Le groupe de réflexion ou think tank indépendant sur le changement climatique E3G invite l’Union européenne à soutenir les efforts de transition énergétique en Algérie et en Egypte, en notant qu’il y a urgence à renforcer la sécurité énergétique et la stabilité régionale.
Dans une note de réflexion rendue publique cette semaine, le think tank souligne que si la demande sur le gaz va diminuer dans le futur, le temps est venu de redéfinir les relations énergétiques de l’UE avec l’Algérie et l’Egypte en aidant ces deux pays à exploiter «leur abandon potentiel solaire et éolien et à améliorer l’efficacité énergétique pour répondre à leur demande croissante d’électricité et apporter des avantages locaux, tout en renforçant la sécurité énergétique et géopolitique de l’UE».
Avec la diminution des approvisionnements en gaz russe à destination du vieux continent, les deux pays, et surtout l’Algérie, jouent un rôle prépondérant dans l’approvisionnement énergétique pour l’Europe. 83% des exportations de gaz de l’Algérie ont été destinées à l’Europe en 2022, alors que les exportations égyptiennes vers cette même destination ont augmenté de 270% en 2022. «Le gaz perd de son importance pour l’UE, la demande a déjà diminué de 18% en 2023 par rapport à 2019, et les projections de l’UE indiquent une nouvelle réduction de la demande de plus de 50% d’ici 2030 par rapport à 2019», indique la note du groupe international E3G.
Selon ce ThinkTank, cette «situation constitue une menace pour existentielle pour l’Algérie, compte tenu de la lenteur de sa diversification économique, et de sa dépendance vis-à-vis des acheteurs européens. Parallèlement, les problèmes d’approvisionnement en gaz et la demande croissante en électricité aggravent les problèmes économiques en Egypte.»
Transition énergétique
E3G considère qu’une «orientation des relations de l’UE avec l’Egypte et l’Algérie vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique aiderait les deux pays à renforcer leur sécurité énergétique et leur résilience économique… et en retour, ces développements bénéficieraient à l’UE grâce à une stabilité régionale renforcée, une plus grande sécurité énergétique et une compétitivité accrue de l’UE». Le potentiel des énergies renouvelables dans ces deux pays, selon la même source, est immense avec une capacité installée potentielle, dépassant la capacité installée mondiale en 2023.
Des obstacles freinent les ambitions et efforts de transition énergétique dans les deux pays de l’Afrique du Nord, liés à l’investissement privé, à la modernisation des réseaux aux compétences et à la réglementation». Dans une série de recommandations, E3G estime que l’UE devrait moderniser ses relations énergétiques avec l’Egypte et l’Algérie pour se concentrer sur le renforcement des capacités en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique dans le secteur de l’électricité.
Ceci et d’être, totalement transparente avec les pays de l’Afrique du Nord sur la future demande énergétique de l’UE. Il s’agit de permettre aux deux pays de planifier un équilibre réaliste entre les exportations de gaz, d’hydrogène et d’électricité renouvelable. E3G recommande également à l’UE d’utiliser les canaux diplomatiques existants pour formuler conjointement des priorités en vue de transition énergétiques mutuellement bénéfiques.
A moyen terme, elle doit examiner comment elle peut utiliser son expertise, son influence diplomatique, ses outils financiers et sa politique commerciale pour intensifier la coopération en matière de transition énergétique avec l’Egypte et l’Algérie. Les deux pays seront soutenus s’ils relèvent leurs ambitions dans les prochaines CDN révisées, fixer des objectifs ambitieux avant la COP30. Les Etats membres de l’UE, dont l’Espagne, l’Italie et la Grèce, devraient, selon la même étude, concentrer leurs aspirations à devenir des pôles énergétiques orientés sur les importations d’électricité renouvelable en provenance de l’Algérie et de l’Egypte.
L’Allemagne quant à elle, devrait se concentrer davantage sur les énergies renouvelables et l’efficacité dans ses propres partenariats énergétiques avec l’Egypte et l’Algérie, au-delà de l’hydrogène. L’Europe se doit, selon le même Think-Tank, d’apporter un soutien pour développer dans ces deux pays d’Afrique des chaînes de valeur dans le domaine des énergies propres et offrir un soutien à l’accès au marché, à la technologie et à l’assistance technique.
«Une prospérité économique plus large et une stabilité régionale implique de travailler sur l’interconnexion des énergies renouvelables et la création d’emplois afin de réduire les pressions migratoires», indique le même rapport.