Le parti au pouvoir au Rwanda, le Front patriotique rwandais (FPR), a désigné samedi le président du pays Paul Kagame comme son candidat à l’élection présidentielle du 15 juillet, pour un probable quatrième mandat de sept ans.
Le FPR a indiqué l’avoir élu, sans opposition, lors d’un congrès qui s’est terminé samedi. Paul Kagame, 66 ans, dirige le Rwanda d’une main de fer depuis le milieu des années 1990 et a remporté la présidence, à chaque fois avec plus de 90% des voix, lors des élections de 2003, 2010 et 2017. Il a déclaré avoir accepté la nomination, mais en demandant au FPR de préparer la transition après lui. «Le fardeau de la responsabilité de diriger notre pays peut être considéré comme une fonction d’absorbeur des chocs, compte tenu des défis auxquels nous sommes confrontés quotidiennement. Cela requiert un bon état d’esprit», a-t-il déclaré. «J’accepte ce fardeau de responsabilité, mais en faisant un appel à trouver quelqu’un pour me relever de cette responsabilité», a-t-il ajouté.
Un seul candidat s’est pour l’instant déclaré face à M. Kagame pour la présidentielle : Frank Habineza, le chef du Parti démocratique vert, formation d’opposition autorisée par le pouvoir. Député de 47 ans, ce dernier avait obtenu 0,45% des voix à la présidentielle de 2017, arrivant en troisième et dernière position de ce scrutin critiqué par des associations de défense des droits pour des irrégularités et des intimidations à l’encontre des électeurs. L’autre concurrente possible de M. Kagame, Victoire Ingabire, leader du mouvement non autorisé Dalfa Umurunzi (Développement et liberté pour tous), est à ce stade exclue de la course à la présidentielle en raison d’une condamnation antérieure. Une décision de justice, prévue le 13 mars, dira si elle est autorisée ou non à se présenter à la présidentielle.
Le Rwanda prévoit ses élections présidentielle et législatives le 15 juillet, conformément à une décision l’an dernier du gouvernement d’organiser ces scrutins à la même date. Vingt-quatre femmes parlementaires, deux représentants des jeunes et un représentant des Rwandais souffrant de handicaps seront par ailleurs choisis par des collèges et comités électoraux le 16 juillet.
Les candidats pourront faire campagne du 22 juin au 12 juillet, selon la commission électorale. Le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais plusieurs groupes de défense des droits humains accusent M. Kagame de le diriger dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression. Ancien chef rebelle, M. Kagame est devenu président en avril 2000 mais il est de facto le leader du pays depuis la fin du génocide de 1994. Il a fait adopter en 2015 des amendements constitutionnels controversés qui lui ont alors permis de briguer de nouveaux mandats et de rester au pouvoir jusqu’en 2034.