Les saisies de cocaïne se multiplient en Algérie, mettant en évidence, à chaque fois, les implications transnationales d’un trafic en pleine expansion. La plus récente prise a été effectuée par les éléments de la Gendarmerie nationale de Laghouat en fin de semaine dernière : plus de 44 kg de drogues dures.
Aussi, les gendarmes ont arrêté une bande criminelle composée de sept individus, dont un de nationalité étrangère, a indiqué samedi un communiqué de ce corps de sécurité. Il s’agit d’un groupe criminel transnational spécialisé dans «le transport, le stockage et le trafic illicite de drogues sur l’ensemble du territoire national», a ajouté la même source.
L’opération a été menée «suite à la fouille d’un véhicule de tourisme par les éléments de la brigade régionale spécialisée dans la lutte contre la contrebande, relevant de la direction régionale des Douanes de Laghouat», lit-on dans le communiqué, précisant que le véhicule a été intercepté au niveau de la RN1 reliant les wilayas de Laghouat et Djelfa.
Les gendarmes ont approfondi alors l’enquête, après extension de la compétence à plusieurs wilayas du pays, ce qui leur a permis de localiser et d’arrêter les membres du réseau de narcotrafiquants. Cela a donné lieu à l’«arrestation des sept membres de la bande criminelle et la saisie de trois véhicules, de téléphones portables et de sommes d’argent en monnaie nationale et en devises», selon la même source. Les mis en cause sont déférés devant les juridictions compétentes pour «détention, transport, stockage et trafic illicite de drogues dures (cocaïne) en bande criminelle organisée transnationale».
Les coups de filet menés non-stop par les services de sécurité, notamment aux portes du désert, comme c’est le cas de Laghouat, démontrent l’énorme pression que les narcotrafiquants mettent pour inonder le marché national. Car, au vu de la quantité saisie, il s’agit de drogue destinée au marché local, même si les couloirs de transit restent actifs et continuent d’être approvisionnés à partir de pays du Sahel en proie à une instabilité politique chronique.
Preuve en est, cette saisie record de cocaïne menée le mercredi 10 juillet par les Douanes sénégalaises : 365,4 kg découverts à Koupentoum, localité à l’est du Sénégal, à bord d’un camion en provenance d’un pays «limitrophe», a indiqué un communiqué des Douanes. La localité de Koupentoum est située sur un axe routier menant au Mali et à la Gambie.
La drogue, contenue dans 338 plaquettes et d’une valeur de plus de 44 millions d’euros, était cachée sous le plateau du véhicule. Cette saisie de cocaïne est la troisième du genre réalisée depuis janvier par les Douanes sénégalaises à Koupentoum, pour un poids total de 721 kg.
Les quantités de drogue saisies ces derniers mois proviennent de pays voisins du Sénégal, notamment la Guinée, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Mali. La Marine sénégalaise avait intercepté en novembre 2023 trois tonnes de cocaïne sur un navire au large du littoral. Vers la mi-avril, les autorités sénégalaises ont saisi plus d’une tonne de cocaïne dissimulée dans des sachets et placée dans des sacs sur un camion près de la frontière avec le Mali.
La saisie, estimée à 146 millions de dollars, était la plus grande effectuée par le pays à l’intérieur de son territoire. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le trafic de drogue dans ces régions, jadis considérées comme des centres de transit pour les drogues en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe, est en hausse à cause de la demande locale et internationale.
A noter, en outre, les saisies de cocaïne sont montées en flèche au Sahel en 2022 : 13 kilos par an ont été saisis en moyenne entre 2015 et 2020, comparé à 1466 kilos en 2022, ce qui suggère l’existence d’un trafic de cocaïne à grande échelle.
L’ONU ne fournit pas d’estimation pour les saisies annuelles en 2023, mais elle signale que la Mauritanie a saisi 2,3 tonnes de cocaïne au cours des six premier mois de l’année. Les plus grandes saisies de cocaïne en 2022 ont eu lieu au Burkina Faso (488 kilos), au Mali (160 kilos) et au Niger (215 kilos), mais il est probable qu’une grande quantité de chargements de cocaïne n’a pas été détectée lorsqu’ils ont traversé la région, selon l’ONUDC.