Désormais, les prestations de soins au niveau des structures et établissements publics de santé au profit des personnes étrangères seront payantes. En effet, le ministère de la Santé vient d’adresser à l’ensemble des structures de santé publique et CHU de toutes les wilayas du pays, une copie de l’arrêté 04 du 13 juillet 2023, fixant les montants des paiements des prestations de soins par les personnes étrangères.
«Pour s’acquitter des montants des prestations de soins, les personnes étrangères disposent d’un mémoire comprenant les tarifs qui leur sont appliqués», prévoit cet arrêté dont El Watan détient une copie. A titre d’exemple, les honoraires d’une consultation de médecine générale, y compris la chirurgie dentaire, sont fixés à 800 DA.
A ce montant, il faut ajouter 1000 autres dinars, soit 1800 DA pour une consultation spécialisée. «Les examens complémentaires seront pris en charge en supplément», note, par ailleurs, le même document. Interrogé sur l’ancien mode de paiement des prestations de soins, appliqué pour les étrangers résidents en Algérie, M. Rachid Derradji, le directeur général du CHU Annaba explique qu’«avant la mise en application de cette décision, les honoraires médicaux appliqués pour les citoyens algériens étaient les mêmes que ceux destinés aux personnes étrangères quelles que soient leurs nationalités».
Rappelons qu’en Algérie résident plusieurs dizaines de milliers d’étrangers notamment asiatiques. A la question si l’arrêté 04 du 13 juillet 2023 fixant les montants des paiements des prestations de soins par les personnes étrangères est appliqué désormais au CHU Annaba, le même responsable est affirmatif : «Les instructions de M. le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, sont appliquées à la lettre au niveau du CHU de Annaba et le paiement des prestations de soins par les personnes étrangères est déjà entré en vigueur».
Par ailleurs, les hospitalisations et les actes de chirurgie sont également prévus dans cet arrêté où les honoraires sont plus ou moins importants.
En effet, le coût d’une nuitée pour des patients étrangers dans un service des urgences médicales, un établissement public hospitalier (EPH) ou un hôpital hospitalier spécialisé (EHS) ou encore un centre hospitalier universitaire (CHU) représente, respectivement, 5000 DA, 6000 DA et 7000 DA. Ces chiffres sont multipliés par sept, sinon plus, lorsqu’il s’agit de la même prestation dans les urgences du service de cardiologie ou d’hématologie. Le malade doit alors s’acquitter de 50 000 DA/nuitée.
Dans le chapitre des «activités hautement onéreuses», cité dans un tableau à part, il est indiqué que «pour une transplantation rénale, le malade paye trois millions de dinars par acte et sept millions de dinars pour une transplantation hépatique». Dans l’arrêté en question, on n’a pas omis de mentionner les frais induits par les autres actes telles l’imagerie ou la radiothérapie pour les cancéreux où il y est mentionné que «le tableau indicatif préliminaire sera développé ultérieurement».
Les migrants non concernés
Contactés à ce propos, plusieurs chirurgiens estiment que «ces honoraires qui dépendent de plusieurs facteurs sont alignés approximativement sur les coûts appliqués pour les mêmes actes dans les établissements de santé des autres pays voisins ou en Europe». Terre d'accueil, l'Algérie est devenue ces dernières années un pays de destination pour de nombreux Africains de l'Ouest et d’Asie (Syriens) où cette population représente, selon la revue OpenEditions Journals, «près de 1% de la totalité des Algériens.
Malgré la baisse régulière des migrants au Maghreb, l’Algérie continue d’accueillir des étrangers. Soumise à la pression du transit des migrants irréguliers qui cherchent à gagner l’Europe, l’Algérie a révisé récemment les conditions d’entrée sur son territoire. Mais elle demeure un pays d’immigration prometteur, dont l’ouverture économique, jointe à l’instabilité politique dans la région, continue de drainer les populations étrangères».
En effet, sur décision des autorités du pays, les membres de ces catégories fragiles (migrants) ne sont pas concernés par cette nouvelle mesure, sommant les étrangers établis en Algérie de payer leurs prestation de soins.