Saharidj (Bouira) : Les villageois veulent reconstruire Iwaquren

15/05/2022 mis à jour: 06:39
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La clôture des festivités de commémoration a connu une affluence record des citoyens

Des centaines de personnes ont afflué, vendredi passé, au village Ighzer Iwaquren, dans la commune de Saharidj, au nord-est de Bouira, pour assister à la clôture de la semaine culturelle de commémoration du 65e anniversaire de la destruction et incendie dudit village par l’armée coloniale. «Le comité du village avait concocté un riche programme comportant différentes activités culturelles, sportives, musicales, éducatives, etc., du 6 au 13 mai. 

Pour la clôture nous nous sommes rendus sur le site de Tala pour le dépôt d’une gerbe de fleurs à la mémoire des 45 moudjahidine tombés au champ d’honneur, lors d’une grande bataille qui s’est déroulée ici», dira Slimane Guemmati, membre du comité du village d’Ighzer Iwaquren et élu à l’APC de M’Chedallah. Tôt le matin, les chants patriotiques résonnaient au milieu des montagnes surplombant le village. Les premiers bus et voitures transportant les citoyens depuis la ville de Raffour, dans la commune de M’chedallah, commençaient à arriver. Vers 11h, les lieux étaient noirs de monde. Hommes, femmes, enfants et personnes âgés, tous venus au village de leurs ancêtres qui se sont sacrifiés pour l’indépendance de l’Algérie. 

Un village dont la population avait été déportée par l’armée coloniale, dispersée, puis regroupée dans un camp de concentration connu sous le nom de «Camp de toile», actuellement Raffour. Tous ceux qui ont pris part à la clôture des festivités ont été conviés à une waâda ou festin collectif autour des plats de couscous préparés soigneusement à l’occasion. Les présents ont eu aussi droit à une chorale, une pièce théâtrale et de la poésie dont les thématiques sont liées à l’évènement. 
L’indispensable soutien de l’État 
 

Plus de soixante ans après le douloureux souvenir de la barbarie coloniale, les petits-enfants des maquisards ont décidé de redonner une seconde vie à leur village en ruine. Une grande opération de réhabilitation du village a été lancée, il y a deux ans de cela, par Agraw Tigemmi n Iwaquren ou le Collectif du patrimoine d’Iwaquren. Ainsi, plusieurs ruelles ont été nettoyées et bétonnées, et des canalisations pour acheminer les eaux des sources ont été posées. Cependant, la tâche n’a pas été facile. 
 

Les villageois qui ont décidé de regagner leurs terrains ont souvent réclamé un soutien de l’Etat, mais qui tarde à voir le jour. Ighzer Iwaquren est connu aussi pour son énorme potentiel en agriculture de montagne et l’abondance de la ressource hydrique. Des dizaines de vergers toujours verdoyants, constitués de différentes espèces d’arbres fruitiers, couvrent de larges superficies. «Trois ex-walis ayant effectué des visites dans notre village nous ont promis l’aménagement de la piste d’une quinzaine de kilomètres et d’autres projets. Malheureusement, les promesses sont restées lettre morte. En outre, notre village n’a bénéficié d’aucuns des projets destinés aux zones d’ombre», déplore notre interlocuteur. 
 

Le tourisme de montagne est un autre volet à développer. Plusieurs propriétaires d’anciennes bâtisses à Ighzer Iwaquren ont décidé d’investir ce créneau, et ce, en transformant leurs habitations en gîtes touristiques. Cependant, le flou demeure sur les procédures administratives à suivre, confie Tarik Daou, membre du comité du village. «Nous appelons tous les villageois désirant investir dans ce créneau à se rapprocher des services de l’APC de Saharidj, afin de s’informer davantage sur les démarches à entreprendre.»  
 

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