Plusieurs années d’avilissement ont fini par altérer définitivement certaines plages du littoral Est de la capitale.
A partir des Pins Maritimes jusqu’à Réghaïa, la majorité des plages qui faisaient autrefois le bonheur des Algérois sont devenues des endroits malfamés et pollués. Dans certaines parties du littoral, la dégradation et l’altération ont atteint des seuils de non-retour. En effet, il est difficile, voire impossible, de redonner à certaines plages leur éclat de naguère, tant le préjudice qu’elles ont subi est irréparable. Les pouvoirs publics se vantent au début de chaque saison estivale d’avoir autorisé à la baignade de nouvelles plages.
Prennent-ils en considération dans leur décompte les plages qui sont définitivement perdues ? Certainement pas. Cette démarche qui consiste à travestir la réalité par des semblants d’actions ne saurait être le pilastre d’une gestion efficace et réaliste. A Bordj El Bahri, une commune du littoral Est algérois, une plage était, il y a quelques années seulement, paradisiaque. La main dévastatrice de l’homme, soutenue par celle, non moins destructrice, des responsables de l’APC, ont fait que cette partie de la baie d’Alger devienne aussi salle et impure que les berges d’Oued El Hamiz. Les élus de l’APC de Bordj El Bahri ont toléré, des années durant, la construction d’un bidonville à même la plage.
Le sable fin a fini par disparaître complètement de ce rivage, laissant place à de vulgaires débris de maçonnerie et de ferrailles. «Coco Plage était dans les années 1980 une plage fréquentée par les estivants qui venaient de partout», témoigne un habitant de la commune. «Avec les déversements anarchiques des eaux usées, la plage est devenue très polluée. Plus personne ne fréquente la plage», poursuit-il.
Dans cette partie de la côte Est algéroise, des travaux d’aménagement ont été lancés sur une centaine de mètres. Cependant, les déversements des eaux usées n’ont pas cessé, car Oued El Hamiz, qui est un cours d’eau hautement pollué, finit son cheminement naturel dans la plage. Le site de baraquement a été éradiqué et les occupants ont été relogés. Néanmoins, l’extension effrénée du béton a acculé la plage dans ses derniers retranchements.
Dans certains endroits, seuls quelques mètres de distance séparent les dernières maisons du rivage. Les vagues de la mer viennent mourir sur les murs de ces habitations. Outre le problème que posait le bidonville, les eaux polluées de Oued El Hamiz ont aggravé l’avilissement de cette fraction du littoral de la capitale. «L’Oued charrie toutes sortes de pollutions, y compris des carcasses d’animaux, des eaux usées et des produits chimiques dont on ignore la provenance», confie un habitant de Coco Plage.
Par ailleurs, signalons que d’autres plages de du littoral Est ont disparu par la faute des autorités locales qui, à une certaine période, ont toléré la construction d’extensions d’habitations sur ces mêmes plages, ne laissant par endroits que des passages étroits. Cette situation prévaut particulièrement à Alger Plage, aux Ondines, à la Cigogne, etc., l’ouverture, donc, de trois ou quatre plages au public est loin de réparer tout le préjudice fait aux plages.