à des pourparlers que Kiev lui abandonne les territoires que l’armée russe occupe et renonce à rejoindre l’Otan, autant de revendications inacceptables pour les Ukrainiens et les Occidentaux.
Moscou a dit attendre plus de précisions quant à ce sommet pour se prononcer sur une éventuelle participation, tout en affirmant que le pouvoir en place à Kiev n’était pas un interlocuteur légitime.
Le président Zelensky a aussi appelé la Chine à faire pression sur son allié russe pour mettre fin à la guerre déclenchée par la Russie et qui déchire son pays depuis deux ans et demi, ce que Pékin, en tout cas publiquement, n’a pas fait jusqu’ici. «Si la Chine le veut, elle peut forcer la Russie à arrêter cette guerre. La Chine appartient au monde et est un Etat influent», affirme-t-il. «Je ne veux pas d’elle comme d’un médiateur, je veux qu’elle fasse pression sur la Russie», a ajouté le président ukrainien.Selon les Occidentaux, Pékin en soutenant la Russie économiquement permet à la machine industrielle russe de faire sa mue vers un économie de guerre en lui fournissant les composants dont manquait Moscou pour ses usines d’armements du fait des sanctions occidentales.
Les autorités chinoises n’ont en outre jamais condamné l’intervention, tout en proclamant leur soutien à l’intégrité territoriale de tous les pays du monde, ce qui inclut donc l’Ukraine.
Enfin, V. Zelensky a critiqué une fois encore la timidité de ses alliés occidentaux, leur reprochant de lui interdire d’utiliser librement les armements livrés pour frapper des cibles militaires en territoire russe, d’où l’armée de Moscou peut opérer impunément pour bombarder l’Ukraine. «C’est un défi de taille le fait qu’on ne puisse pas utiliser les armes (occidentales) comme on en a besoin pour stopper l’ennemi», a-t-il dit. Il explique «travailler très dur» pour convaincre ses alliés de le laisser utiliser ces armes comme l’armée ukrainienne l’entend.
«Malheureusement, nos partenaires ont encore peur de ça», a-t-il affirmé, les Occidentaux disant vouloir éviter de provoquer une escalade. Il a exclu de passer outre leur veto, pour ne pas mettre en danger l’aide future. «Si on utilise les armes de nos partenaires (sans leur accord), alors ils pourront dire nous ne vous donnerons plus rien, c’est un risque», a-t-il expliqué.
Mais il s’est également désolé du fait que l’aide fournie soit insuffisante. «Croyez-vous possible d’arrêter (les Russes) si seulement trois (brigades ukrainiennes supplémentaires) sur 14 sont équipées ?» a observé le dirigeant ukrainien, expliquant ainsi pourquoi l’armée russe a pu grignoter des centaines de kilomètres carrés de territoire ukrainien depuis le début de l’année.