Rue larbi ben m’hidi à Constantine : La grande anarchie en plein centre-ville

21/08/2023 mis à jour: 00:05
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En une phrase, les lieux se clochardisent ! - Photo : El Watan

Il est devenu impossible de circuler sur cette artère, à pied ou en voiture, sans être choqué par la mauvaise image donnée de la ville.

Réalisée par les Français à partir de 1865, et considérée comme l’une des artères principales et emblématiques de la ville du Vieux Rocher, la rue Larbi Ben M’hidi, communément connue par Trik Djedida (la route nouvelle) connaît une dégradation sans précédent, à travers laquelle s’expriment l’anarchie et la démission des autorités locales.

Le visiteur est choqué dès l’entrée de cette rue historique, par les dizaines des vendeurs illicites qui occupent les lieux en toute  impunité, gênant la circulation routière et celle des piétons. Tout se vend sur place, des pulls, des pantalons, des chaussures, des bibelots et de vieux tableaux. Selon les témoignages recueillis, il s’agit des commerçants du fameux «remblai».

Après avoir été délogés par les autorités, ces vendeurs ont décidé de squatter cette artère. «Ces vendeurs causent d’énormes nuisances aux clients des deux hôtels situés à l’entrée, mais aussi aux commerçants, habitants du centre-ville, touristes, visiteurs et aux automobilistes. Ils dérangent tout le monde, sauf les autorités locales», fulmine un habitant.

Des propriétaires de magasins affirment avoir saisi, verbalement, les autorités locales, à leur tête la municipalité, mais en vain. Ils se sont même regroupés pour protester, il y a quelques mois, devant le cabinet du wali et dénoncer ce qui se passe dans cette rue.

Mais, selon leurs témoignages, ces commerçants réglementaires en ont été empêchés par les services de sécurité et ceux de la commune, leur promettant toutefois de mettre un terme à ce phénomène.

Chose promise, chose due. Les vendeurs illicites ont disparu de la scène durant quelques jours avant de revenir à la charge en force. Les commerçants des locaux qualifient ces squatteurs de la voie publique «de voyous» qui créent un climat d’insécurité, de harcèlement, et de vols à la tire.

Cela, en dépit des patrouilles de police, postés sur la place du 1er Novembre. «Apparemment l’ordre public est l’une des prérogatives de la commune. À chaque fois qu’on parle avec les policiers, ils nous répondent qu’ils agissent suite à une décision de la mairie», ajoutent des témoins.

Un projet de réhabilitation critiqué

En avançant de quelques pas, l’état de cette rue, réhabilitée récemment, est de plus en plus déplorable. La dégradation de la chaussée et des trottoirs, qui sont complètement impraticables, n’a fait qu’exacerber la colère des habitants et des commerçants. «Je commencerai d’abord par le plus récent projet de réhabilitation de la route achevé en mars dernier.

L’entreprise a été engagée pour refaire les réseaux d’alimentation en eau potable et d’assainissement ainsi que le bitume. Cela sans prendre en considération les trottoirs qui connaissent des dégradations flagrantes chaque jour davantage.

Ce constat est signalé depuis 2014. Ces trottoirs ont été encore massacrés par ces travaux de réhabilitation», martèle un commerçant, dont le magasin est situé sur le côté gauche de la rue Larbi Ben M’hidi, en face de la Grande Mosquée.

Et de poursuivre, en montrant du doigt l’état des lieux, que les gouttières des immeubles ont été également endommagées par les engins sans être réparées. Un fait qui leur a causé de nombreux préjudices.

Notre interlocuteur affirme que les dégâts des gouttières ont été réparés avec leurs propres moyens. Pis encore, de légers débuts d’affaissements ont été constatés sur la route aménagée, il y a quelques mois.

S’agit-il de travaux bâclés ou d’un réseau d’assainissement défectueux ? «Le projet de réhabilitation est à vérifier. Je vous jure que ça ne va pas durer encore plus», lance un des commerçants interrogés. Le problème de stationnement taraude également les commerçants, qui soulèvent l’absence d’un plan de circulation sur cette route.

Un des riverains évoque la suppression de la plaque de signalisation à l’entrée de cette rue, où parfois les automobilistes occupent les deux côtés et osent même monter sur les trottoirs un peu plus bas, à proximité du lycée Soumia.

Pourtant, une plaque d’interdiction de stationnement est visible sur le mur de l’école primaire Haddad Akila. Tous les témoignages recueillis fustigent les autorités locales, de par leur démission favorisant la dégradation du cadre de vie au centre-ville de l’antique Cirta.

«Je dirai que c’est la rue la plus importante à Constantine, vu sa longueur. Elle relie la place du 1er novembre à la gare ferroviaire à Bab El Kantara. Historiquement c’est la première route tracée et réalisée par les Français après l’occupation de la ville.

En plus, elle passe par le Grand hôtel et l’hôtel de Paris, la Grande Mosquée, le pont Mellah Slimane, la Medersa arrivant jusqu’au pont de Bab El Kantara», a regretté un des citoyens. Le phénomène de la mendicité, constaté en force dans cette rue, provoque la colère des commerçants.

Certains soulignent qu’ils reçoivent quotidiennement une vingtaine jusqu’à une trentaine de mendiants par jour. «Ils sont parfois plus nombreux que les clients. Cela est un signe du Tiers Monde. Ce genre d’images ne doit pas être accepté sur les artères principales d’une grande ville, qui veut promouvoir son tourisme.

Cela fait fuir les clients et les touristes, c’est un signe d’insécurité. La passivité des autorités a dépassé les limites», martèle un des commerçants. Que fait le maire, que fait le wali, que font les services de la sûreté de wilaya ?

Des répercussions économiques

Certains habitants de cette rue expliquent que la dégradation d’une artère principale dans une ville à haute fréquentation par la population peut avoir des conséquences néfastes sur la vie urbaine. En plus de causer des désagréments immédiats, tels que les embouteillages, cette dégradation peut avoir des répercussions économiques, environnementales et sociales.

Les commerces peuvent également être affectés par une baisse de l’activité réglementaire et la prolifération de l’informel. Cela peut mener à des pertes d’emplois et surtout à une diminution des recettes fiscales pour la municipalité, qui cherche des sources de financement. Sur le plan environnemental, toute cette anarchie peut impacter de manière directe l’environnement ainsi que la santé publique.

Du point de vue social, nos interlocuteurs soulèvent une régression socioéconomique accrue. Ils ont exprimé un sentiment d’abandon de la part des autorités municipales et de wilaya, affectant leur confiance dans la gestion de la ville. Une gestion proactive et une planification adéquate sont essentielles pour atténuer ces effets néfastes et garantir le bien-être des habitants de la ville.                                                                                             
 

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