17 ans après sa disparition, la popularité de Cheikha Rimitti est restée intacte à Oran comme en a témoigné, mercredi dernier, le public venu nombreux à la salle de cinéma Maghreb pour assister à un concert-hommage que l’Institut français d’Oran, en collaboration avec l’ONCI, lui a rendu.
Il faut dire que le risque d’un four planait sérieusement, l’annonce de cet événement n’ayant été faite que 48 heures à l’avance, ce qui faisait craindre que cette grande salle de la rue Larbi Ben M’hidi (pouvant contenir plus de 1600 places) soit complètement déserte le jour J. Au final, le bouche à oreille a porté ses fruits, et la partie orchestre du cinéma Maghreb a été considérablement «remplie». Un tour de force, donc, qu’on peut imputer à l’engouement sans pareil que connaît Cheikha Rimitti et qui, depuis tant d’années, n’a pas perdu une ride.
Les héritières est l’intitulé de cet événement musical du fait qu’il fut porté par quatre chanteuses se revendiquant de la lignée de la diva algérienne, celle qu’on désignait comme étant «la racine du raï». En effet, à tour de rôle ou les quatre en même temps, les chanteuses Souad Asla, Samira Brahmia, Mama Razouki et Nawel Ben Kraïem, épaulées par un orchestre détonnant, ont tout simplement enflammé la scène du cinéma Maghreb, face à un public déchaîné qui n’a pas résisté longtemps avant de succomber à la tentation d’aller au-devant de la scène pour danser et se déhancher à souhait. La Camel puis Nta goudami w’ana mourak ont été parmi les premières à être chantées lors de cette soirée, ce qui a eu pour effet de provoquer le déchaînement du public qui reprenaient les refrains en chœur à grands renforts de «youyou».
En plus de la musique du terroir qui caractérisait son répertoire, les chansons de Rimitti étaient réputées pour être «à texte» et dont certaines tenaient un discours féministe d’une incroyable actualité. «Elle a conté l’amour, elle a conté la vie, elle a conté cette Algérie que j’aime tant, l’Algérie qui a un rapport avec la terre, avec nos racines», a déclaré l’une des chanteuses, sur scène.
D’autres chansons populaires du répertoire de Rimitti, comme J’en ai marre, c’est fini ou Ana w ghzali ont été chantées et à la fin, le quarteron de chanteuses a eu du mal à quitter la scène tant le public les réclamaient avec insistance.