Plus de deux millions d’Algériens se sont rendus en Tunisie cette année. 7000 voitures algériennes en juillet et 12000 en août ont traversé la frontière, cela sans compter un nombre important de bus et de minibus. La Tunisie demeure la destination privilégiée des Algériens, malgré la hausse des prix dans les hôtels et les résidences. Sans oublier que plusieurs équipes de sport se rendent en Tunisie pour préparer leur saison.
Il suffit d’une baignade sur l’une des plages tunisiennes du Cap-Bon ou du Sahel ou une tournée dans les souks de Tunis ou ailleurs pour constater la forte présence des Algériens cet été en Tunisie, comme du temps d’avant la pandémie de la Covid. Quelques baignades sur la plage de la zone touristique de Hammamet Nord ont permis de les côtoyer.
Ceux-là ont sûrement mis les moyens puisqu’ils séjournent dans un hôtel où la chambre double se négocie à 300 euros la nuitée.
Une quarantenaire sétifienne dit être «dans la région pour la 3e semaine consécutive avec sa famille». Ils ont juste changé d’hôtel à la recherche de plus de quiétude. L’animation était, semble-t-il, un peu trop bruyante dans l’hôtel 5 étoiles dans lequel sa famille séjournait jusque-là. «Nous avons repris nos habitudes de l’avant-confinement, en faisant le déplacement en groupe à Hammamet, pour plus d’animation», raconte Khadidja, accompagnée de trois autres femmes de son âge.
Leurs maris nagent un peu plus loin, accompagnés d’un groupe d’adolescents et d’adolescentes. «Nous avons acquis cette habitude depuis plus de 10 ans ; nous préférons la région de Hammamet, très animée», explique la dame, plutôt branchée. Hamadi, un homme d’âge mûr, bien bronzé, assure la fonction d’agent de sauvetage sur la plage de l’hôtel.
Il lui arrive aussi de distribuer des serviettes aux clients. Il explique que les Algériens aiment cette zone à Hammamet-Nord, connue pour ses belles plages. «En ce moment, il y a une centaine d’Algériens à l’hôtel, entre nouveaux mariés en voyage de noces, familles avec des enfants adolescents ou, même, des célibataires à la recherche d’une âme sœur», raconte-t-il, en précisant que «les clients se transmettent le nom de l’hôtel pour cette vocation de quiétude».
«C’est clair qu’un segment des touristes algériens peut se payer ce luxe», ajoute-t-il. Cela veut dire que la Tunisie n’attire pas uniquement la classe moyenne algérienne. Le tourisme de luxe en Tunisie attire aussi certains Algériens.
Le soleil, la mer et les excursions à prix compétitifs
L’été 2023 a vu se développer un nouveau côté dans le tourisme algérien, en Tunisie. En effet, cela devient courant de croiser bus et minibus, immatriculés en Algérie, lors d’une traversée sur le segment Tunis-Hammamet-Sousse de l’autoroute longeant la côte tunisienne de Bizerte à Médenine.
Habitués à venir motorisés en Tunisie, depuis la nuit des temps, notamment à Tunis et dans les villes du Cap-bon (Nabeul, Hammamet, Kélibia et Haouaria) et du Sahel (Sousse, Monastir et Mahdia), l’arrivée des bus algériens montre clairement que l’activité est désormais plus organisée, de part et d’autre de la frontière, puisque les agences de voyages s’en mêlent et y trouvent leurs comptes.
«Je viens chaque semaine de Constantine avec un groupe de 40 personnes pour un séjour de 7 jours / 6 nuits à Monastir», explique le chauffeur Ali, rencontré le temps d’une pause à la station de Grombalia, 42 kilomètres loin de Tunis. «Le séjour comporte deux excursions à El Djem et Kairouan, en plus d’une tournée, le dernier jour, à Tunis et Sidi Boussaïd», précise-t-il.
Du côté des passagers, la satisfaction se lit sur les visages ; l’unique crainte, c’est la durée d’attente au niveau des frontières. «Je suis déjà angoissée par l’idée de passer plusieurs heures au poste frontalier, puisque c’est le grand retour des estivants», s’inquiète Fatiha, enseignante de 40 ans, venant de Sétif, accompagnée de ses deux filles.Pareilles excursions expliquent pourquoi ce ne sont plus les Européens qui occupent les plages des hôtels tunisiens en ce mois d’août 2023.
La hausse relative des prix de la destination Tunisie ne les a pas orientés vers la Turquie, l’Espagne ou l’Egypte. Les Algériens fuient donc la hausse des prix de l’aérien puisqu’il s’agit de familles entières, cherchant à bénéficier du soleil et de la mer. Fatiha a déboursé 180.000 DA pour son séjour avec ses deux filles, voyage par bus compris.
«J’ai, certes, dépensé autant pour des extras et des souvenirs. Mais, tout compte fait, 1600 euros ne me permettent d’aller nulle part, moi et mes filles», s’explique-t-elle, satisfaite de son choix. Pour sa part, Ali, Algérien motorisé rencontré lui-aussi lors de la même pause, s’est permis avec sa famille de louer un S+2 meublé à Khezama, à Sousse.
«Les prix des locations ont, certes, grimpé, surtout pour août. Mais, comme les proprios nous connaissent depuis des années, l’appartement ne nous a coûté que 800 euros pour les 15 jours», explique-t-il très satisfait de revivre l’expérience tunisienne. Ali, Fatiha et Khadija représentent des échantillons parmi les deux millions de touristes algériens entrés durant les huit premiers mois de cette année 2023 en Tunisie. Il n’y a pas à dire, la Tunisie représente, pour les Algériens, un choix basé à la fois sur le cœur et la raison.