Dépassés par l’ampleur du phénomène qui revient comme un boomerang à sa place initiale, les pouvoirs publics n’ont jamais classé ce fléau comme «calamité nationale» faisant partie des préoccupations prioritaires et nécessitant une mobilisation capable de l’anéantir à jamais.
La situation devient intenable partout dans le pays. Tout le monde se plaint de ce phénomène envahissant qui prend l’allure d’une véritable catastrophe sociale, sanitaire, écologique et environnementale, et reste médusé face à un constat mille fois confirmé sans qu’aucune solution radicale ne vienne l’éradiquer, ou à tout le moins stopper son ascension.
De quoi s’agit-il ? On veut parler ici de ce fléau qui empoisonne au quotidien la vie des Algériens et contre lequel on se sent impuissant, fataliste : l’invasion effarante des déchets domestiques, autrement dit des ordures ménagères, à travers nos villes et villages, nos campagnes et nos belles régions du Sud sur lesquelles pourtant sont conçues des politiques touristiques d’avenir.
Avec ses dépotoirs sauvages à ciel ouvert disséminés çà et là qui n’épargnent aucun espace, citadin ou rural, l'Algérie s’offre assurément, malgré elle, une dégradante apparence tiers-mondiste des années de disette. Un point noir indigne de sa stature. Le sujet n’a jamais été ignoré certes, et a fait l’objet d’une attention assez prononcée de la part des pouvoirs publics, traduite de manière épisodique par quelques interventions administratives et des actions ponctuelles sur le terrain.
Mais dépassées par l’ampleur du fléau qui revient comme un boomerang à sa place initiale, les hautes instances, compte tenu de son évolution structurelle, n’ont jamais classé celui-ci (le fléau)comme «calamité nationale» faisant partie des préoccupations prioritaires et nécessitant une mobilisation, voire une réflexion au plus haut niveau pour lui mener une «guerre» sans merci, capable de l’anéantir à jamais. En fait, un véritable plan Marshall étudié, planifié, rationalisé, en mesure de rendre l’air plus respirable dans nos cités et nos contrées et bien évidemment de rendre les conditions de vie plus agréables aux citoyens.
Les ordures qui nous envahissent à un rythme effréné ne sont pas une actualité nouvelle ou récente, et ne sont pas simplement l’apanage d’un ramassage déficitaire. Le problème est plus profond qu’on l’imagine, devenant une plaie sociale qui nécessite des plans d’action d’envergure, ou ce qu’on pourrait appeler un «traitement de choc» voué exclusivement à son extinction sur la base d’une planification rigoureuse et d’une mobilisation de moyens humains et matériels conséquente.
On en parle depuis des années, les citoyens anonymes ne cessant d’attirer l’attention des responsables sur la persistance de ce «danger écologique» sans jamais voir quelques petits signes d’amélioration allant dans le sens de l’élimination progressive de ces images hideuses qui font partie de notre paysage.
Les autorités administratives, et même politiques, à tous les niveaux pourront toujours rétorquer qu’elles ne ménagent aucun effort pour combattre ce fléau, en faisant appel au civisme des citoyens, qui ont une grande part de responsabilité dans cette épineuse dégradation de l’environnement, et en renforçant les moyens d’intervention quand les subventions le permettent.
Il reste que le triste spectacle d’une saleté rampante aussi bien dans les zones déclassées que dans les quartiers chics est toujours présent, aussi hallucinant, mais qui ne paraît plus choquer les esprits. Le désastre semble insoluble et dépasser non seulement nos capacités techniques et matérielles mises en œuvre pour le combattre, les moyens humains mobilisés, mais aussi toute l'organisation et la stratégie mises en place pour son éradication définitive.
«Reportages citoyens»
Si dans un passé pas si lointain, la sonnette d'alarme a été tirée à travers les colonnes des journaux pour sensibiliser les pouvoirs publics, ce sont aujourd’hui les réseaux sociaux qui ont pris la relève pour lancer des SOS de désespoir et dénoncer, par le son et l’image, une démission collective aux conséquences incommensurables sur la santé des Algériens et la réputation du pays.
En effet, avec leurs portables comme arme infaillible d’observation et de témoignages, de nombreux citoyens, frappés par les images que leurs yeux ne peuvent éviter, postent des séquences de désolation à l'ensemble de la communauté qui nous laissent perplexes.
Des images qui parlent d’elles-mêmes sur le volume incroyable d’ordures et de détritus de toutes sortes qui jonchent nos rues et ruelles et qui nous font honte, sans pour autant susciter des réactions énergiques pour améliorer le tableau.
Ces «reportages citoyens», destinés à frapper l’imaginaire tout en nous confrontant avec une réalité dans laquelle chacun de nous doit se sentir impliqué, sont en quelque sorte le miroir de nos vanités. Si en terre d’islam le principe de la propreté est érigé en dogme sociétal, comme ne cessent de le rappeler les imams dans les mosquées, soulignant que la propreté est la vertu cardinale du bien-être, comment raisonnablement peut-on accepter évoluer sans broncher dans un environnement aussi malsain, façonné volontairement ou pas par notre démission, notre laxisme, notre égoïsme et notre tendance de plus en plus accentuée vers l’individualisme.
Les Algériens ont-ils à ce point un problème existentiel avec la propreté, eux qui prennent le soin d’entretenir impeccablement leurs intérieurs ? Est-il si difficile de construire un «vivre-ensemble» en respectant l’environnement, où une banale gestion des ordures ne peut dépasser le cadre d’un service technique ?
Pourquoi donc nos villes et villages sont-ils devenus si repoussants en raison de ces débordements de saleté que les réseaux sociaux mettent en évidence, au risque de déglinguer l’image du pays à l’extérieur. Il ne faut pas avoir peur des mots, et se mentir continuellement. Nous sommes tous, responsables et citoyens, concernés par l’ampleur de cette catastrophe sociale et sanitaire puisqu’elle est également porteuse de maladies.
Les dirigeants, élus locaux ou fonctionnaires d’Etat, sont en premier pleinement engagés dans la résolution de cette problématique à partir du moment où leur implication est subordonnée aux impératifs d’un service public auquel ont droit les citoyens. Le hic c’est que la tâche qui leur incombe semble énorme par son extension permanente jusqu’à déborder des limites de leurs compétences et du système mis en place pour neutraliser le mal.
Les sociologues incrimineront sûrement la «volonté politique» d’avoir considéré ce phénomène comme une simple mission de salubrité publique alors qu’il relève d’une dimension beaucoup plus complexe, éducationnelle, civique, morale, sociétale et, de surcroît, politique.
A ce titre, l'erreur aura été de ne pas prendre le taureau par les cornes en se contentant de mesurettes à caractère administratif qui n’ont pas la consistance d’agir dans la durée sur les éléments répétitifs de dégradation. Il y a lieu donc, selon toujours l’argumentation des sociologues, de revoir de fond en comble le dossier de la gestion anarchique des ordures si on veut que nos villes et villages renouent avec la propreté environnementale dont nous serons tous fiers.
Les grands prédateurs de l’environnement
Cela devrait passer par une réorganisation rigoureuse du système de gestion, en prenant exemple sur les grandes cités européennes où la consommation des déchets ménagers est autrement plus importante. Ces villes ne connaissent le phénomène de l’envahissement des ordures que quand les services de la voirie se mettent en grève.
Sinon, c’est en mettant moyens techniques et technologiques et personnels opérationnels en nombre suffisant au service d’un système de ramassage et de contrôle performant qu’elles ont réussi à maîtriser le sujet. Sans oublier bien entendu le comportement positif des citoyens, qui font preuve d'un civisme à toute épreuve.
Chez nous, hélas, nos responsables doivent encore avoir recours aux campagnes de sensibilisation et passer par des mesures coercitives pour limiter les dégâts. Blâmer, sévir, est-ce la panacée pour changer de cap ? A ce titre, on en vient naturellement à la part du citoyen algérien qui est loin d’être négligeable et qui, pour devenir complètementaire avec l’action publique, doit tenir de la conviction que sans elle c’est toute l’entreprise d’assainissement qui sera vouée à l'échec. Il est vrai que l’amoncellement des détritus de toutes natures même dans les endroits les plus improbables ne laisse personne indifférent.
Les Algériens s’offusquent devant la multiplication des dépotoirs, et trouvent un malin plaisir à critiquer le laisser-aller des pouvoirs publics et plus fortement encore le manque de civisme des uns et des autres sans jamais faire allusion à leur propre personne. C’est toujours les autres qui dérapent et qui dégradent, ne respectant ni loi ni réglementation, alors que souvent parmi ceux qui ont la langue fourchue et qui jouent aux moralisateurs se trouvent les plus grands prédateurs de l’environnement.
Il y a au sein de notre population un grand déficit de civisme à l’origine du manque de propreté qui n’épargne aucune région de notre pays. Jusqu’à quand allons-nous vivre dans des villes et villages infestés d’ordures implantées comme un cancer ? Sommes-nous incapables de redonner à nos belles cités la physionomie rayonnante qui leur convient ?
Seul, comme il est dit, un plan Marshall... pourrait sauver la mise, alors que de simples gestes de civisme, comme par exemple commencer par ne pas jeter ses ordures n’importe où et n’importe quand, seraient déjà une grande victoire sur nos détestables habitudes. Le reste suivra avec de la discipline et une réelle prise de conscience, car s’il est naturel de revendiquer ses droits, la notion de civisme induit l’impératif d’accomplir ses devoirs envers la société.
Transfert du parc de Ben Aknoun à la wilaya d’Alger
Le décret exécutif n° 24-341 du 14 octobre 2024 modifiant et complétant le décret exécutif n° 22-308 du 12 septembre 2022 portant transfert du parc zoologique et des loisirs «La concorde civile» à la wilaya d’Alger vient d’être publié au Journal officiel (n°71). Le texte réglementaire précise, dans son article 1, que le parc zoologique et de loisirs est transféré à la wilaya d’Alger qui assure sa gestion, conformément aux modes fixés par la législation et la réglementation en vigueur.
«Sont exclues du transfert cité à l’alinéa 1er ci-dessus, les parcelles de terrains contenant des infrastructures occupées par les structures du ministère de la Défense nationale, définies conformément au plan annexé à l’original du présent décret», indique l’alinéa 2 de l’article 1 du décret signé par le Premier ministre, Mohamed Ennadir Larbaoui.