Sahel : L’armée française poussée vers la sortie au Tchad et au Sénégal

30/11/2024 mis à jour: 09:36
1933

Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le Tchad a annoncé, avant-hier, mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris. Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a également indiqué, le même jour, que la France allait devoir fermer ses bases militaires dans son pays. 

Ces deux annonces  parachèvent la perte d’influence de l’armée française au Sahel. «Le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française», a indiqué le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, sur la page Facebook du ministère, quelques heures à peine après la visite de Jean-Noël Barrot, le chef de la diplomatie française. 

Le Tchad  est un maillon clé de la présence militaire française en Afrique, constituant le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. «La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté», avait relevé un peu plus tôt M. Koulamallah à l’issue une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française. 

Ce dernier,  qui était au Tchad, avant de rejoindre l’Ethiopie, n’avait toujours pas réagi à cette annonce, pas plus que le ministère des Armées. «Ce n’est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs», a assuré à l’AFP  Koulamallah, joint par téléphone, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français. « Le Tchad, conformément aux dispositions de l’accord, s’engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis», a précisé le communiqué ministériel, qui n’évoque pas de date de retrait des troupes françaises. Au Tchad, la décision a été  «prise après une analyse approfondie » et marque un «tournant historique», a souligné Koulamallah dans son communiqué. «Après 66 ans de la proclamation de la République du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales», a-t-il ajouté, assurant que la visite de Barrot avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales «à tous les niveaux».  

L’annonce du Tchad intervient alors que le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a également indiqué, dans un entretien à l’AFP, que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal. «Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de base militaire dans un pays souverain. Il n’y a que la France qui a une présence comme elle l’a au Sénégal», a-t-il lancé. 

«Soixante-cinq ans bientôt après notre indépendance, les autorités françaises doivent aussi envisager d’avoir un partenariat dépouillé de cette présence militaire là», a indiqué Bassirou Diomaye Faye. «Aujourd’hui, la Chine est notre premier partenaire commercial. Est-ce que la Chine a une présence militaire au Sénégal ? Non», a  abondé le président sénégalais, qui dit néanmoins souhaiter maintenir «un partenariat privilégié» avec Paris. 

Les annonces du Tchad et du Sénégal  s’inscrivent dans la continuité d’une profonde remise en cause de la présence française au Sahel, où son passé colonial a incité nombre de pays à partager l’idée d’une page à tourner. Déjà chassée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, la France voit sa présence militaire réduite à la portion congrue.  

Copyright 2024 . All Rights Reserved.