Le complexe traverse une période trouble avec une nette baisse d’activité ces dernières semaines. En septembre 2024, la production du haut-fourneau était en chute libre.
Un tremblement de forte magnitude secoue actuellement le ministère de l’Industrie. Le PDG de l’EPE Sider El Hadjar, Karim Boulaioun, celui de l’EPE Fondal, Noureddine Salehi, ainsi que le patron d’un luxueux hôtel public à Alger et un homme d'affaires influent sont, depuis mardi, dans les locaux des services de sécurité à Alger pour répondre d’une affaire grave impliquant des transactions douteuses.
Leur présentation devant la justice est prévue cette semaine, dans un dossier qui s’annonce lourd de conséquences. Jeudi, c’est Adel Khemar, PDG du groupe Imetal, dont dépendent Sider El Hadjar et Fondal, qui s’est rendu en personne au complexe sidérurgique. A l’issue d’une assemblée générale extraordinaire (AGEx), il a acté la mise en place d’un intérim pour la direction générale, en désignant Messaoud Bellili, numéro 2 du complexe et actuel directeur technique, pour prendre temporairement les rênes en attendant la nomination d’un nouveau PDG.
Les présumés mis en cause partagent un dénominateur commun : les produits sidérurgiques. Fondal, filiale du groupe Imetal, est spécialisée dans la production et la commercialisation de pièces moulées en fonte, acier et métaux non ferreux. Sider El Hadjar, autre fleuron d’Imetal, se distingue par sa production de rond à béton et de bobines galvanisées.
Quant à l’homme d’affaires, il est impliqué dans le commerce de déchets ferreux et non ferreux, une activité récente mais lucrative. Et c’est dans un luxueux hôtel public à Alger que leurs chemins se seraient croisés, scellant probablement les transactions douteuses au cœur de ce scandale. Cette affaire éclate alors que Fondal s’apprêtait à marquer un tournant stratégique.
En août dernier, elle a pris possession de l’ancienne usine Kia de Batna, dans le cadre de la récupération de biens confisqués par la justice suite à des affaires de corruption. Ambitieuse, elle a même lancé un appel à manifestation d’intérêt international pour relancer les activités de l’usine avec une nouvelle marque automobile. Mais ce scandale pourrait bien bouleverser ses plans.
Prochaines auditions judiciaires
Sider El Hadjar n’est pas en reste. Le complexe traverse une période trouble avec une nette baisse d’activité ces dernières semaines. En septembre 2024, la production du haut-fourneau était en chute libre : sur une prévision de 44 129 tonnes de fonte, seulement 20 583 tonnes ont été produites.
Parmi elles, 4435 tonnes ont fini dans la fosse, soit 42% de la production mensuelle, entraînant une baisse significative de la production de billettes, brames et lingots. A ces difficultés, s'ajoute une atmosphère tendue, alourdie par des problèmes socioéconomiques et un syndicat qui ne fait pas l’unanimité. Les sidérurgistes dénoncent depuis longtemps la gestion de leur PDG, nommé en novembre 2023.
En moins d’un an, il aurait émis plus de 500 notes de décision touchant tous les départements du complexe, ce qui a provoqué de vives contestations internes. La production pour 2024 ne devrait pas dépasser les 300 000 tonnes de fonte liquide, dont une grande partie risque encore de finir à la fosse.
Alors que les yeux sont rivés sur les prochaines auditions judiciaires, l’avenir des entreprises impliquées semble de plus en plus incertain. Avec une gestion sous pression, des performances en déclin et désormais un scandale judiciaire, Sider El Hadjar et Fondal se retrouvent à la croisée des chemins. A suivre…